Lettre d’information n° 61. Janvier 2025.
LA LETTRE D’INFORMATION
sur les relations franco-allemandes et l’Allemagne
N° 61. Janvier 2025.
Responsable de la rédaction : Bernard Viale.
Délégué à la « Communication ».
Le mot du Président
Chers membres de l’AFDMA, chers amis,
Le Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) vient de fêter ses 70 ans. Il a organisé à l’Ifri un très intéressant séminaire ayant pour thème : « 70 ans de relation franco-allemandes : entre héritage et défis d’avenir ». Ouvert par Thierry de Montbrial, président de l’Ifri, c’est son Excellence monsieur Stephan Steinlein, ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne en France qui a introduit les tables rondes. Notre déléguée régionale pour l’Ile-de-France, Hélène Miard-Delacroix a fait une intervention particulièrement suivie.
Nos deux pays traversent des turbulences politiques. La nomination d’un nouveau gouvernement en France, le 4ème en 2024, et l’éclatement de la coalition avec des élections législatives en Allemagne en février prochain compliquent la coopération franco-allemande. Les « lignes rouges » se multiplient et ne laissent pas augurer d’une résolution rapide des différends et encore moins d’un nouvel élan coopératif.
De plus, les évènements récents, ceux de Nouvelle Calédonie et de Mayotte pour la France et l’attentat de Magdebourg pour l’Allemagne, sont venus « alourdir » la vie politique en France et en Allemagne. A l’international, les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient, avec la nouvelle situation en Syrie, et l’élection du Président des Etats-Unis nécessiteraient une coordination renforcée…
Des doutes ont été récemment émis sur la réalisation de grands projets, en partie en raison de l’état des finances publiques dans nos deux pays. Les divergences d’intérêt apparaissent alors avec beaucoup plus d’acuité.
La raison d’être de l’AFDMA est d’aider à mieux nous comprendre, à expliquer l’Allemagne dans nos cercles d’influence. Nous savons tous que nos deux pays sont différents. D’où l’importance de mieux se comprendre pour surmonter nos différences et être des passeurs entre nos deux pays.
Pour 2025, restons optimistes et gardons notre confiance à tous ceux et celles, à tous les niveaux, qui font vivre cette coopération et l’amitié entre nos deux pays.
A vous et à tous ceux qui vous sont chers, je vous adresse mes meilleurs vœux de bonne santé, de bonheur et de réussite de vos projets en 2025.
Général (2S) Bertrand Louis Pflimlin
Président
Sommaire :
Le mot du Président.
– Publications: La fin de la coalition „feu tricolore“ – vers des élections anticipées le 23 février 2025. Les évolutions du paysage politique en Allemagne. Par Jérôme Vaillant.
– L’Europe saura-t’elle faire face ? Par Cyrille Schott.
– Travail de mémoire, par Gérard Foussier, à l’occasion de l’exposition « Après Hitler, les débats allemands sur le national-socialisme » à Bonn.
– Sommaire d’Allemagne d’aujourd’hui n° 250.
– Les manifestations franco-allemandes :
-Exposition « Aufarbeitung – La RDA et le travail de mémoire ».
– Petit déjeuner-débat « ce qui fait bouger l’Allemagne ».
– Prix franco-allemand des Droits de l’Homme et de l’Etat de Droit.
Le TGV, nouveau trait d’union entre Paris et Berlin
– La vie de l’AFDMA :
Les Prix de l’AFDMA
Disparitions : Pr. Jean David et Alain Sauval
Publications
Durant les mois passés, nous avons publié un certain nombre d’articles sur notre site internet www.afdma.fr que nous ne reprenons pas dans cette « Lettre d’information ». Vous les retrouverez en page d’accueil dans le « carrousel d’articles d’actualité » ou « En direct du franco-allemand ».
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La fin de la coalition « feu tricolore ». Vers des élections anticipées le 23 février 2025.
Les évolutions du paysage politique en Allemagne
Par Jérôme Vaillant
La crise gouvernementale
La coalition « feu tricolore » au pouvoir à Berlin battait sérieusement de l’aile depuis des mois en raison des dissensions affichées ouvertement entre ses trois composantes, les Sociaux-démocrates du chancelier Scholz, les Verts dont les figures de proue étaient Robert Habeck, ministre de l’Économie, et Annalena Baerbock, ministre des Affaires étrangères, et les Libéraux de Christian Lindner, ministre des Finances. Le reproche était régulièrement fait au chancelier de ne pas faire suffisamment usage de son droit constitutionnel à « déterminer les lignes de la politique » pour mettre un terme aux différends qui opposaient Verts et Libéraux mais également les Sociaux-démocrates sur les questions de financement de la transition énergétique et de la protection de l’environnement, globalement sur la politique budgétaire avec la question du frein à l’endettement[1]. C’est la parfaite illustration du fait qu’il ne suffit pas de disposer d’un droit pour s’imposer. C’est affaire de tempérament personnel mais avant tout la conséquence du fait que dans une coalition à deux et, à plus forte raison, à trois le chancelier est d’abord un coordinateur entre les partis qui la composent[2].
L’affichage public de ces différends avait de quoi étonner si l’on se rappelle que, conscients de leurs différences, Verts et Libéraux s’étaient fin 2021 concertés dans la plus grande discrétion pour vérifier s’ils étaient capables de s’entendre avant de s’associer pour gouverner avec le SPD, sorti étonnamment vainqueur, même si c’était de justesse, des élections fédérales du 26 septembre 2021[3]. La crise a été exacerbée par la décision du Tribunal constitutionnel fédéral du 15 novembre 2023[4] annulant la loi rectificative du budget 2021. Les Chrétiens-démocrates avaient saisi le tribunal fédéral constitutionnel parce qu’ils estimaient anticonstitutionnel un redéploiement des ressources financières de l’État consistant à affecter des réserves non utilisées, constituées pour combattre la pandémie du covid 19, à un Fonds fédéral dédié au climat et à l’énergie. La décision provoquait un trou de 60 milliards d’euros dans le budget fédéral et obligeait la coalition tricolore à revoir sa copie dans le domaine où les différends entre ses composantes étaient les plus forts, la rigueur budgétaire et le respect du « frein constitutionnel à l’endettement » faisant partie des chevaux de bataille du FDP – qui n’avait pas réclamé pour rien la direction du ministère des Finances, Christian Lindner succédant ainsi en 2021 à Olaf Scholz dont c’était le ressort dans la grande coalition précédente.
Mais ce qui a mis le feu aux poudres au début du mois de novembre 2024, c’est le « papier de politique économique »[5] dans lequel Christian Lindner réclame de ses… partenaires « un changement de politique économique pour favoriser la croissance et l’équité entre les générations », demandant, entre autres choses, de reporter à plus tard les objectifs poursuivis dans le domaine de la protection du climat et de limiter les dépenses sociales. Ce faisant, il se mettait en contradiction avec l’accord de la coalition tricolore sur la croissance du mois de juillet précédent. Ce ne pouvait être perçu par le SPD et les Verts que comme une « provocation »[6] alors que siégeait le comité de suivi de la coalition gouvernementale. Des participants à ce comité de suivi ont dit ultérieurement que la rupture aurait pu être évitée. Peut-être ? Qui d’Olaf Scholz ou de Christian Lindner a voulu délibérément provoquer cette rupture n’a pas été entièrement clarifié. C. Lindner ne pouvait, en tous cas, ignorer que son « papier » allait rappeler celui du Comte Lambsforff, alors également ministre fédéral des Finances, qui mit fin en novembre 1982 à la coalition sociale-libérale conduite par le chancelier Helmut Schmidt (SPD), renversé peu après par Helmut Kohl bénéficiant par le « vote de défiance constructif » déposé contre celui-ci, du soutien du FDP faisant désormais alliance avec les Chrétiens-démocrates[7].
Le 6 novembre, Olaf Scholz renvoie son ministre des Finances l’accusant le soir même à la télévision d’avoir « trahi sa confiance ». Les autres ministres libéraux quittent le gouvernement en signe de solidarité avec lui, sauf Volker Wissing, ministre des Transports et du Numérique qui quitte le FDP pour rester au gouvernement – désormais minoritaire SPD-Verts d’Olaf Scholz. Sous la pression chrétienne-démocrate, celui-ci annonce qu’il posera la question de confiance devant le Bundestag le 16 décembre en vue de provoquer des élections anticipées le 23 février 2025. D’ici là O. Scholz espère faire passer quelques lois peu controversées, mais le leader de l’opposition, Friedrich Merz, n’a pas l’intention de lui dérouler à cet effet le tapis rouge. Il a d’ailleurs obligé le chancelier à avancer de plusieurs semaines la date à laquelle poser la question de confiance au Bundestag, son rejet permettant ensuite au Président fédéral, la convocation d’élections anticipées[8].
Les effets de l’annonce d’élections anticipées sur le paysage politique en Allemagne
L’annonce d’élections anticipées a changé la donne et sensiblement modifié les pronostics pour les élections fédérales à venir et peut-être simplifié le jeu des coalitions possibles alors que l’émergence du nouveau parti de Sahra Wagenknecht, la BSW (Bündnis Sahra Wagenknecht) aurait pu permettre à ce parti de jouer un rôle d’appoint. Les perspectives ont, en effet, changé pour la BSW, qui a connu une vigoureuse ascension depuis sa création en début d’année tant par ses résultats dans les Länder de l’Est que dans les pronostics pour les élections fédérales. La BSW était alors créditée d’intentions de vote largement supérieures au seuil de 5 % en dessous duquel un parti n’est pas représenté au Bundestag. Lors des élections régionales en Saxe et en Thuringe (le 1er septembre) et dans le Brandebourg (le 22 septembre 2024), la BSW était apparue comme un parti incontournable pour la formation de gouvernements régionaux. Elle avait obtenu 11,8 % des voix en Saxe, 15,8 % en Thuringe et 13,5 % dans Le Brandebourg. S. Wagenknecht souhaitait imprimer sa marque à la politique tant intérieure qu’extérieure de l’Allemagne, ce qui l’avait amenée à introduire des revendications de politique étrangère dans les négociations dans ces Länder alors que cela ne correspond pas à leur domaine de compétences.
Malgré les 32,8 % de l’AfD arrivée nettement en première position, CDU (23,6 %), BSW (15,8 %) et SPD (6,1 %) ont trouvé un terrain d’entente en Thuringe pour former un gouvernement de coalition sous la direction de Mario Voigt (CDU)[9]. De même dans le Brandebourg où SPD (30,9 %) et BSW (13,5 %)[10] disposent de 46 des 88 sièges au parlement de Potsdam. Ils devraient élire ensemble le ministre-président sortant Dietmar Woidke (SPD) à la tête du nouveau gouvernement régional. Dans les deux Länder, l’accord s’est fait après acceptation par la CDU et le SPD de préambules se référant à la charte des Nations Unies pour parvenir à une paix durable en Ukraine (sans recourir au stationnement de fusées de portée intermédiaires en Allemagne) tout en se situant dans la double tradition de l’intégration occidentale du pays et de sa Ostpolitik[11]. En Saxe par contre, la CDU de Dietmar Kretschmer qui négociait dans le cadre de rencontres exploratoires la formation d’une coalition associant la BSW à son parti et au SPD (coalition dite aux couleurs de la mûre, Brombeerkoalition) a renoncé au compromis réclamé par la BSW pour privilégier la formation d’un gouvernement minoritaire avec le SPD. Au centre du désaccord la façon de parvenir à la paix en Ukraine, la politique migratoire et la politique budgétaire[12]. Les résultats de ces élections régionales sont publiés en annexe de cet éditorial.
Au niveau fédéral, la BSW ne peut être assurée de dépasser les 5 % pour entrer au Bundestag, créditée qu’elle est, selon les sondages de fin novembre, de 4 % (Forsa) à nouvellement 8 % (INSA) des intentions de vote. La BSW perd de son aura d’un parti qui se veut, d’une part social et pacifiste, un domaine que cherche à reconquérir le SPD, et est d’autre part un parti populiste anti-immigration où elle est en concurrence ouverte avec l’AfD.
L’avenir parlementaire de Die Linke pourrait sembler déjà réglé, n’étant crédité que de 3 à 4 % des voix tout au long du mois de novembre 2024. Mais dans la législature précédente, bien que n’ayant décroché que 4,9 % des voix il avait obtenu un nombre de députés proportionnel à ce résultat (39 au total) parce qu’il avait en Allemagne de l’Est remporté trois mandats directs dans les circonscriptions électorales de Berlin-Lichtenberg, Treptow-Köpenick et Leipzig. Au titre de ce qu’on appelle en Allemagne Grundmandatsklausel, une disposition que le Bundestag avait supprimée lors de la réforme du mode de scrutin (cf. infra) et qui a été rétablie par le Tribunal fédéral constitutionnel à l’été 2024. Die Linke avait porté plainte tout comme la CSU bavaroise, parti régional dont le pourcentage de voix rapporté au niveau fédéral est seulement légèrement supérieur à 5 % alors que le parti remporte facilement un grand nombre de circonscriptions. Dietmar Bartsch, co-président du groupe parlementaire au Bundestag, Bodo Ramelow, ministre-président sortant de Thuringe, et Gregor Gysi, ancien président du parti, tous trois d’un âge honorable, comptent sur une opération de campagne électorale qu’ils désignent non sans humour « Projekt Silberlocke » (projet « sapin de Corée » certes mais aussi « cheveux grisonnants ») pour gagner à nouveau au moins trois mandats directs en 2025[13].
La situation n’est pas beaucoup plus favorable pour le FDP qui toutefois, après un passage à vide largement lié à la rupture de la coalition tricolore, relève la tête fin novembre, avoisinant les 5 % mais cela ne représente pas une garantie de survie pour lui. Il ne s’agit encore que d’indications de tendance. Ce tableau sur les intentions de vote des électeurs allemands dans la perspective des élections fédérales à venir fait apparaître par ailleurs la stabilisation d’un Bundestag à 5, au maximum 6 partis, la CDU/CSU arrivant largement en tête, devant l’AfD qui confirme sa position de 2e parti devant le SPD et les Verts, la BSW venant en fin de file comme le FDP. D’autres sondages sur le site Dawum[14] confirment, à quelques nuances près, ces tendances.
L’AfD est actuellement bien ancrée dans le paysage politique allemand. Mais les règles édictées par les autres partis qui seront représentés au Bundestag ne l’assurent pas d’avoir un rôle à jouer lors de la formation de coalitions quand bien même la présidente de son groupe parlementaire au Bundestag et vraisemblable directrice de campagne pour les élections de 2025, Alice Weidel, afficherait son souci d’en faire un parti de gouvernement.
Les règles d’incompatibilité entre partis
Tous les partis représentés au Bundestag, autres que l’AfD, sont au niveau fédéral d’accord pour ne pas accepter de former une coalition avec elle qui est perçue comme n’appartenant pas à ce qu’on appellerait en France l’« arc républicain » et jugée antidémocratique même si des accords peuvent avoir lieu au plan local et des compromissions au niveau d’un Land pourrir l’atmosphère comme ce fut le cas en Thuringe après les élections régionales d’octobre 2019[15]. À la veille des élections de l’automne 2024 en Saxe, Thuringe et Brandebourg, la CDU a réaffirmé par la voix de son président fédéral, Friedrich Merz, que toute coopération avec l’AfD était exclue (Unvereinbarkeitsbeschluss). Cette disposition votée en son temps par le congrès fédéral de la CDU vise également Die Linke[16], mais ne rencontre pas l’adhésion de toutes les fédérations régionales chrétiennes-démocrates. Ainsi le ministre-président du Schleswig-Holstein, Daniel Günther, estime que dans les Länder de l’Est la CDU devrait faire preuve de davantage de souplesse à son égard. À noter que la CDU ne s’est pas exprimée aussi clairement à propos de la BSW, ce qui a facilité la formation d’une coalition CDU-SPD-BSW en Thuringe sous la direction de M. Voigt (CDU).
Le SPD ostracise de la même façon l’AfD mais pas Die Linke, parti avec lequel il a gouverné dans différents Länder, comme Berlin de 2016 à 2023, il gouverne actuellement avec lui dans le Mecklembourg-Poméranie-occidentale et Brême. Dans le Brandebourg la coalition en cours de formation entre SPD et BSW prévoit de ne jamais voter avec l’opposition, sauf exception justifiée pour le BSW[17].
La réforme du droit électoral
Rappelons que le mode de scrutin allemand est une proportionnelle personnalisée à un seul tour qui met à la disposition des électeurs deux voix de valeur distincte : par la première l’électeur allemand vote pour un député dans sa circonscription, ce qui personnalise le scrutin par ailleurs plus anonyme de liste ; par la seconde il vote pour un parti, qui présente dans chaque Land des listes électorales. La répartition des mandats se fait uniquement en fonction des suffrages recueillis par les partis au titre de la seconde voix (d’où le rappel en période électorale que « c’est la deuxième voix qui compte »), la liste finale incluant les mandats obtenus directement dans les circonscriptions. Pour éviter un fractionnement excessif du système des partis a été introduite la clause des 5 %, barre en dessous de laquelle un parti n’est pas représenté au Bundestag, un parti devant avoir obtenu au moins 5 % des suffrages au niveau fédéral et non pas au niveau de chacun des Länder.
Une inévitable concurrence entre première et deuxième voix provient de ce qu’un parti peut remporter dans un Land plus de mandats directs que la deuxième voix ne lui en attribue au total, le risque étant d’autant plus grand d’une disparité entre les deux voix qu’une circonscription est gagnée, elle, à la majorité simple. La loi prévoyant qu’il y a 299 circonscriptions électorales fixait de ce fait jusqu’à maintenant le nombre habituel des députés à 598. Dans un souci d’équilibre et d’équité électorale (chaque voix doit avoir la même valeur et la même influence sur le résultat final) au nombre des mandats supplémentaires (Überhangmandate) engendrés par un plus grand nombre de mandats directs que de mandats attribués au titre de la 2e voix ont été ajoutés des mandats complémentaires d’équilibre (Ausgleichmandate). Cela a eu pour effet que d’un scrutin à l’autre le nombre total de députés que comptait le Bundestag a varié, passant ainsi de 598 en 1996 à 631 en 2013 puis à 736 en 2021. Cette année-là le nombre des mandats supplémentaires était en début de législature de 34 et celui des mandats complémentaires de 104[18].
La réforme électorale pour réduire le nombre des députés au Bundestag a été adoptée le 17 mars 2023 par 399 voix favorables venant du SPD, des Verts et du FDP ainsi que de 3 députés AfD et d’un sans étiquette. Les votes négatifs provenaient de la CDU/CSU, de l’AfD et de Die Linke auxquels se sont ajoutés deux voix du SPD et 3 sans étiquette. Elle va s’appliquer pour la première fois lors des élections anticipées de février 2025. Cette réforme fixe durablement le nombre légal de députés au Bundestag à 630 sans modifier le nombre de circonscriptions électorales qui reste donc de 299. L’essentiel de la réforme, controversée et qui n’est pas évidente pour tout le monde, consiste à supprimer les mandats supplémentaires et complémentaires. Cela a pour effet que pour le cas où un parti n’a droit qu’à un nombre de mandats inférieur à la somme totale de ses mandats directs dans un Land, un élu direct dans sa circonscription n’est plus assuré d’être représenté au Bundestag. Pour limiter cet effet pervers qui fait qu’un élu ne l’est plus, le nombre des députés par Land a été relevé de 598 à 630 en fonction du nombre de ses électeurs[19].
L’ensemble des nouvelles dispositions adoptées montre que le législateur allemand a insisté sur le respect du mode de scrutin à la proportionnelle et privilégié le respect du rapport de forces issu de la 2e voix au détriment du respect du vote dans les circonscriptions à la majorité simple. Pourtant le vote à la majorité simple dans les circonscriptions a récupéré de l’importance puisque le Tribunal fédéral constitutionnel a rétabli la disposition permettant à un parti ayant obtenu moins de 5 % des suffrages mais au moins trois mandats directs d’être représenté au Bundestag. Il y avait là une question d’opportunité tant il pouvait sembler à la CSU que les autres partis travaillaient à son évincement et à Die Linke, à sa disparition. La clause des 5 % était lors des débats sur l’équité électorale sur la sellette. Le sujet pourrait revenir sur le devant de la scène si davantage de partis qu’avant échouaient à être représentés au Bundestag, cette barre étant devenue trop difficile à prendre pour un nombre croissant de petites formations politiques. Gageons qu’avec la réforme électorale de 2023 l’Allemagne n’est pas déjà arrivée au bout de ses peines.
Cette réforme, toutefois, ne devrait pas avoir d’influence majeure sur les résultats des élections anticipées de février 2025 mais peut-être sur les conséquences de ces résultats. En effet, moins de partis sont représentés au Bundestag et c’est autant de gagné pour les autres partis pour lesquels la majorité des sièges pour faire élire le chancelier n’est plus à 50 % mais à 48 % voire 46 % et moins. Qu’en sera-t-il si le FDP et la BSW passent tous deux sous la barre des 5 % ? C’est presque 10 % des voix qui ne seront pas représentés au Bundestag et qui ne participeront pas à la formation d’un gouvernement de coalition, d’autant plus que 6 à 7 % des électeurs donneraient leur voix à des micro-partis n’ayant aucune chance d’entrer au Bundestag.
Quel champ des possibles ?
Au terme de ce rapide survol des évolutions du paysage politique allemand sur fond d’évolutions du cadre juridique et politique, il apparaît que les élections anticipées pourraient bien réduire le champ des possibles en Allemagne et limiter les choix de coalition en favorisant le retour à une grande coalition CDU/CSU-SPD conduite par la CDU. Après leur déconvenue dans le cadre la coalition « feu tricolore » les Verts pourraient-ils, si leur score devait le leur permettre, s’associer aux Chrétiens-démocrates sans être passés par une période de carence et de régénération, comme en son temps le FDP quand celui-ci est passé de la CDU/CSU au SPD dans les années 1966-69 ? Une chose semble acquise : nous nous demandions s’il était possible de gouverner à trois, nous espérions que cette expérience serait intéressante à observer tout comme cela aurait été le cas pour une coalition aux couleurs de la Jamaïque, quatre ans plus tôt, qui aurait permis de vérifier ce que pouvaient faire ensemble CDU/CSU, Verts et Libéraux. Mais en 2017 le FDP avait rompu les pourparlers préférant « ne pas gouverner que mal gouverner ». Le FDP, qui, des décennies durant, a été la force d’appoint des deux autres grands partis dans un système qui n’en connaissait que trois (1953-1982 et quasiment jusqu’à la fin de l’ère Kohl en 1998), a beaucoup à perdre en réputation.
La tentative de gouverner à trois au niveau fédéral a dans le cas de la coalition « feu tricolore » tourné court, c’est indiscutablement un échec. L’expérience ne pourra pas être ignorée à l’avenir. Lors de la remise aux ministres libéraux de leur lettre de renvoi le 7 novembre dernier, le Président fédéral, Frank-Walter Steinmeier, a constaté laconiquement qu’au début de la coalition ceux-ci s’étaient convaincus « qu’ils avaient eu raison de saisir la chance de façonner la politique de notre pays et de poser des jalons pour l’avenir […] pourtant, des circonstances peuvent conduire à la fin prématurée d’une coalition gouvernementale : c’est le cas lorsque les divergences de vues entre les partenaires deviennent si importantes qu’elles ne peuvent plus être surmontées. C’est apparemment le point auquel vous êtes parvenus hier. »
Jérôme Vaillant, prof. em. de civilisation allemande de l’Université de Lille. Rédacteur en chef de la revue « Allemagne d’aujourd’hui ». Délégué régional des l’AFDMA pour les Hauts-de-France.
[1]. Le « frein à l’endettement » (Schuldenbremse) a été introduit en 2009 dans la constitution allemande. Pour l’essentiel il oblige l’État fédéral comme les Länder de présenter des budgets équilibrés sans recours à l’emprunt. Concrètement, la loi prévoit depuis 2016 que le nouvel endettement de l’État ne doit pas dépasser 0,35 % du PIB, soit actuellement environ 9 milliards d’euros. Des exceptions sont cependant possibles pour ne pas empêcher les investissements nécessaires pour faire face à des situations exceptionnelles. L’État peut être tenté de contourner cette règle en créant des fonds hors budget. Voir https://www.bundesfinanzministerium.de/Web/DE/Themen/Oeffentliche_Finanzen/Stabilitaetspolitik/Fiskalregeln/Schuldenbremse/schuldenbremse.html et https://www.bpb.de/kurz-knapp/lexika/das-junge-politik-lexikon/321093/schuldenbremse/.
[2]. Voir sur la fonction de chancelier notre étude dans C. Demesmay, H. Stark (eds), Qui dirige l’Allemagne ?, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2005.
[3]. Cf. « Les élections fédérales du 26 septembre 2021 », un dossier dirigé par É. Dubslaff, P. Maurice, H. Stark et J. Vaillant in Allemagne d’aujourd’hui No 238 (octobre-décembre 2021).
[4]. https://www.bundesverfassungsgericht.de/SharedDocs/Pressemitteilungen/DE/2023/bvg23-101.html.
[5]. Voir https://www.tagesschau.de/inland/innenpolitik/lindner-positionspapier-100.html.
[6]. Voir https://www.tagesschau.de/inland/ampel-aus-100.html.
[7]. Pour mémoire : Le vote de défiance constructif (konstruktives Misstrauensvotum) contre H. Schmidt posé par H. Kohl le 1er octobre 1982 est le seul dans l’histoire de la RFA à avoir abouti, celui de 1972 contre Willy Brandt ayant été un échec pour les Chrétiens-démocrates. En Allemagne, un chancelier ne peut être renversé que si, aux termes de l’art 67. GG, le Bundestag élit son successeur, en d’autres termes si à une majorité parlementaire s’en substitue une autre, ce qui en cours de législature n’est possible que par un renversement d’alliances. Voir https://www.bundestag.de/services/glossar/glossar/K/konst_misstrau-245482.
[8]. La « question de confiance » (Vertrauensfrage) est réglée par l’art. 68 de la Loi fondamentale. https://www.bundesregierung.de/breg-de/aktuelles/was-ist-die-vertrauenfrage-2319328 Dans la pratique elle peut servir au chancelier à vérifier s’il dispose de la majorité parlementaire nécessaire à la poursuite de sa politique ou à provoquer des élections anticipées alors même qu’il disposerait encore de la majorité au Bundestag. Dans le premier cas, elle revient à mettre au pas un parti récalcitrant comme ce fut le cas en 2001 pour faire accepter par la coalition SPD-Verts conduite par G. Schröder la participation de la Bundeswehr à l’opération Enduring Freedom en Afghanistan. Dans l’autre cas de figure, le chancelier pose la question de confiance avec l’intention délibérée d’échouer pour amener le Président fédéral à convoquer des élections anticipées dans un délai de 21 jours. Ce fut le cas en octobre 1982 quand Helmut Kohl qui venait de renverser H. Schmidt et disposait donc de la majorité parlementaire nécessaire, a voulu provoquer des élections anticipées pour asseoir la légitimité de son gouvernement de coalition CDU/CSU-FDP. Ces élections eurent lieu le 6 mars 1983. https://de.wikipedia.org/wiki/Bundestagswahl_1983 Ce fut également le cas en 2005 quand G. Schröder posa la question de confiance, au lendemain de l’échec du SPD aux élections régionales de Rhénanie du Nord-Westphalie, pour provoquer des élections anticipées au mois de septembre. En l’occurrence G. Schröder a perdu les élections et ouvert la voie à 16 années de pouvoir à Angela Merkel, à la tête, pour commencer, d’une grande coalition CDU/CSU-SPD, sans G. Schröder. Cf. https://www.bpb.de/kurz-knapp/zahlen-und-fakten/bundestagswahlen/zuf-btw-2005/ La situation en 2024 est toutefois différente en ce sens qu’Olaf Scholz a effectivement perdu sa majorité et qu’en même temps il n’y a pas au Bundestag de majorité alternative susceptible de le renverser au terme d’un « vote de défiance constructif ».
[9]. À noter toutefois qu’il manque à cette coalition une voix pour disposer de la majorité absolue des voix au parlement d’Erfurt pour faire élire le ministre-président). Voir https://www.t-online.de/nachrichten/deutschland/innenpolitik/id_10053.
[10]. Voir https://wahlergebnisse.brandenburg.de/12/500/20240922/landtagswahl_land/ergebnisse.html.
[11]. Voir https://www.rbb24.de/politik/beitrag/2024/11/brandenburg-spd-bsw-einigung-koalitionsvertrag-woidke-crumbach.html.
[12]. Voir https://www.mdr.de/nachrichten/sachsen/politik/landtagswahl/sondierung-cdu-bsw-spd-gescheitert-wagenknecht-100.html.
[13]. Voir https://www.faz.net/aktuell/politik/bundestagswahl/wahl-die-linke-darf-dank-dreier-direktmandate-in-den-bundestag-17557074.html.
[14]. https://dawum.de/Bundestag/ consultation du 30 novembre 2024.
[15]. Rappel : dans un premier temps le candidat du FDP au poste de ministre-président de Thuringe, Thomas Kemmerich, a été élu, le 5 février 2020, au troisième tour de scrutin avec les voix de l’AfD, de la CDU et du FDP, il devançait alors Bodo Ramelow (Die Linke) d’une voix. Son élection provoqua la démission de la présidente d’alors de la CDU, Annegret Kramp-Karrenbauer. T. Kemmerich démissionna quelques jours plus tard, le 8 février, sous la pression de la CDU au niveau fédéral et notamment de la chancelière A. Merkel.
[16]. https://www.sueddeutsche.de/politik/cdu-merz-unvereinbarkeitsbeschluss-linke-afd-1.6951231
[17]. Voir https://www.sueddeutsche.de/.
[18]. Voir https://www.bpb.de/mediathek/reihen/bundestagswahlen/339003/ueberhang-und-ausgleichsmandate-2021/.
[19]. Voir sur cette question particulière https://www.swr.de/swraktuell/bundestagswahl/wahlrecht-reform-bundestagswahl-2025-neuwahl-faq-folgen-bw-rlp-100.html.
L’Europe saura-t-elle faire face ?
La nouvelle Commission européenne a inclus la défense dans ses priorités. Et la présidente Ursula von der Leyen veut aller plus loin. « Il reste que le moment venu, c’est la volonté et l’unité des Européens, du moins des principales nations militaires, qui seront déterminants. L’interrogation demeure ».
Par Cyrille Schott
L’élection de Donald Trump met l’Europe au pied du mur. Même si les décisions de ce peu prévisible personnage ne peuvent être précisément envisagées, l’on sait que le soutien à l’Ukraine et la défense de l’Europe seront interrogés. L’Union européenne sera-t-elle capable de faire face à ce « défi » américain ?
De vrais doutes existent quant à cette capacité, pour diverses raisons : la faiblesse de la France et de l’Allemagne, de leur « couple », la volonté du chancelier Scholz de se présenter en candidat de la paix aux élections de février prochain ; la progression, lors de récentes élections en Allemagne, en Autriche ou en Roumanie, de forces hostiles aux livraisons d’armes à l’Ukraine ; la présence parmi les dirigeants de l’UE de proches de Poutine, dont le médiatique Viktor Orban, le Premier ministre hongrois ; la sympathie de ces mêmes responsables, et d’autres, envers le Président Trump ; la difficulté de tant d’Européens, du haut en bas des sociétés, à concevoir la confrontation avec le si puissant allié américain, et l’avancée d’une fatigue de la guerre.
Bref, la faiblesse, fruit de la division et du défaut de volonté, risque de marquer la politique européenne face à la donne nouvelle introduite par Trump. Comme, en situation de crise, le pire n’est jamais sûr de la part des Européens il faut toutefois considérer des faits allant en sens inverse de la résignation.
La BEI mise à contribution
La nouvelle Commission européenne a inclus la défense dans ses priorités. Cela dans la continuité des changements consécutifs au Brexit et à la guerre en Ukraine. Ceux-ci ont conduit l’UE à inscrire, pour la première fois, la défense dans son budget et à financer des livraisons d’armes à l’Ukraine, ils ont provoqué des initiatives, dues largement au commissaire français Thierry Breton, visant à muscler la production d’armements européenne. Dans les orientations politiques qu’elle a présentées à Strasbourg le 18 juillet, la présidente Ursula von der Leyen veut aller plus loin. Dans les cent premiers jours du mandat, elle compte présenter, avec la Haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, un livre blanc sur l’avenir de la défense européenne.
La présidente de la Commission veut renforcer le programme pour l’industrie européenne de la défense (EDIP), dévoilé en mars 2024, en encourageant la passation conjointe de marchés pour combler les lacunes les plus critiques de l’UE. Elle veut porter, en concertation avec les États membres et en coordination avec l’OTAN, des projets de défense d’intérêt commun, tels un bouclier aérien européen et la cyberdéfense. Elle veut inciter la Banque européenne d’investissement à contribuer aux investissements de défense. Au conseil européen du 27 juin 2024, elle a estimé à 500 milliards d’euros ces besoins d’investissement dans la prochaine décennie. Des discussions avanceraient en ce moment au sein de l’UE pour créer un fonds doté au moins de cette somme de 500 milliards d’euros afin de financer des achats d’armes et des projets communs. Ce fonds, ouvert à des pays non membres de l’UE, comme le Royaume Uni et la Norvège, serait alimenté par des emprunts garantis par chaque État volontaire.
Un commissaire européen à la défense
Pour la première fois, a été désigné un commissaire européen à la défense, Andrius Kubilius, qui a été premier ministre de la Lituanie. A la conférence de sécurité de Berlin, le 20 novembre, il a déclaré qu’il fallait, d’une part, se préparer d’urgence à la possibilité d’une agression russe contre l’UE, et, d’autre part, se préparer au défi d’États-Unis se détournant de plus en plus de la défense européenne pour faire face à la Chine. Avec la nouvelle Haute représentante et vice-présidente de la Commission, Kaja Kallas, ancienne première ministre d’Estonie, il forme une paire de dirigeants européens, issus des États baltes, à la fois atlantistes et conscients de la nécessité pour l’Europe de muscler sa défense. Dès sa prise de fonction le 1er décembre, Kaja Kallas s’est rendue à Kiev avec Antonio Costa, le nouveau président du Conseil européen et ancien premier ministre portugais, pour signifier la fermeté du soutien européen.
La Commission investit le champ de la défense au point d’inquiéter des États considérant qu’il s’agit de leur domaine réservé. Ursula Von der Leyen observe dans ses orientations que « les États membres conserveront toujours la responsabilité de leurs propres armées, de la doctrine au déploiement », en ajoutant : « mais l’Europe peut… soutenir et coordonner les efforts visant à renforcer la base industrielle, l’innovation et le marché unique sur le plan de la défense ». Il faut trouver l’équilibre entre ces deux volets, ce qui supposera des débats, inhérents à la nature de la construction européenne. Comme ailleurs, la Commission devra s’écarter du dogme de la concurrence, pour viser des industries de l’armement fortes. Quant aux États, qui ont accru leurs dépenses militaires, ils devront savoir surmonter leurs égoïsmes et l’inclination à acheter leurs armes hors d’Europe, spécialement aux Etats-Unis. Ils pourront à cet effet utiliser des instruments créés par la Commission, dans un rôle d’aiguillon.
Dans leur responsabilité propre, des pays comme la France, le Royaume Uni, la Pologne, les États nordiques et baltes se concertent sur les mesures, y compris l’envoi sur place de personnel militaire, à adopter pour pallier un désengagement américain d’Ukraine.
Européanisation de l’OTAN
Un autre concept apparait : l’européanisation de l’OTAN. Dans une interview accordée au magazine The European, Security and Defence Union [1], l’ancien directeur de l’École de guerre, le général Jean-Marc Vigilant, porte cette idée, en envisageant notamment un SACEUR européen, un commandant suprême de l’OTAN européen. Friedrich Merz, le président de la CDU et possible futur chancelier allemand, dans un texte paru dans le Monde, le 6 novembre, appelle à s’affranchir plus des Américains, en reprochant notamment au chancelier Scholz d’avoir annulé le sommet de Ramstein des pays aidant l’Ukraine, au seul motif de l’impossibilité du président Biden d’y venir. Cette expression du chef d’un parti historiquement attaché à l’alliance américaine est à relever.
Ces éléments montrent l’engagement de démarches chez les Européens pour faire face au « défi Trump ». Il reste que le moment venu, c’est la volonté et l’unité des Européens, du moins des principales nations militaires, qui seront déterminants. L’interrogation demeure.
Cyrille Schott est Préfet h. de Région. Il a également dirigé l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (2014-2016) et appartient au bureau d’EuroDéfense-France. Il est coauteur du livre « Souveraineté et solidarité, un défi européen » (le Cerf, 2021). Il est Délégué régional de l’AFDMA pour l’Alsace.
Article paru dans La Tribune
Travail de mémoire
Par Gérard Foussier
La Maison de l’Histoire de la République fédérale d’Allemagne à Bonn propose actuellement une intéressante exposition sur les efforts réalisés au lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour en finir avec le national-socialisme et Hitler. Et surtout pour comprendre les raisons d’une cruelle fascination qui n’a jamais véritablement quitté les esprits.
Pour ce faire, l’exposition propose de revenir sur les sentiments des Allemands de quatre générations, afin de laisser aux visiteurs le soin de tirer eux-mêmes les conclusions de cette évolution. Un vrai défi quand on assiste à la progression ces derniers temps de l’extrême-droite, qui ose se présenter comme une « Alternative pour l’Allemagne » (le nom du parti AfD, Alternative für Deutschland).
D’aucuns n’hésitent pas à comparer les résultats électoraux de l’AfD à ceux du Rassemblement National de Marie Le Pen en France ou aux néo-fascistes du parti Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni et depuis octobre 2022 présidente du conseil des ministres italien. L’Allemagne des démocrates, elle, se trouve dans la situation d’un ancien alcoolique : s’il reprend la bouteille en mains, les voisins s’inquiètent. Si quelqu’un d’autre, peu connu pour ses addictions à l’alcool, se met à boire jusqu’à plus soif et au-delà, personne ne s’en émeut. C’est cela l’héritage du passé, un héritage dont personne ne peut éviter les retombées. Dès 1953, le philosophe juif américain Leo Strauss avait utilisé l’expression ironique Reductio ad Hitlerum pour désigner le procédé rhétorique consistant à disqualifier les arguments d’un adversaire en les associant au Führer.
Le rappel des comportements de la première génération d’après-guerre est parfois troublant, les documents présentés dans cette exposition traduisant la difficulté pour beaucoup de critiquer ouvertement le tragique chapitre qu’ils ont pourtant vécu, mais aussi la facilité avec laquelle certains n’hésitaient pas, dans le cadre de micros-trottoirs de la télévision, à regretter ce passé. Quelques sondages confirmaient la tendance, certes minoritaire, mais bien réelle, sans pour autant aller jusqu’à une nostalgie irréversible. Au milieu des années 50, une petite moitié de la population affirmait encore qu’Adolf Hitler aurait été un des plus grands hommes d’État – s’il n’y avait pas eu la guerre. C’est pourtant à cette époque-là que s’est imposée la démocratie née en 1949 avec la fondation de la République fédérale d’Allemagne et l’adoption de la Loi Fondamentale.
La deuxième génération, celle des enfants, a marqué la société des années 60, caractérisée par la démocratie, la prospérité (le « miracle » allemand) et la réconciliation franco-allemande, mais aussi par les manifestations de la jeunesse contre le « système », contre la guerre du Vietnam ou contre l’Alliance atlantique. Dans le même temps, l’Allemagne de l’Est maintenait un mythe antifasciste, qui voulait que les nazis n’avaient existé qu’à l’Ouest.
La troisième génération, celle des petits-enfants, a été celle des crises, avec les revendications en faveur de la paix et du respect de la nature. Beaucoup de manifestations et d’expositions centrées sur le souvenir de l’époque nazie ont été critiquées, voire boycottées par ceux qui attendaient une autre forme de commémoration.
Quant à la quatrième génération, celle qui est née après la chute du Mur de Berlin et l’unification de l’Allemagne, elle vit le pluralisme d’un pays devenu terre d’immigration, réveillant certains instincts de violence aveugle, pour mieux rejeter tout travail de mémoire susceptible de favoriser un rapprochement idéologique entre les nazis d’hier et les militants d’extrême-droite. C’est en 1990 que l’avocat américain Mike Godwin énonce une autre loi, comme avant lui Leo Strauss en 1953, le Point Godwin : « Plus une discussion dure, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Adolf Hitler s’approche de 1 ».
Chaque génération développe sa propre approche du passé et en livre sa propre définition de l’impact sur le présent et l’avenir. C’est l’objectif déclaré de l’exposition de la Maison de l’Histoire que de confronter les visiteurs – de toutes ces générations – à leurs sentiments personnels. Certains y trouveront peut-être la confirmation de leurs égarements, d’autres une volonté de faire un effort suprême pour changer d’attitude. L’initiative en tout cas incite à la réflexion – autre traduction de ce que la langue allemande appelle la Bewältigung.
Pour analyser leur passé, les Allemands utilisent en effet le substantif Bewältigung, qu’il est souvent plus facile de traduire en français par un verbe que d’essayer de trouver le substantif correspondant. Bewältigung, c’est le mot qu’on utilise pour dire qu’on vient à bout d’un travail ou d’une mission délicate, qu’on surmonte une déception ou une crise, qu’on réussit à parcourir un trajet ou encore qu’on assume un passé. Cela fait beaucoup pour un seul mot.
Dans Bewältigung, le substantif intraduisible, il y a la même racine que dans le vocable Gewalt, la force. On suppose en effet une certaine force, physique, psychique ou intellectuelle quand on utilise le verbe bewältigen, ce que les Allemands font depuis le 15e siècle, sans qu’on ait trouvé depuis le moyen de dire la même chose avec la même précision en anglais ou en français. En réalité, le mot n’a jamais été très populaire, peut-être justement à cause de cette impression de violence, de force.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, beaucoup ont estimé qu’il était trop tôt de parler de Bewältigung pour exprimer leur profond désir de venir à bout du passé. La Vergangenheitsbewältigung fait de temps à autre l’objet de vives controverses, les uns estimant que les Allemands ont tendance à oublier trop vite leur passé, les autres faisant valoir cependant qu’une réflexion scientifique et intellectuelle sur ce passé (qui ne passe pas) permettrait de faire le point sur l’ampleur de la culpabilité historique. Pour les uns, c’est une dette envers les victimes ; pour les autres, un moyen comme un autre de soulager sa conscience.
S’il y a un exemple où la Bewältigung est à sa place, c’est bien dans ce cas précis de l’évocation du passé. Il fallait, il faut toujours, une certaine force d’esprit, une force de caractère pour venir à bout de ce que le Troisième Reich avait laissé en héritage. Mais attention, bewältigen, même si cela se traduit aussi par « venir à bout », n’a rien à voir avec l’oubli.
Un petit exercice, très simple à mener, prouve que l’expression n’est pas parfaite. Il suffit de prendre un dictionnaire allemand-français pour y chercher les traductions françaises du mot bewältigen. Puis de consulter un dictionnaire français-allemand pour y chercher chacune des traductions proposées. Il est rare d’y trouver, dans le sens français-allemand, le mot bewältigen comme première traduction de surmonter. Elle l’est à la rigueur pour la Krisenbewältigung, donc lorsqu’il s’agit de surmonter une crise. Elle l’est moins pour le passé. L’explication vient du fait d’ailleurs que la crise est généralement quelque chose de présent, on l’évoque moins souvent à rebours.
Surmonter, il faut bien le dire, n’est pas non plus une bonne traduction.
Vaincre le passé ? Trop militaire.
Dominer le passé ? Trop hégémonique.
Accepter avec tristesse ? Trop émotionnel.
Alors, surmonter, malgré toutes les réticences ? C’est en effet le seul mot qui reste.
Bewältigen, avec en arrière-goût une sorte de coup de force, une sorte de triomphe tardif, de victoire, c’est à la fois maîtriser et dompter. Cependant, on ne dompte pas le passé, tout au plus l’image que l’on s’en fait au présent. Un passé, cela s’assume. Cela se travaille, on fait la lumière sur un chapitre sombre de sa propre histoire, dans l’espoir d’y voir plus clair. Et comme souvent l’exercice n’est pas facile, on surmonte sa crainte au risque même de se faire violence. C’est tout cela, la Bewältigung – un substantif, qui mériterait bien une traduction au demeurant fort simple : Travail de mémoire. Avec tout ce que cela suppose parfois d’insupportable, de violent pour tout un chacun. Cela méritait bien une exposition.
Gérard Foussier , ancien directeur de la rédaction française de la Deutsche Welle, ancien Président du BILD, ancien rédacteur en chef de la revue Documents / Dokumente. Auteur de nombreuses publications sur l’Allemagne et les relations franco-allemandes.
Décoré du BVO.
Exposition : Nach Hitler – Die deutsche Auseinandersetzung mit dem Nationalsozialismus (Après Hitler – Les débats allemands sur le national-socialisme). Exposition ouverte jusqu’au 25 janvier 2025, à Bonn, Willy-Brandt-Allee 14.
Musée ouvert du mardi au vendredi de 9 h à 18 h et le samedi et dimanche de 10 h à 18 h.
Allemagne d’aujourd’hui
SOMMAIRE N° 250 octobre – décembre 2024
DOSSIER : Les évolutions du paysage politique en Allemagne.
Dossier préparé sous la direction d’Étienne Dubslaff, Paul Maurice, Hans Stark et Jérôme Vaillant
Éditorial d’ouverture par Jérôme Vaillant. La fin de la coalition « feu tricolore » – vers des élections anticipées le 23 février 2025.Les évolutions du paysage politique en Allemagne : Bilan des mandatures Merkel et Scholz.
N. Batteux – Que reste-t-il de l’héritage Merkel ?
B. Lestrade – Les réformes sociales du gouvernement Scholz.
H. Stark – L’Allemagne face aux bouleversements géopolitiques mondiaux.
Des réponses insuffisantes.
R. Clement, D. Puhl – L’avenir de la sécurité – l’Allemagne en quête d’idées.
Traduit de l’allemand par Béatrice Pellissier.
G. Sebaux – La coalition tricolore d’Olaf Scholz : un gouvernement à la hauteur de l’enjeu migratoire ? Les partis sur l’échiquier politique.
É. Dubslaff – Le SPD d’Olaf Scholz au sein de la difficile coalition « feu tricolore » avec les écologistes et les libéraux.
A. Lensing – Rester au pouvoir : bilan et perspectives de Bündnis 90/ Die Grünen après trois années de coalition « feu tricolore ».
J. Süß – Le FDP – un parti de gouvernement dans l’opposition à son propre gouvernement ?
J.-L. Georget – La CDU de F. Merz : une mue salutaire et un horizon probable de reconquête du pouvoir.
V. Dubslaff – L’AfD, le vent en poupe.
T. Holzhauser – Scènes de divorce : Die Linke et la nouvelle Alliance Sahra Wagenknecht (Bündnis Sahra Wagenknecht).Traduit de l’allemand par Béatrice Pellissier.
Klaus-Heinrich Standke, Dariusz Pawłoś – Attribution du Prix Adam Mickiewicz 2024 aux ministres des Affaires étrangères d’Allemagne, France et Pologne Annalena Baerbock, Stéphane Séjourné et RadosRadosław Sikorski.
Traduit de l’allemand par Roland Crastes.
Hommage. Alain SAUVAL (1946-2024).
Les manifestations franco- allemandes
A la Maison Heinrich Heine,
Cité universitaire internationale, Boulevard Jourdan, Paris 14ème.
Exposition : Aufarbeitung. RDA et le travail de mémoire
Jusqu’ au lundi 20 janvier 2025
C’est la révolution pacifique de 1989 qui permit de surmonter la division de l’Allemagne établie sur le plan gouvernemental depuis 1949. En 2024, ces deux événements remonteront respectivement à 35 et 75 ans. La Fondation fédérale pour la recherche sur la dictature communiste en Allemagne de l’Est présente à cette occasion l’exposition « Aufarbeitung. RDA et travail de mémoire » montée par Stephan Wolle, directeur scientifique du musée de la RDA et Ulrich Mählert, historien à la Fondation.
L’exposition sera visible dans le foyer de la MHH de 10h à 18h
Cycle « Ce qui fait bouger l’Allemagne «
Petit-déjeuner-débat. Lundi 10 février 2025 de 09h30 à 10h30
Ce cycle vise à questionner les grands enjeux politiques qui se posent pour l’Allemagne qui fait face à plusieurs bouleversements sur le plan géopolitique, économique et sécuritaire. Ces derniers conduisent à une fragmentation croissante du système politique allemand. Les évolutions politiques en Allemagne impactent fortement les relations franco-allemandes, déterminantes pour l’avenir de l’Europe. Ce format ouvert à tous et à toutes tient à engager un débat d’actualité autour de la politique allemande.
Après l’échec du gouvernement fédéral allemand et la fin de la coalition « feu tricolore », des élections législatives anticipées sont prévues en Allemagne fin février. Le débat présentera les grands enjeux de la campagne, au niveau national et européen, ainsi que les perspectives pour le nouveau gouvernement.
Introduction par Paul Maurice, secrétaire général, Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa), Ifri.
Avec la participation de Jeanette Süss, chercheuse au CERFA et Christian Lequesne, prof. à Sciences Po Paris.
Prix franco-allemand des droits de l’Homme et de l’État de droit
À l’occasion de la Journée internationale des droits de l’Homme, les 14 lauréats du Prix franco-allemand des droits de l’Homme et de l’État de droit ont été distingués mardi. Présidents d’ONG, avocats, journalistes ou militants des droits de l’Homme, ils défendent les droits de celles et ceux dont les voix doivent être davantage entendues, du Soudan au Vénézuela et de l’Ukraine à la Turquie. Ils mènent ce combat dans des conditions difficiles, parfois au péril de leur propre liberté. Ils défendent les droits de l’Homme dans les conflits, l’autonomie des femmes ou encore les droits des personnes LGBT+.
Parmi les lauréats figurent Melanie Judge (Afrique du Sud), Mao Map (Cambodge), Marthadela Tamayo (Cuba), Ratu Eroni Ledua Dina (Fidji), Anjali Gopalan (Inde), Maoz Inon (Israël), Issa Amro (Palestine), Marijana Savic (Serbie), Samia Hashimi (Soudan), Wahid Ferchichi (Tunisie), Feray Salman (Turquie), Kateryna Pryimak (Ukraine) et Yendri Velasquez (Vénézuela).
Le prix franco-allemand des droits de l’Homme et de l’État de droit, créé en 2016, récompense l’engagement de la société civile pour la dignité humaine et les droits de l’Homme inaliénables.
Le TGV, un nouveau trait d’union entre Paris et Berlin
Relier le cœur de Paris au cœur de Berlin en huit heures : c’est désormais possible ! Lundi sera inaugurée la première liaison directe à grande vitesse entre les capitales allemande et française. Un train circulera chaque jour dans chaque sens, ont annoncé SNCF Connect et la Deutsche Bahn, coexploitantes de la ligne. Les passagers embarqueront à la Gare de l’Est pour la gare centrale de Berlin (ou inversement). Ils passeront par Strasbourg, Karlsruhe et Francfort-sur-le-Main.
L’ICE3 quittera gare centrale de Berlin à 11h54 pour une arrivée à Paris Est à 19h55. Dans l’autre sens, il s’ébranlera à Paris à 9h55 et arrivera à Berlin à 18h03. À bord : 444 places assises, dont 111 en première classe. Elles sont déjà en vente, au prix minimum de 59,99 euros en seconde classe (69,99 euros en première).
La « SNCF Voyageurs et la Deutsche Bahn envoient un signal fort pour le développement de l’Europe du rail », souligne Michael Peterson. Selon le responsable des liaisons longue distance de la Deutsche Bahn, « cette nouvelle liaison ICE donnera une nouvelle impulsion aux grandes lignes internationales, qui sont en pleine expansion ».
La SNCF et la Deutsche Bahn misent notamment sur l’argument écologique. En train, le trajet Paris-Berlin émet 2 kg de CO2 par passager, contre 200 kg pour l’avion.
Nouveau trait d’union entre Paris et Berlin, et nouveau symbole de la coopération franco-allemande, la liaison directe augmentera de 320 000 places par an les capacités de transport par le rail entre les deux capitales.
Elle fera passer de 24 à 26 le nombre de liaisons quotidiennes à grandes vitesse entre l’Allemagne et la France. Paris-Francfort, Paris-Stuttgart-Munich, Francfort-Marseille et Francfort-Bordeaux : depuis 2007, 32 millions de passagers ont circulé sur réseau à grande vitesse franco-allemand.
Par ailleurs, la compagnie autrichienne ÖBB exploite depuis 2023 un train de nuit entre Paris et Berlin.
La vie de l’AFDMA
Remise des prix de l’AFDMA au rectorat de Strasbourg
Le recteur Olivier Klein a accueilli le lundi 14 octobre dans les salons du rectorat la remise des prix de l’Association française des décorés du Mérite allemand (AFDMA).
En présence de Susan Keller, consule de la République fédérale d’Allemagne à Strasbourg, il a remis avec le préfet honoraire de région, Cyrille Schott, délégué en Alsace de l’AFDMA, le prix de l’AFDMA à deux élèves scolarisés dans le lycée Bartholdi de Colmar et le lycée professionnel Stanislas de Wissembourg.
Les deux récipiendaires, Jade Hamdan et Tanguy Fey, ont été sélectionnés sur leurs résultats scolaires en allemand et leur engagement franco-allemand.
En cursus bilingue depuis la maternelle, Jade Hamdan a fréquenté une terminale Abibac. Elle a effectué des séjours dans des familles allemandes à Hambourg et à Stuttgart, et a effectué un stage dans le domaine juridique à Esslingen. Aimant l’étude des œuvres de la littérature allemande, elle s’est affirmée comme un élément moteur de sa classe de terminale, faisant preuve de qualités humaines et d’une ouverture d’esprit remarquées. Elle s’est engagée dans des études de droit dans les universités de Sarrebruck et de Strasbourg.
Tanguy Fey a grandi dans le village de Kuhlendorf, qui fait partie de la commune de Betschdorf, dans le Nord de l’Alsace, et pratique couramment l’alsacien, sa langue maternelle. Il a fréquenté une terminale Azubi-bacpro en électronique et a obtenu le baccalauréat professionnel avec la mention très bien avec les félicitations du jury, ayant notamment décroché un 20/20 à l’épreuve spécifique de section européenne. Il a accompli trois périodes de stage dans l’entreprise Dambach Lagersystem de Bischweier dans le Kreis de Rastatt. Il suit la formation d’un BTS électrotechnique en apprentissage au lycée Heinrich Nessel de Haguenau.
Les lauréats ont été chaleureusement félicités par le recteur Klein, Cyrille Schott et la consule Keller, qui leur a offert le livre « 1913 : Der Sommer des Jahrhunderts » de Florian Illies. Le recteur Klein a souligné l’importance de l’enseignement de la langue allemande en Alsace, tandis que Cyrille Schott a mis en relief le « miracle de la paix » que constituent l’amitié franco-allemande et la construction européenne.
Photo : de gauche à droite, Cyrille Schott, Tanguy Fey, Olivier Klein, Jade Hamdan, Susan Keller.
Disparitions
Nous avons appris récemment le décès du Pr. Jean David, membre de l’AFDMA.
Professeur de linguistique allemande, ancien président de l’Université de Metz, membre fondateur de l’Université franco-allemande, qu’il a présidée de 1999 à 2001. L’Université franco-allemande, dont le siège se trouve à Sarrebruck, avait pour ambition la mise en place de programmes universitaires franco-allemands « intégrés » dans toutes les disciplines, de la 1ère année de licence jusqu’au doctorat. Elle compte désormais 210 établissements, 194 cursus intégrés et quelques 5810 étudiants.
A sa famille et à ses proches, nos plus sincères condoléances.
Nous avons également appris le décès d’Alain Sauval, ancien membre de notre association. Agrégé d’allemand, il a d’abord consacré son engagement diplomatique à ouvrir la coopération universitaire franco-allemande aux nouveaux Länder après la chute du mur de Berlin. En poste au MAE fin des années 90, il a entre autres œuvré à l’extension des échanges de l’OFAJ aux Balkans occidentaux. Il est resté sur place après son dernier poste en Haïti, malgré les circonstances difficiles de son enlèvement par des gangs, pour apporter jusqu’au bout son soutien à la survie de ce pays.
A sa famille et à ses proches, nos plus sincères condoléances.
B.V.
APPEL / RAPPEL
La vie de l’AFDMA, ce sont aussi les cotisations de ses membres et de ses amis.
Merci de soutenir notre engagement !
Le montant a été fixé pour les membres à 35€, et à 25€ pour les amis en 2025, à adresser par chèque à notre trésorier, Olivier de Becdelièvre,
Secrétaire général de l’AFDMA, 101bis rue Lauriston, 75116 Paris.
Pour tout virement, voici les coordonnées bancaires de l’AFDMA : auprès du Crédit Mutuel de Paris :
IBAN : FR76 10278060100002070210112
Site internet www.afdma.fr
Le site internet est régulièrement mis à jour avec des articles d’actualité, souvent rédigés par nos membres, sur l’Allemagne et les relations entre nos deux pays dans le contexte de l’Europe. Voir le « caroussel d’actualité » et « en direct du franco-allemand ».
N’hésitez pas à m’adresser vos articles ou contributions dans le cadre des objectifs de notre association et traitant de l’Allemagne, des relations franco-allemandes et de leur place en Europe.
Page « facebook » de l’AFDMA
Pour mémoire : En plus du site internet «www.afdma.fr », nous disposons d’un outil de communication supplémentaire sous la forme d’une page « facebook », sous l’appellation « Association Française des Décorés du Mérite Allemand ».
Cette page est aussi régulièrement mise à jour et comprend des informations sur la coopération franco-allemande, sur l’Allemagne et sur l’Europe.