La Lettre d’information sur les relations franco-allemandes et l’Allemagne.

LA LETTRE D’INFORMATION

sur les relations franco-allemandes et l’Allemagne

 

 

N° 37. Janvier 2019

Responsable de la rédaction : Bernard Viale,

Délégué à  la « Communication »

 

 

Le mot du Président

 

Aujourd’hui, au sein de l’Association française des médaillés du Mérite allemand, nous sommes tous un peu orphelins.

Le Général Brette n’a jamais laissé indifférents ceux qui ont eu la chance et l’honneur de le connaître.

Pour ma part, mon premier contact date de 1988 alors que le Général commandait les forces françaises en Allemagne et que j’étais capitaine commandant l’escadron de circulation de la 3ème Division blindée  à Fribourg.

J’avais été désigné pour accueillir le Général CCFFA au sein de mon escadron et lui présenter un exercice. La seule consigne que l’on m’avait donnée : « soyez concret » ! J’avais été marqué par sa cordialité, sa facilité d’accès et son intérêt marqué pour ses subordonnés. Il faisait indéniablement partie de ces chefs militaires auxquels, suivant la belle formule du Général Frère, on « obéissait d’amitié ».

Dix années plus tard, en 1998, Je l’ai accueilli à Müllheim alors qu’il rédigeait sa thèse de doctorat sur la brigade franco-allemande dont je commandais le bataillon de soutien. J’avais donné pour consigne à mes officiers français et allemands : « tout ce que le Général Brette vous demandera, vous lui donnerez ». Ils avaient tous été marqués, par son dynamisme, son esprit de curiosité et son abord simple et facile.

Le Général Brette était un homme d’engagement.

Une de ses grandes passions était l’amitié franco-allemande. Il fut, sans aucun doute, LE commandant en chef des forces françaises en Allemagne qui s’est le plus engagé pour cette amitié transfrontalière.  Il a œuvré, sans discontinuité, à renforcer les liens d’amitié entre les français et les allemands, créant un véritable réseau de femmes et d’hommes animés par ce même idéal. Je veux ici rappeler la mémoire de son ami Herbert Richter. C’est ainsi qu’il préside durant de nombreuses années l’association Bourgogne-Rhénanie Palatinat.

Dans ce droit fil,  il fonde, en 1998, avec le Ministre André Bord, l’association française des décorés du Mérite allemand, association qu’il a présidée de 2004 à 2016 et qu’il a profondément marquée par sa personnalité riche et attachante. Il y a mis toute sa passion pour encourager les initiatives franco-allemandes en instituant en particulier des remises de prix aux jeunes français qui marquaient leur intérêt pour la langue allemande et le développement des relations franco-allemandes .

Son enthousiasme, sa spontanéité et sa jeunesse d’esprit entraînaient tous ceux qui le côtoyaient. Sa grande simplicité était la marque indéniable des grands hommes !

Je garde un souvenir particulièrement vivant de nos séminaires au cours desquels, après nous avoir encouragé et tracé l’avenir de l’association, car il avait toujours de nouveaux projets,  il nous narrait des souvenirs de sa longue et brillante carrière avec son incomparable sens de l’humour, car le général Brette avait un grand sens de l’humour. A sa demande, je lui ai succédé à la présidence de l’AFDMA en 2016, car on ne lui refusait jamais rien.

Le Général Brette nous a tous marqués et nous marquera à jamais. J’en veux pour preuve les innombrables témoignages venant de France et d’Allemagne qui emplissent la toile depuis l’annonce de son décès brutal.

La véritable mort, c’est l’oubli.

Le Général Brette vivra toujours au sein de l’Association française des médaillés du Mérite allemand.

 

Je vous adresse, à toutes et à tous, mes meilleurs vœux de bonheur et de bonne santé pour cette nouvelle Année.

Bien cordialement,

Bertrand Louis Pflimlin, Président

 

 

 

Sommaire :

  • Le mot du Président
  •  Publications :
  • En Allemagne, l’après Merkel commence en douceur.
  •  Europe : pour un nouveau serment de Strasbourg.
  • Destins croisés : Adrienne Thomas et Louis Bormann.
  •  Une rencontre symbolique à Verdun et à Douaumont.
  •  IFRI, visions franco-allemandes n°29. Novembre 2018.
  •  Note du Cerfa n°145.
  •  Dokumente / Documents; Sommaire d’Allemagne d’aujourd’hui.
  •  Les manifestations franco-allemandes.
  •  La vie de l’AFDMA

 

Publications

 

En Allemagne, l’après Merkel commence en douceur.

Par Jérôme Vaillant

L’élection de Annegret Kramp-Karrenbauer à la présidence de la CDU devrait donner un dernier nouveau souffle à Angela Merkel. Après une sorte de primaire au cours de laquelle ils se sont présentés devant les organisations internes du parti (telles que les Jeunes chrétiens-démocrates et les associations des femmes et du Mittelstand), ainsi que devant le public intéressé, à l’occasion de six conférences publiques régionales, les trois candidats en lice à la tête de la CDU ont été départagés, vendredi 7 décembre, à l’issue de deux tours de scrutin par le Congrès du parti chrétien-démocrate réuni à Hambourg.

Annegret Kramp-Karrenbauer se présentait en sa qualité de secrétaire générale du parti, appelée à cette fonction il y a seulement quelques mois par la chancelière. Son principal adversaire, Friedrich Merz, faisait allure de revenant, ayant quitté la vie politique en 2009 suite à des querelles internes. Il était toutefois devenu le chargé de mission pour le Brexit du gouvernement du Land de Rhénanie-du-Nord–Westphalie. Merz avait le soutien de Wolfgang Schäuble, l’actuel président du Bundestag, tous deux ayant en commun d’avoir une revanche à prendre sur Angela Merkel qui leur avait damé le pion en 1999-2000.

Le troisième candidat, Jens Spahn, ministre fédéral de la Santé, n’avait eu de cesse, ces derniers mois, de se profiler en tant qu’opposant à la politique migratoire de la chancelière. Il passait, vu son âge (38 ans), pour avoir peu de chance de l’emporter et vouloir avant tout prendre date.

« AKK » n’est pas la copie conforme de Merkel

Le résultat du deuxième tour de scrutin est à la fois net et serré. Annegret Kramp-Karrenbauer l’emporte par 517 voix contre 482 voix à Friedrich Merz. 999 délégués ayant participé au vote, les pourcentages de voix sont faciles à calculer.

Ils font apparaître un parti divisé entre les deux grandes tendances que représentent les deux candidats, malgré de nombreux points communs dans le détail de leur programme politique. Friedrich Merz aurait représenté un retour au conservatisme traditionnel qui caractérisait la CDU des années 1990. Malgré sa volonté d’apparaître plus moderne que sa réputation, il donnait, à la faveur de ses prises de position pendant la primaire, le sentiment de vouloir réorienter la CDU à droite. Merkel l’a ouverte vers un centre presque de gauche, comme l’a montré sa capacité à intégrer dans sa conception pragmatique de la politique les bonnes idées des Verts et des sociaux-démocrates.

Annegret Kramp-Karrenbauer, que beaucoup appelle « AKK » pour ne pas se tromper dans l’épellation de son nom, a dû surmonter le reproche d’être la copie conforme de la chancelière en tant que personne et en tant que politique. C’est ignorer sa volonté d’autonomie de pensée et faire peu de cas de sa longue expérience politique en Sarre comme ministre de l’Intérieur, ministre de la Famille et ministre des Affaires sociales. En tant que ministre-présidente de Sarre, elle n’a pas hésité, en 2012, à mettre un terme à une coalition dite « jamaïcaine » avec les libéraux et les Verts pour s’entendre ensuite avec le SPD et former avec lui une grande coalition. Ce qui a parlé en faveur d’« AKK », c’est aussi sa capacité à dialoguer et à réunir quand Friedrich Merz divisait davantage.

Après son échec, celui-ci devrait retourner dans le privé plutôt que de chercher à jouer un nouveau rôle politique. Où le pourrait-il, d’ailleurs, après une aussi longue absence sur la scène politique ? Pour lui, c’était président, puis chancelier… ou rien.

La chancelière ira au bout de son mandat

Assurément, l’élection d’Annegret Kramp-Karrenbauer est une victoire pour Angela Merkel, qui aurait sans doute eu beaucoup de mal à supporter un président nommé Merz, qui n’aurait eu de cesse de vouloir lui succéder à la chancellerie.

Le calcul de la chancelière semble aboutir au résultat escompté. Les revers électoraux de la CSU en Bavière, puis de la CDU en Hesse, au mois d’octobre dernier, l’avait convaincue qu’elle ne pouvait échapper à la pression de ses adversaires qu’en cessant de briguer un nouveau mandat de présidente pour mieux rebondir comme chancelière et aller jusqu’au bout de son mandat.

Annegret Kramp-Karrenbauer devrait le lui permettre ou, pour le moins, lui permettre de choisir elle-même le moment le plus opportun de se retirer. 57 % des personnes interrogées à la veille du Congrès de Hambourg se prononçaient pour qu’Angela Merkel aille jusqu’au bout de son mandat contre 39 % qui estimaient qu’elle devrait se retirer avant la fin de son mandat (sondage dimap/ARD). Les changements annoncés à la tête de la CDU profitent d’ailleurs à l’ensemble de la CDU/CSU, créditée désormais de 30 % des intentions de vote – soit 4 points de plus qu’une semaine auparavant.

Pas d’aggiornamento en vue

Dans son dernier discours en tant que présidente – qui lui a valu une standing ovation de près de 9 minutes à Hambourg – la chancelière a défendu son bilan, en particulier quand il a été contesté au sein de son propre parti : qu’il s’agisse de sa politique migratoire à partir de 2015 ou de la suppression du service militaire obligatoire ou encore de l’abandon du nucléaire comme ressource énergétique.

Elle s’est particulièrement félicitée du soutien apporté en son temps par son parti, alors dans l’opposition, aux réformes « Harz IV » du marché de l’emploi engagées par le SPD de Gerhard Schröder, de l’introduction d’un salaire minimum qu’elle a revendiquée comme un « grand moment dans l’histoire de la CDU » (qui y était pourtant passablement réfractaire) et de la gestion par le gouvernement fédéral des déficits publics.

Annegret Kramp-Karrenbauer pourra infléchir les lignes posées par Angela Merkel, elle ne les changera pas fondamentalement. Il n’y aura pas d’aggiornamento.

Angela Merkel retrouve une liberté d’action

Que signifie cette élection pour les autres partis ? Aujourd’hui comme hier, le SPD continuera de peiner à se distinguer par rapport à la CDU. Un président Merz lui aurait offert plus de chances d’opposer la démocratie sociale à son néo-libéralisme.

Les populistes de droite réunis au sein de l’AfD ne sont que partiellement privés de la « tête de turc » que la chancelière continuera de représenter pou eux. Mais ils auront, malgré tout, à compter avec une autre dirigeante chrétienne-démocrate, à la fois différente et semblable.

Quant aux Verts, il est intéressant de noter que selon le sondage qui donne 4 points de plus à la CDU-CSU, ils en perdent 3, même s’ils continuent de se situer à un niveau qui reste malgré tout enviable de 20 % des intentions de vote.

En retrouvant une certaine liberté d’action, Angela Merkel devrait quant à elle être disponible pour s’occuper davantage des affaires européennes et les faire progresser en tandem avec la France si, du moins, celle-ci, parvient à son tour à sortir de la crise pour saisir l’occasion.

 Jérôme Vaillant

Rédacteur en chef de la revue « Allemagne d’aujourd’hui »

Prof (ém.) de civilisation allemande à l’université de Lille III

Délégué régional de l’AFDMA pour les Hauts de France

 

 

« Europe : pour un nouveau serment de Strasbourg »

 

Par Cyrille Schott, préfet (h.) de région.

Délégué de l’AFDMA pour la région Grand Est (Alsace)

Vous êtes invités à vous rendre sur notre site internet www.afdma.fr pour prendre connaissance du texte de la conférence prononcée à Strasbourg le 18 octobre dernier.

Ce texte a par ailleurs été publié dans « la Tribune ».

 

 

« Destins croisés : Adrienne Thomas et Louis Bormann »

 Par Jean-Marie Fèvre

 Hertha Strauch est née en 1897 à St. Avold (Moselle), ville alors allemande.

Elle déménage bientôt pour Metz avec ses parents. Dans l´Allemagne wilhelminienne, elle est la fille d´un nouveau riche, habile négociant venu en Lorraine annexée profiter des commandes de l’armée. Elle fréquente le lycée à Metz mais en souffrant des préjugés des jeunes aristocrates prussiennes. Puis vient la terrible guerre: nombre de ses camarades en sont victimes. En 1918, dans le cadre des commissions de triage, elle est certes née en Lorraine mais, selon l’arrêté du 14 décembre 1918, elle est l’enfant de parents allemands. Elle a donc une carte d’identité « D »: considérée comme indésirable, elle doit quitter la France. Forcée à rentrer en Allemagne, elle est une pacifiste dans les années 20 et bientôt son livre, publié sous son nom de plume d’Adrienne Thomas,  « Die Kathrin wird Soldat », a un grand impact international. Cet ouvrage illustre, sous forme de roman, son action comme volontaire de la Croix Rouge en gare de Metz pour les blessés en transit. Sa traduction française « Catherine soldat », parue en 1932, est préfacée par Jean Giraudoux. Mais en 1933, son livre est brûlé en Allemagne et elle doit fuir en tant que juive. Son premier exil est en Autriche mais elle devra encore s’enfuir ensuite par la Suisse pour finalement s’installer à Paris. Toutefois, après l’Anschluss, elle est de nouveau « Allemande ».

Louis Bormann (né à Thionville en 1901 et décédé à Metz en 1969) est un homme de grande culture, très large d´esprit pour un prêtre lorrain de son temps. Ce curé de Mondelange (Moselle), de 1935 à 1953, est aussi un homme discret, ce qui lui rendra de grands services mais aura aussi son revers (une rumeur persistante ne le fera-t-elle pas passer pour un autonomiste germanophile camouflé ?). Il a de nombreuses relations bien utiles à l´étranger où il fait la connaissance d´Adrienne Thomas (juive divorcée) avant son arrivée en France. Il laisse dire que c´est lors de vacances de ski. Une sympathie réciproque naît. Tous deux sont en contact quand elle réside à Paris juste avant la guerre. Encore à temps, Louis Bormann cache des objets précieux (argenterie) appartenant à Adrienne Thomas dans son presbytère. Elle viendra les rechercher après la guerre, accompagnée de son second mari épousé en 1941, Julius Deutsch (1884-1968), social-démocrate actif pendant la 1ère République autrichienne et ancien général des Brigades Internationales en Espagne.

L´internement d´Adrienne Thomas dans le sinistre camp de Gurs en 1940 constitue une pénible déchirure : Ce lieu d’internement administratif avait d’abord concerné les Républicains espagnols. Mais à partir du 10 mai 1940, ce sont surtout des femmes « indésirables » car originaires d’Allemagne et de pays annexés par le Reich qui y souffrent (par la suite, des milliers de juifs expulsés du Reich y souffriront encore plus, y mourront ou en partiront pour les camps de la mort). Personne ne s´y était attendu. Heureusement, elle peut échapper à l´engrenage fatal et à rejoindre les États-Unis en passant par Marseille grâce au comité américain de secours d’urgence (ERC) et à des fonctionnaires français compréhensifs.

Plusieurs passages de son ouvrage paru pendant la guerre et retraçant ses pérégrinations pour fuir la persécution nazie, « Reisen Sie ab, Mademoiselle »[1], permettent aussi de dégager la profonde réflexion politique et sociale ainsi que la remarquable clairvoyance de Louis Bormann sous l´apparence d´un comportement seulement convivial.       Pendant l´annexion de fait, Louis Bormann protège ses paroissiens et soutient ses jeunes « malgré-nous » par une importante correspondance. On sait que la « Feldpost » [poste allemande aux armées] fonctionnait très bien car elle était considérée comme un soutien essentiel tant au front qu´à l´arrière. De plus, il s´appuie sur son sacristain et des familles ferventes de sa paroisse pour aider des évadés à « passer vers la France ».

Louis Bormann intervient avec courage auprès des autorités et obtient des résultats incontestables mais avec grande prudence et surtout avec discrétion (ce qui manquait hélas trop souvent à de nombreuses bonnes volontés non préparées au travail clandestin). En effet, s´il utilise son nom comme un sésame pour certains (pensant à son « cousin »), il se sait observé par la police allemande. Son nom devient bien sûr un handicap à la Libération en automne 1944. Néanmoins, son action courageuse pendant les années d’annexion de fait est connue.

Louis Bormann est jusqu´à son décès un confident d´Adrienne Thomas. Ils se rencontrent souvent, en Moselle bien sûr, mais aussi lorsqu´il va en retraite près du Liechtenstein. Adrienne Thomas lui est aussi attachée. Une des raisons en est qu´il lui rappelle son pays natal perdu.

Louis Bormann, curé de Mondelange pendant des décennies et dont le parvis de l’église porte maintenant le nom,  a été un soutien indéfectible pour Adrienne Thomas. Cette profonde amitié entre un prêtre fidèle à son ministère et une femme de lettres de renom international se reflète dans l´œuvre d´Adrienne Thomas et a été féconde pour la littérature européenne de langue allemande. Décédée en 1980, Adrienne Thomas a,  depuis quelques années, une rue à son nom à Metz : symboliquement, c’est le « passage Adrienne Thomas » situé près de cette gare où elle s’était tant dévouée en découvrant l´horreur de la guerre. Et un prix littéraire annuel porte son nom à St. Avold (Moselle), la ville de sa naissance.

Jean-Marie Fèvre est Délégué de l’AFDMA pour la région Grand Est (Lorraine)

 

Une rencontre symbolique à Verdun et à Douaumont

Par Michel Richard

Depuis plus de trente ans existe, de part et d’autre du Rhin, une amicale de fonctionnaires parlementaires attachés au dialogue entre la France et l’Allemagne, en vue de la consolidation d’une Europe de la Paix.

C’est donc tout naturellement que ces deux associations s’étaient donné rendez-vous à Verdun et Douaumont, les 22 et 23 septembre pour honorer, cent ans après, tous les morts de la Grande Guerre.

Pour être naturelle, cette démarche n’en était pas moins remarquable, dans la mesure où l’initiative venait de nos amis du Bundestag et du Bundesrat, et en particulier de leur Président, Michael HILGER.

Remarquable, le projet était également original. Deux d’entre nous étant par ailleurs membres de l’Association des Écrivains Combattants, nous avons choisi de donner la parole aux poètes témoins de la Guerre, en mettant l’accent sur le vécu du soldat au quotidien.

Ainsi est né un recueil d’une vingtaine de poèmes.

Il commence par des textes prémonitoires, ceux d’Arthur RIMBAUD (Le dormeur du val ) et de Goerg HEYM ( Nach der Schlacht ) et se poursuit par des poèmes-témoignages d’écrivains sur le  front (Guillaume APOLLINAIRE, August STRAMM, Roland DORGELÈS, Wilhelm KLEMM, Wilfred OWEN, Georg TRAKL, Alan SEEGER …). La souffrance des familles à l’arrière est exprimée par des textes poignants de Blaise CENDRARS et de MARIE NOËL.

Les tirailleurs sénégalais ne sont pas oubliés, Léopold Sédar SENGHOR leur ayant rendu en 1938 un hommage mérité.

Au moment de choisir les poèmes à lire à l’Ossuaire de Douaumont, un juste équilibre a été trouvé entre un poète allemand célèbre et deux jeunes poètes français très talentueux mais trop tôt disparus.

De fait Georg HEYM, illustre poète admirateur de RIMBAUD et d’HÖLDERLIN, a écrit des vers sublimes, qui, partant de la description réaliste d’un champ de bataille (In Maiensaaten / liegen eng die Leichen.), entrouvrent la porte d’une furtive aurore.

De leur côté nos deux écrivains français ont su trouver des mots qui font mouche.

Le premier, Georges SABIRON, dans un haïku, décrit, en six vers percutants, l’explosion d’un obus (L’obus en éclat/ fait jaillir du bouquet d’arbres/un cercle d’oiseaux /Trou d’obus où cinq cadavres/unis par les pieds rayonnent,/lugubre étoile de mer.)

Le second, Christophe COLOMBE, rend hommage dans une émouvante ballade aux soldats disparus (Priez pour ceux qu’on ne retrouve pas !).

Notre ébauche d’anthologie s’achève par une citation d’ALAIN FOURNIER, mort pour la France, le 22 septembre 1914 :

« Il va falloir marcher en se tenant la main, voyageurs des mois gris partis
aux grands chemins ».

Feuille de route pour tous et pour chacun, hier comme aujourd’hui.

Michel RICHARD, Vice-Président de l’Association des Fonctionnaires Parlementaires Membre de l’Association des Écrivains Combattants. Membre de l’AFDMA.

L’AFDMA est membre de la Fédération des Associations Franco-Allemandes pour l’Europe

 

IFRI, visions franco-allemandes n°29. Novembre 2018

« De Meseberg à nulle part ? Des impulsions franco-allemandes pour la zone Euro ».

 Par Eileen Keller.
La présente note analyse les efforts de la France et l’Allemagne pour réformer en profondeur l’Union économique et monétaire européenne, fréquemment appelée Union monétaire européenne. Ces efforts ont abouti en juin 2018 à la déclaration de Meseberg. Cette note les replace dans le contexte des tentatives de réformes passées et des différentes options envisageables. Elle évoque les lacunes économiques et institutionnelles de la monnaie commune et s’interroge sur la problématique de la faisabilité politique.

« De Meseberg à nulle part » est l’expression employée par Werner Mussler, correspondant économique de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) à Bruxelles, peu après le sommet des chefs d’État et de gouvernement européens fin juin, pour prédire le sort réservé à la déclaration commune du président français et de la chancelière allemande. Cette déclaration âprement négociée a été présentée le 19 juin dans la résidence d’hôtes du gouvernement fédéral à Meseberg, aux portes de Berlin. Les critiques de Werner Mussler portaient aussi bien sur les propositions de compromis visant à renforcer la zone euro que sur leurs chances d’être effectivement mises en œuvre.

Les négociations sur l’évolution future de la zone euro traversent de toute évidence une zone de turbulences. On est cependant amené à tirer une conclusion différente, car les réformes proposées dans la déclaration, même si elles n’ont pas encore été détaillées, s’appuient sur des motivations économiques et politiques solides. Soyons francs : les négociations sur l’Union monétaire ont toujours été difficiles en raison des différences de concepts économiques et des intérêts et besoins économiques divergents. Les dirigeants qui ont signé la déclaration sont cependant des personnalités politiques exceptionnelles, qui ont déjà démontré leur aptitude à gérer et faire aboutir des négociations difficiles. Et encore faudrait-il qu’Angela Merkel reste au pouvoir.

Eileen Keller est spécialiste des questions économiques à l’Institut franco-allemand (dfi) de Ludwigsbourg. Ses activités de recherche, de publication et d’enseignement la conduisent à intervenir régulièrement sur les politiques économiques et financières de la France et de l’Allemagne et sur l’intégration financière et économique en Europe.

Cette publication est également disponible en allemand sur le site de l’Institut franco-allemand : Von Meseberg nach nirgendwo? Deutsch-französische Impulse für die Eurozone. (PDF)

Notes du Cerfa, n° 145, Ifri, décembre 2018

« Transformation numérique de l’industrie : l’enjeu franco-allemand »

 Dorothée KOHLER, Jean-Daniel WEISZ

L’enjeu de la transformation numérique de l’industrie a provoqué en France comme en Allemagne le retour de l’État et l’instauration d’une politique industrielle subsidiaire. Se sentant menacée dans son leadership industriel, l’Allemagne a mobilisé ses ressources à travers l’Industrie 4.0 en construisant une vision autour du concept de « système cyber-physique » avant de développer dans chaque Land une offre d’accompagnement. La France a de son côté forgé le concept d’Industrie du futur en suivant une logique de modernisation de l’outil de production, renforçant notamment l’automatisation et misant sur l’intégration de nouvelles briques technologiques. Les deux pays disposent désormais d’une infrastructure d’accompagnement sur leurs territoires respectifs. Les enjeux de l’Industrie 4.0 pour les systèmes de production, l’organisation du travail, les métiers, les compétences et l’emploi y sont anticipés à travers des instances de dialogue et de concertation.

Mais au-delà des périmètres de chaque usine, le développement du numérique industriel bouleverse en profondeur la répartition du pouvoir au sein des branches et filières entre donneurs d’ordre, sous-traitants et prestataires des Nouvelles technologies de l’information (NTIC). Cet enjeu culmine dans la question des plateformes de services industriels qui s’imposent progressivement comme une infrastructure essentielle de l’économie. Or les effets d’échelle de ces plateformes sont largement capturés par les fournisseurs d’infrastructure dominés aujourd’hui par certains GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft).

Face à ces défis, la coopération franco-allemande a tout intérêt à s’intensifier autour de trois axes essentiels : la régulation des acteurs de plateformes pour construire un marché concurrentiel, le développement des leviers de la compétitivité relationnelle entre nos deux pays et la conduite d’une réflexion et d’une action communes sur l’avenir du travail.

Dorothée Kohler, docteur en géographie et diplômée de Sciences Po Urba, dirige KOHLER C&C, cabinet de conseil en stratégie et développement des organisations. Chercheur au Centre Marc Bloch, spécialiste de la transformation des territoires industriels allemands et français, elle poursuit sa carrière en 2001 dans l’industrie.

Jean-Daniel Weisz, diplômé de l’EM-Lyon et docteur en économie, est expert du Mittelstand et de la transformation numérique (Industrie 4.0) en France et en Allemagne.

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Le n° 3 / 2018 vient de paraître, avec un dossier sur « Heimat – un terme polémique», avec pour rédactrice en chef Ute Schaeffer et pour rédactrice Audrey Parmentier.

La revue est maintenant bilingue, tous les articles étant traduits dans la langue du partenaire. Quelques titres d’articles : « Heimat, davantage un sentiment qu’un lieu », « Heimat n’est pas la patrie », « Heimat, un sentiment qui est façonné par les lieux, l’expérience et le souvenir »…

A la rubrique « Politique » : « Un nouveau ton en Europe », «  l’Europe d’abord ! », « Des amis ennemis de l’Europe ».

Et aussi les rubriques « société », « Culture et histoire », « Formation ».

Le n° 4 / 2018 vient également de paraître, sous forme d’un « best of » de Dokumente / Documents, entièrement en allemand.

En 2019, le magazine sera remplacé par une plate-forme numérique qui permettra d’avoir plus de contributions multimédia ainsi qu’une plus grande participation.

Nouvelle adresse :

Verlag Dokumente GmbH

Birker Str. 1 j

D-53797 Lohmar

Tél : 0049 22469499220

E-mail : redaction@dokumente-documents.info

Internet : www.dokumente-documents.info

 

SOMMAIRE  Allemagne d’aujourd’hui

N° 226 octobre – décembre 2018

 

DOSSIER

Les relations franco-allemandes : vers un nouveau traité de l’Élysée

Un dossier dirigé par Hans Stark et Jérôme Vaillant

ÉDITORIAL

Des difficultés franco-allemandes, Hans Stark et Jérôme Vaillant

– H. Miard-Delacroix : Les apports du traité de 1963.

– C. Demesmay : A la recherche d’un nouveau souffle – un traité 2.0 pour la coopération franco-allemande.

– C. Lequesne, J. Schild : La relation franco-allemande et la relance de l’Union européenne.

– P. Kauffmann : Le tandem franco-allemand et l’avenir de la zone euro.

– H. Uterwedde : Politique économique : quelles convergences franco-allemandes ?

– J.-M. Trouille : L’impact du Brexit sur la relation franco-allemande.

– M. Drain : L’Allemagne et les Opérations militaires extérieures (Opex), quelle coopération avec la France ?

– D. David, H. Stark : Cinquante ans après mai 68 – où en sont les gauches en France et en Allemagne ?

– H. Ménudier : Les bouleversements électoraux en Bavière et en Hesse sonnent la fin de l’ère Merkel.

– N. Meyer-Landrut : Hommage à Alfred Grosser.

 – J.-P. Bernardy : Das schweigende Klassenzimmer (La révolution silencieuse), un film de Lars Kraume.

Comptes rendus

  1. Krapoth et C. Aslangul-Rallo, Les relations franco-allemandes en perspectives. Sources, méthodes et temporalités pour une approche des représentations depuis 1870 (I. Terrein) – Recherches Germaniques. Hors série n° 10/2015, « Des animaux et des hommes/Von Tieren und Menschen » (N. Teuber-Terrones) – Nicolas Offenstadt, Le pays disparu. Sur les traces de la RDA (J.-L. GEORGET) – Pic Muriel et Ritte Jürgen, W.G. Sebald Littérature et éthique documentaire (M. Floch) – Élise Petit, Musique et politique en Allemagne. Du IIIe Reich à l’aube de la guerre froide (A.-M. Corbin) – Christian Mertens, 1938. « Wir wissen es, dass diese Beamtentschaft ihre Pflicht auch im neuen Wien tun wird ». Die Wiener Stadtverwaltung 1938, Wienbiblithek im Rathaus (A.-M. Corbin) – Michel Grunewald, Olivier Dard, Uwe Puschner, Confrontations au national-socialisme en Europe francophone et germanophone. Auseinandersetzungen mit dem Nationalsozialismus im deutsch- und französischsprachigen Europa 1919-1949 (A.-M. Corbin) – Jean-Pierre Guéno, La mélodie volée du maréchal. L’incroyable histoire de Casimir Oberfeld, compositeur (malgré lui) de l’hymne pétainiste (A.-M. Corbin) – Jean Rebreuz, Franz Radziwill, l’imagier ambigu (S. Le Grand – Ticchi) – Max Weber, Réalisme, rêverie et désir de puissance (J. Sellier).

Notes de lecture de J.-C. François :

Christoph Hein, Verwirrnis – Hermann Korte, Prosa der DDR – Falk Richter, État d’urgence.

 

 

Les manifestations franco-allemandes

 

Conférences / débats à la Maison Heinrich Heine

 Cité universitaire internationale, boulevard Jourdan, Paris 14ème

 

Extraits du programme

Réservations : contact@maison-heinrich-heine.org / tél : 01 44 16 13 00

Mercredi 16 janvier 2019

de 19h30 à 21h30

Débat : « L’Allemagne et la France face aux défis de l’Europe »
avec Richard Ferrand et Norbert Lammert

Le traité de l’Élysée qui scelle la réconciliation franco-allemande sera reconfirmé le 22 janvier 2019, à un moment charnière de l’histoire européenne. Le Président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand et l’ancien Président du Bundestag et Président de la Konrad-Adenauer-Stiftung Norbert Lammert discuteront de l’avenir des relations franco-allemandes, des conséquences du Brexit et des défis pour les élections européennes de mai 2019. Quelles stratégies la France et l’Allemagne peuvent-elles adopter face à la montée du populisme et aux migrations du XXIe siècle ?

En coopération avec la Konrad Adenauer Stiftung.

Réservation nécessaire.

 

 Lundi 21 janvier 2019

de 19h30 à 21h30

Table ronde : « Où en sont les relations franco-allemandes ? »

L’Assemblée Nationale et le Bundestag vont approfondir leur coopération institutionnelle et un nouveau texte devrait compléter le traité de l’Élysée. Les divergences l’emportent toutefois sur les convergences en matière de politique européenne. Quelle est la pertinence du « couple » France-Allemagne à quatre mois des élections européennes ?

Avec C.Arend, député (LREM) et président du groupe d’amitié France-Allemagne, S.Goulard, second gouverneur de la Banque de France, U.Groden-Kranich (MdB / CDU), membre du groupe France-Allemagne, C.Schubert, correspondant économique à la FAZ, et H.Ménudier, prof.hon. à l’université Paris 3.

Réservation nécessaire.

 

Jeudi 31 janvier 2019

de 19h30 à 21h30

Table ronde : « Après le nouveau traité de l’Élysée, un nouveau départ pour les relations franco-allemandes ? »
Le 22 janvier 2019, un nouveau traité de l’Élysée sera présenté en même temps que le traité parlementaire franco-allemand négocié entre l’Assemblée nationale et le Bundestag. Les spécialistes des relations franco-allemandes s’interrogent sur les convergences et divergences entre la France et l’Allemagne, leurs attentes et leurs déphasages, et sur la question de savoir si le tandem franco-allemand peut encore faire avancer la construction européenne.

Avec Claire Demesmay, responsable du programme Relations franco-allemandes de la Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik, Hans Stark, secrétaire général du CERFA / IFRI, Jean-Marc Trouille, professeur à l’université de Bradford et Jérôme Vaillant, professeur ém. de l’Université de Lille 3 et éditeur d’Allemagne d’aujourd’hui.

En coopération avec Allemagne d’aujourd’hui.

 

Le programme est régulièrement mis à jour sur le site

www.maison-heinrich-heine.org

 

La vie de l’AFDMA

Les Prix de l’AFDMA

 

Les lauréats pour 2018

Le 17 novembre dernier, notre Délégué régional pour le Grand Est, Cyrille Schott, a remis le Prix de l’AFDMA, lors de la cérémonie de remise des prix du Gymnase Jean Sturm dans l’amphithéâtre Jean Cavaillès de l’université de Strasbourg, à Marie Gester.

Grâce à ses compétences dans la langue allemande et ses très bons résultats au Deutsches Sprachdiplom der KMK, Marie a été admise pour le cursus bilingue franco-allemand entre les universités de Potsdam et de Paris-Nanterre.

Après deux ans d’études à Potsdam, sa promotion poursuivra ses études pendant un an à Paris. Elle aura ensuite le choix entre le Master en France et le Staatsexamen en Allemagne. Les étudiants suivent les cours de droit allemand civil, pénal et constitutionnel, mais aussi de droit français et  européen.

Séminaire annuel du Bureau et des Délégués régionaux de l’AFDMA

 du 17 au 19.10.2018 à Klingenthal

Comme à l’accoutumée, ce séminaire destiné à améliorer l’information, la communication et la connaissance réciproque des membres du Bureau et des Délégués régionaux, a eu lieu dans le cadre enchanteur et « gemütlich » du Château de la Fondation Goethe,  à son invitation. Un grand merci à Mme Stintzi, sa Directrice, pour la qualité et la chaleur de son accueil.

Il a réuni 9 participants, dont 3 Délégués régionaux qui ont fait part de leur action au cours de l’année passée, tout particulièrement en Alsace, en Lorraine et en Occitanie. Les autres n’avaient pu effectuer le déplacement en raison de problèmes de santé ou de disponibilité personnelle.

L’ordre du jour a permis d’aborder les sujets de préoccupation de l’association, entre autres l’insuffisance du taux de cotisants. La nette amélioration de la visibilité a été soulignée, avec des contributions d’excellente qualité de certains membres, publiées dans la « Lettre d’information », sur le site internet et sur la page facebook. Qu’ils en soient remerciés.

La rencontre s’est terminée le 19 octobre par la visite du Mémorial du Hartmannswillerkopf, haut lieu d’affrontements franco-allemands pendant la 1ère guerre mondiale. Un moment émouvant qui a permis de se remémoriser un épisode tragique des relations entre nos deux pays.

 

Page « facebook » de l’AFDMA

Pour mémoire : En plus du site internet «www.afdma.fr », nous disposons d’un outil de communication supplémentaire sous la forme d’une page « facebook », sous l’appellation « Association Française des Décorés du Mérite Allemand ».

Cette page est régulièrement mise à jour et comprend, conformément à la mission de l’AFDMA, des informations sur la coopération franco-allemande, sur l’Allemagne et sur l’Europe. Elle permet une interactivité.

Venez nombreux la visiter et nous faire part de vos avis sur les sujets abordés.

 

APPEL / RAPPEL

 La vie de l’AFDMA, ce sont aussi les cotisations de ses membres.

Merci de nous soutenir dans notre engagement.

Le montant reste inchangé en 2019 : 30€, à adresser par chèque dans les meilleurs délais à notre trésorier, Bernard Lallement, 142 rue Boucicaut, 92260 Fontenay aux Roses.

Pour tout virement, voici les coordonnées bancaires de l’AFDMA :

Compte n° 08231147386 auprès de la Caisse d’Epargne d’Ile de france

IBAN : FR76 1751 5900 0008 2311 4738 636