Les Parlements allemand et français pour une nouvelle dynamique en Europe
L’Assemblée parlementaire franco-allemande se réunit ce jeudi 28 mai 2020 pour discuter des conséquences de la crise du Covid-19. Les présidents du Bundestag et de l’Assemblée nationale appellent Paris et Berlin à impulser une nouvelle dynamique en Europe.
L’Assemblée parlementaire franco-allemande se réunit ce jeudi par visioconférence pour une séance extraordinaire consacrée aux stratégies transfrontalières face à l’épidémie de Covid-19 et à ses conséquences. Les ministres de l’Intérieur des deux pays, Horst Seehofer et Christophe Castaner, répondront aux questions des cent députés qui la composent (50 issus du Bundestag, 50 de l’Assemblée nationale). Il sera question des contrôles frontaliers, mais aussi des initiatives envisagées à l’échelle européenne pour répondre à la crise.
Frontières
À la frontière commune, « les barrières physiques sont levées, mais il faut maintenant lever les barrières juridiques », a expliqué sur les ondes le député Andreas Jung, l’un des deux co-présidents de l’Assemblée bilatérale créée en 2019. Les déplacements d’un pays à l’autre « doivent à nouveau faire partie de la normalité ».
C’est plus qu’un symbole, souligne-t-il. « C’est aussi un progrès concret. Parce qu’à l’heure actuelle, quand le marché intérieur ne fonctionne pas pendant un certain temps, nous nous rendons compte de son importance et de son impact sur nos pays, sur nos économies et sur les populations ».
« Tirer les leçons de cette crise »
Dès mardi, les présidents du Bundestag et de l’Assemblée nationale, Wolfgang Schäuble et Richard Ferrand, s’étaient déjà prononcés pour « le rétablissement immédiat de la libre circulation au sein de l’espace Schengen lorsque les conditions seront remplies ».
Dans une déclaration commune, ils ont appelé, plus largement, la France et l’Allemagne à « tirer les leçons de cette crise » pour « insuffler une nouvelle dynamique » en Europe.
« Une dynamique », ont-ils souligné, « qui fasse de l’Europe un continent plus ouvert aux technologies et, partant, plus compétitif et plus durable ». Une dynamique, aussi, « qui n’accroît pas les différences en Europe mais qui les réduit ».
Richard Ferrand et Wolfgang Schäuble voient dans cette crise « une rupture » qui vient révéler les fragilités de notre modèle économique. La délocalisation des sites de production et l’internationalisation des chaînes d’approvisionnement, analysent-ils, ont accru le risque d’un « arrêt d’une chaîne d’approvisionnement si l’un des maillons est défaillant ». Ils appellent à développer des stratégies pour rendre l’Europe plus souveraine et pour la doter d’une autonomie stratégique dans les secteurs vitaux. Ils soutiennent aussi le « Pacte vert » de la Commission européenne comme « nouvelle stratégie de croissance de l’Union européenne (UE) ».
Dans ce contexte, ils souhaitent accompagner dans le cadre parlementaire l’initiative de relance présentée par la chancelière Angela Merkel et le président Emmanuel Macron. Ils souhaitent qu’elle donne « le coup d’envoi pour mettre au point une sorte de nouveau Plan Schuman » (i.e. le plan qui a donné naissance il y a 70 ans à la Communauté européenne du Charbon et de l’Acier, berceau de la construction européenne, ndlr).
« Notre défi », soulignent-ils, « doit consister maintenant à lancer une décennie d’investissements dans le renforcement de notre résilience, dans les domaines de la santé publique, du développement durable et du climat, ainsi que de la sécurité globale du continent ».
A.L.