Lettre d’information n°47, juillet 2021.
LA LETTRE D’INFORMATION
sur les relations franco-allemandes et l’Allemagne
N° 47. Juillet 2021.
Responsable de la rédaction : Bernard Viale.
Délégué à la « Communication ».
Le mot du Président
Chers membres de l’AFDMA, chers amis,
En ce début d’été 2021, quelques nouvelles réjouissantes : la levée des restrictions de circulation en Europe et tout particulièrement entre nos deux pays va permettre la reprise d’une relation d’amitié et d’une coopération « en présentiel » tant attendue. Les échanges et les contacts des acteurs de la société civile, qui en constituent le socle, vont pouvoir reprendre rapidement, en respectant toutefois les consignes de prudence et de sécurité, et en espérant que la « 4ème vague »annoncée par certains n’aura pas lieu. Tout au long de la crise, l’imagination a été au pouvoir pour maintenir les liens existants en faisant en particulier appel à l’informatique, avec l’aide des institutions comme l’OFAJ et le Fonds citoyen franco-allemand.
Mis à part l’épisode de la fermeture temporaire des frontières, qui a été unanimement regrettée lors de la dernière réunion de l’Assemblée parlementaire franco-allemande (voir article p. 14), la coopération entre nos pays n’a jamais perdu en intensité et en fréquence. Les consultations se sont multipliées, le conseil des ministres franco-allemand s’est réuni…
Le moteur franco-allemand a été déterminant pour l’Europe pendant toute la crise, par exemple pour l’adoption du plan de relance, et la solidarité franco-allemande ne s’est pas démentie, malgré les critiques dont elle a pu faire l’objet, prouvant une nouvelle fois sa solidité.
Réjouissons-nous donc, continuons à nous protéger et reprenons avec plaisir et enthousiasme ces relations de confiance et d’amitié qui nous sont si chères.
Général (2S) Bertrand Louis Pflimlin
Président
Sommaire :
- Le mot du Président.
- P. 2 : Publications : Les Allemands et Napoléon à l’heure du bicentenaire, par Michel Kerautret.
- P.10 : le sommaire de la revue « Allemagne d’aujourd’hui », avec un dossier « la présidence allemande du Conseil européen, pour quoi faire « ?
- P.11 : A Berlin, les migrations forcées d’hier et aujourd’hui.
- P.13 : Elections fédérales allemandes : le retour au pouvoir des libéraux démocrates du FDP ? Notes du CERFA /IFRI
- P.14 : Manifestations franco-allemandes : 6ème réunion de l’Assemblée parlementaire franco-allemande.
- P.16 : Prix Joseph Rovan.
- P.17 : la vie de l’AFDMA. Le Prix AFDMA ; Julien Hauser à l’honneur.
Publications
Durant les mois passés, nous avons publié un certain nombre d’articles sur notre site internet www.afdma.fr que nous ne reprenons pas dans cette « Lettre d’information ». Vous les retrouverez en page d’accueil à la rubrique « En direct du franco-allemand » ou dans le « carrousel d’articles d’actualité ».
Exemples :
– « Une Ostpolitik renouvelée ? Visions depuis l’Allemagne et la France ». Par Cyrille Schott.
– « La coopération franco-allemande en matière de défense ». Une tribune (Vauban) et une réponse, par Patrick Bellouard et Cyrille Schott.
– « l’anniversaire du Fonds citoyen franco-allemand ».
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Les Allemands et Napoléon à l’heure du bicentenaire
Napoléon a déterminé l’histoire de l’Allemagne autant qu’il a façonné celle de la France, tous les Allemands le reconnaissent. Ils l’ont rappelé depuis vingt ans par de multiples manifestations. Mais quel jugement portent-ils aujourd’hui sur sa personne et sur son œuvre ?
Par Michel KERAUTRET, Fonctionnaire parlementaire, historien.
Article paru dans la « Revue politique et parlementaire » au 2ème trimestre 2021 et publié avec l’accord de l’auteur.
Pour une lecture du texte assorti de ses notes de lecture, voir www.afdma.fr. (Rubrique « Carrousel d’actualité »).
« Au début était Napoléon » (Am Anfang war Napoleon).
Cette formule de Thomas Nipperdey constitue désormais un lieu commun. Reste à savoir si le démiurge a travaillé pour le meilleur ou pour le pire. Modernisateur éclairé pour certains, d’autres le rendent coupable de tout ce qui a suivi, les nationalismes, voire le fascisme et l’hitlérisme. Les polémiques n’ont pas manqué depuis deux siècles, reflétant les enjeux des époques successives.
En 2001, pourtant, dans l’essai qu’il lui consacrait parmi les « lieux de mémoire » allemands, Hagen Schulze croyait déceler que le personnage sortait peu à peu de l’horizon historique des Allemands : il aurait cessé d’être une référence pour les débats du présent. On entrait alors dans l’ère des bicentenaires : ce diagnostic est-il validé aujourd’hui ? Alors que les commémorations suscitent quelques polémiques en France, l’Allemagne regarde-t-elle le passé napoléonien de façon plus sereine, voire détachée ? Napoléon n’appartiendrait-il plus désormais qu’à l’histoire et aux historiens ?
Napoléon et l’Allemagne
Les vingt années qui viennent de s’écouler auront permis de parcourir à nouveau le chemin suivi il y a deux siècles. Pour l’Allemagne, la relation avec Napoléon Bonaparte n’avait commencé vraiment qu’en 1801, lorsque le traité de Lunéville rattache la rive gauche du Rhin à la République française. Les conséquences sont immenses : en 1802 s’ouvre dans le Saint Empire, sous l’égide du Premier consul, un vaste remembrement – suppression des souverainetés ecclésiastiques, disparition de presque toutes les villes libres, redistribution de cette masse entre les princes. Ce processus à peine achevé avec l’adoption du Recès de Ratisbonne, le nord de l’Empire est touché en 1803 par la guerre franco-anglaise, lorsqu’un corps français occupe le Hanovre, possession du roi d’Angleterre.
En 1804, Napoléon, désormais empereur, rend visite à ses sujets allemands du Rhin : à Aix-la-Chapelle sur la tombe de Charlemagne, à Cologne, à Mayence. L’année suivante, il s’allie avec les princes voisins, exposés à la menace de l’Autriche : ils sont récompensés après Austerlitz. Voilà les électeurs de Bavière et de Wurtemberg promus rois « par la grâce de Napoléon » et leurs domaines fortement agrandis. L’Autriche est rejetée vers l’est.
Tout s’accélère en 1806. Des alliances de famille sont conclues : Eugène de Beauharnais épouse Auguste de Bavière, sa cousine Stéphanie devient princesse de Bade. Un duché de Berg est créé à Düsseldorf pour Murat. La Confédération du Rhin consolide l’alliance entre l’Empire français et les États du sud et de l’ouest de l’Allemagne. Le Saint Empire « millénaire » cesse d’exister en août ; l’éditeur Palm est fusillé peu après, devenant « le premier martyr de la liberté allemande ». La Prusse déclare la guerre, elle est écrasée à Iéna, Napoléon entre à Berlin et Potsdam à la fin d’octobre. Hambourg et les rivages du nord sont occupés, la Saxe rejoint la Confédération du Rhin. Entre-temps, le philosophe Hegel, professeur à Iéna, aura vu passer « l’âme du monde à cheval ».
Après ce tournant de 1806 – l’une des trois dates-clés de son histoire avec 1648 et 1945 –, l’Allemagne n’en a pas fini avec Napoléon. En 1807, à Tilsit, malgré une entrevue dramatique entre l’empereur et la reine Louise, la Prusse est amputée de moitié. Berlin restera occupé pendant des mois. Un royaume de Westphalie est créé, « État modèle » confié à Jérôme Bonaparte, qui épouse la fille du roi de Wurtemberg. Napoléon demande à ses alliés d’introduire le Code civil et la tolérance religieuse, d’abolir le servage, de se doter de constitutions. En 1808, à l’occasion de sa rencontre avec l’empereur de Russie, Napoléon réunit à Erfurt, un territoire qu’il s’est « réservé » en Thuringe, la plupart des souverains allemands. Il y converse avec Goethe et Wieland et leur remet la légion d’honneur.
La guerre reprend en 1809 contre l’Autriche, affectant surtout la Bavière, la région de Vienne et le Tyrol insurgé par Hofer ; les alliés de la France combattent à ses côtés. Quelques révoltes éclatent dans le nord, un étudiant tente d’assassiner Napoléon à Schönbrunn. En 1810, l’empereur apporte d’ultimes retouches à la carte de l’Allemagne. Son mariage avec Marie-Louise de Habsbourg rassure les Allemands pour l’avenir. En 1811, l’empereur fait un bref séjour à Düsseldorf, frappant l’imagination du jeune Heinrich Heine, âgé de 14 ans. Le ressentiment national couve cependant en Prusse, tandis que les effets du blocus continental irritent de plus en plus les habitants des pays alliés.
Pendant ce temps, divers contingents de la Confédération du Rhin servaient en Espagne avec les soldats français. Ce n’était rien encore au regard de l’effort demandé aux alliés en 1812 pour la guerre contre la Russie : 60 000 hommes, distribués entre divers corps, partagent les épreuves de la Grande armée (sans compter les corps auxiliaires autrichien et prussien, demeurés en marge). Leurs pertes sont immenses.
L’année 1813 sonne l’heure de la revanche pour la Prusse, qui entre en guerre aux côtés de la Russie. Un mouvement national allemand émerge dans certaines régions. La guerre se déroule en Saxe, d’abord incertaine. Après la défection de l’Autriche et la « bataille des nations » de Leipzig, Bavarois, Saxons et Wurtembergeois rejoignent la coalition en octobre. Ils participent l’année suivante à l’invasion de la France.
Les Allemands contribuent enfin en 1815 au dernier coup porté à Napoléon : ils sont beaucoup plus nombreux à Waterloo que les Britanniques (dont certains sont d’ailleurs Hanovriens). Blücher, inspiré par Bülow et Gneisenau, joue le rôle décisif à « Belle Alliance » le soir du 18 juin. Le Congrès de Vienne a redessiné entre-temps la carte de l’Europe mais conservé en Allemagne presque tous les changements apportés par Napoléon.
Vingt ans de commémorations
Tout ce passé vieux de deux cents ans, où l’histoire de Napoléon et celle des Allemands avaient été si imbriquées, les deux décennies écoulées ont permis de le redécouvrir au fil des années, dans les différents lieux où il s’était inscrit. Les expositions, colloques, commémorations se sont succédé sans trêve. Trois moments forts se détachent cependant : le bicentenaire de la fin du Saint Empire et de la déroute de la Prusse en 2006 ; celui de la « guerre de la liberté » (ou « de libération ») et de la bataille de Leipzig en 2013 ; celui de Waterloo enfin, qui a clos le cycle napoléonien en 2015.
Dans ce pays fédéral, les initiatives ont surgi un peu partout. Les journaux locaux ont glané à l’envi des anecdotes dans les travaux des sociétés érudites : un passage de Napoléon à Lengfurt ou à Mannheim, un pillage évité à Hersfeld, une lettre de Napoléon découverte à Francfort-sur-l’Oder, une statue sauvée du pillage à Brême, l’uniforme d’un déserteur français récupéré à Görlitz, etc. font l’objet d’un article. Parfois, des découvertes archéologiques relançaient l’intérêt : des squelettes de soldats trouvés à Aspern, en Autriche, en 2011, puis à Wagram en 2018, d’autres exhumés à Francfort en 2015 .
Certains souvenirs conservent leur poids de tragédie : celui de Palm a été commémoré à Braunau, lieu de son exécution, ainsi qu’à Schorndorf, sa ville natale ; celui d’Andreas Hofer reste très présent dans le Tyrol – un vaste panorama de sa victoire de Bergisel a été restauré au centre d’Innsbruck. On s’est aussi rappelé, en 2012, les hommes tombés en Russie pour une cause qui n’était pas la leur : des listes nominatives étaient produites ici et là, les archives du Wurtemberg ont monté une exposition itinérante.
Mais les mémoires sont contrastées. En Sarre et en Rhénanie, régions françaises il y a deux siècles, on a gardé un souvenir positif, confirmé par des expositions et publications à Trêves et Sarrebruck, à Coblence, Sarrelouis, Guntersblum… Aix-la-Chapelle, qui avait eu son exposition dès 1995, a édité un beau livre il y a trois ans sur sa période napoléonienne. Mayence a mis à l’honneur un tableau donné à son musée par Bonaparte. Ludwigshafen, qui n’existait pas à l’époque, s’est juste rappelé le passage du Rhin par les Russes en 1814, non loin de la ville actuelle. Le musée de Cologne associe le souvenir de Napoléon à une exposition égyptologique. À Hambourg, un trésor de pièces d’argent retrouvé a permis d’évoquer « l’époque française » et le siège de 1814.
Les combats les plus mémorables n’ont évidemment pas été oubliés. Les bourgades d’Elchingen et Abensberg ont mis sur pied des expositions en souvenir de 1805 et 1809. A Ratisbonne, où l’on avait commémoré en 2003 le fameux Recès, on a rejoué six ans plus tard les batailles de 1809, et apposé diverses plaques : telle d’entre elles, trop vindicative, a suscité de vives polémiques. Du côté autrichien, on s’est rappelé la victoire d’Aspern, ainsi que diverses opérations dans le Tyrol, à Salzburg, en Carinthie et en Basse-Autriche. Mais ce sont surtout les guerres de 1806 et 1813, impliquant la Prusse, qui ont concentré l’attention autour d’amples reconstitutions, expositions et colloques : à Iéna, Gransee, Berlin, etc. en 2006; à Grossgörschen, Dresde, Dennewitz, Leipzig, Halle, Hanau en 2013 – mais pas à Bautzen, où l’on redoutait l’excès d’affluence. Le bicentenaire de Waterloo a suscité quelques expositions supplémentaires en 2015.
Mémoires régionales et histoire nationale
Le militaire n’a pas accaparé toute l’attention néanmoins. Les manifestations les plus importantes, organisées par les Länder, affichaient une autre ambition : expliciter le rôle que Napoléon avait joué dans leur histoire et dans la vie quotidienne de leurs ancêtres. La Bavière a mis sur pied deux grandes expositions : à Munich en 2006, deux siècles après la création du royaume ; au musée militaire d’Ingolstadt en 2015. Le Wurtemberg a fait de même à Stuttgart, et le Bade à Karlsruhe en 2006 ; ce dernier a évoqué aussi le rattachement de Fribourg ainsi que la personnalité de son premier grand-duc..La Rhénanie du nord, passée dans l’orbite française après 1806, a présenté pas moins de six expositions napoléoniennes, à Burg (Wuppertal) en 2006, à Wesel et Minden en 2007 puis à Düsseldorf, Münster et Ostbevern en 2011 ; elle a honoré en outre le souvenir du baron de Stein en son château de Cappenberg (2014) et, l’année suivante, celui du poète Grabbe, auteur d’un Napoléon ou les Cent jours.
Le Land de Hesse, héritier de divers États membres de la Confédération du Rhin, s’est souvenu en 2006 des duchés de Nassau (à Wiesbaden), et de Darmstadt dans la ville éponyme, ainsi que du royaume de Westphalie à Kassel et Marburg en 2008 ; il a monté une exposition sur l’archevêque primat Dalberg en son palais d’Aschaffenburg (2010).
La Thuringe n’a pas organisé d’exposition d’ensemble, mais elle a accueilli en 2006 les reconstituants venus à Iéna, et hébergé plusieurs colloques à cette occasion ; Erfurt a commémoré, deux ans plus tard, sa période française et tout particulièrement le congrès de 1808 par des bals et des fêtes costumées, mais aussi par une exposition et un colloque.
La Saxe voisine s’est surtout souvenue de son histoire napoléonienne lors du bicentenaire de la campagne de 1813, qui s’est déroulée pour l’essentiel sur son territoire : plusieurs expositions marquantes ont été présentées à Königstein et à Dresde, ainsi que, pour la dimension proprement militaire, à Leipzig. La Saxe-Anhalt a suivi cet exemple à Halle. Quant au Land de Basse-Saxe, successeur de l’ancien Hanovre britannique et du duché de Brunswick, rayés de la carte par Napoléon, il avait ouvert le bal en 2003 (bicentenaire de la conquête française du Hanovre) par une exposition à Hildesheim; il l’a fermé en 2015, deux siècles après Waterloo, par plusieurs expositions au goût de revanche à Hanovre, Celle et Brunswick. Certaines régions ayant appartenu au Saint Empire, mais ne faisant plus partie de l’Allemagne, ont apporté aussi leur contribution. Après les expositions à sujets militaires de 1809, l’Autriche a commémoré le mariage de Marie-Louise en 2010 puis le congrès de Vienne en 1814. L e Liechtenstein, que Napoléon avait préservé de la médiatisation, lui a rendu hommage en 2015. Même l’ancienne Silésie prussienne, aujourd’hui polonaise, a été associée aux commémorations de 2013 par le biais d’associations de souvenir. La Frise orientale, elle, excentrée aux confins des Pays-Bas, s’est associée à ses voisins d’outre-Enns. La ville de Liège, enfin, qui fut une principauté du Saint Empire, proposera cette année de découvrir « Napoléon au-delà du mythe ».
Au total, plus d’une soixantaine de villes auront consacré au moins un événement à la période napoléonienne. Plusieurs des expositions régionales, qui semblent avoir connu des fréquentations élevées, étaient doublées de présentations plus modestes dans des bibliothèques, dépôts d’archives, musées locaux. C’est dire combien l’histoire de la période, modulée selon ses nuances locales, a été diffusée largement dans toute l’Allemagne au cours des deux décennies écoulées.
Les Länder ayant fait partie du royaume de Prusse représentent cependant un cas particulier. Le Brandebourg et Berlin ont certes été accaparés quelque temps par le héros de Potsdam, Frédéric II (né en 1712). Ils n’ont pas négligé cependant la période napoléonienne, mais l’ont traitée en quelque sorte par son envers, consacrant une série d’expositions à des adversaires de l’empereur : le chancelier Hardenberg en 2009 ; la reine Louise en 2010 ; le franc-tireur Lützow en 2015 ; et en 2019, « l’Apollon prussien », le prince Louis-Ferdinand, tué au combat en 1806. Et encore l’architecte iconique Schinkel (2012) ; le poète Kleist, ennemi radical de Napoléon, suicidé en 1811 ; sans oublier Mme de Staël, Berlinoise d’honneur, qui a fait l’objet d’un colloque en 2017. Et si Berlin consacrait une exposition à Napoléon lui-même, c’était sous l’angle de la caricature.
La Poméranie a distingué de même le major prussien Schill, héros de Kolberg en 1807, et rebelle en 1809 ; ainsi que le terrible « Vater » Arndt, qui exécrait tout ce qui se rattachait à la France. Le clivage entre les alliés de la Confédération du Rhin et les adversaires de Napoléon n’a pas été entièrement oublié !
Le niveau fédéral a participé, lui aussi, à son échelle à cet ample mouvement de retour sur le passé. En 2006, la longue histoire du Saint Empire a été saluée, deux siècles après sa disparition, par deux expositions monumentales : l’une à Magdebourg, l’autre au musée historique de Berlin – la période napoléonienne ne formant que la phase ultime de ce vaste ensemble. Elle constituait, en revanche, le sujet unique d’une grande exposition très médiatisée, présentée à Bonn en 2010 : « Napoleon und Europa. Traum und Trauma », sous la direction de Bénédicte Savoy. Le moment 1813, qui culmine à Leipzig, a fait enfin l’objet d’une exposition et de manifestations diverses à Berlin en 2013-2014.
À toutes ces expositions et commémorations, il faudrait ajouter de nombreux colloques universitaires, publications, conférences qu’il est impossible de recenser ici. La presse, tant régionale que nationale (« überregional »), s’en est fait l’écho à maintes reprises ; Die Zeit, la Frankfurter Allgemeine, la Süddeutsche Zeitung, Die Welt ont fourni des analyses substantielles ; la radio Deutschlandfunk également. Les publications pédagogiques abondent, en ligne notamment, à l’adresse des lycéens ou des étudiants, voire des jeunes enfants. Des pages remarquables sont consacrées à la période par le récent manuel d’histoire franco-allemand.
La télévision, enfin, a produit plusieurs documentaires de type docu-fiction : celui de Karsten Laske pour ZDF, en quatre parties, « Napoleon und die Deutschen » (2009) ; un épisode de la série « Die Deutschen » (2008) ; un film sur la bataille de Leipzig (qui a fait aussi l’objet d’un dessin animé). Arte a coproduit des documentaires sur Austerlitz, Waterloo, Schulmeister ; un autre reviendra le 8 mai sur le bilan napoléonien en Allemagne. En 2015, une table ronde de History Live (Phoenix) a réuni quatre historiens pour en débattre : « Napoléon, tyran ou réformateur » ?
Vers une histoire européenne
Bref, les occasions n’ont pas manqué aux Allemands de mettre à jour leurs connaissances. Au-delà du rôle joué par Napoléon pour l’Allemagne, qui s’achève en 1815, les dernières années ont vu un regain d’intérêt pour sa personne autour de deux anniversaires. Celui de sa naissance en 2019, plus remarqué en Allemagne qu’en France, a suscité de nouveaux livres et de nombreux articles. Quant à l’année de sa mort, elle s’est ouverte avec un beau numéro du trimestriel Spiegel Geschichte consacré à Napoléon et aux Allemands ; d’autres publications ont suivi ou vont suivre.
De nouveaux enjeux, moins nationaux, sont abordés depuis quelque temps. L’édition s’est d’ailleurs ouverte à des auteurs étrangers, français et anglo-saxons surtout : le Napoléon de Jean Tulard était depuis longtemps un classique en allemand ; il a été rejoint par celui de Georges Lefebvre et par le Bonaparte de Patrice Gueniffey, ainsi que par le Napoléon de Zamoyski. On a traduit encore, sur différents sujets, des ouvrages de Roger Dufraisse, Bénédicte Savoy, Thierry Lentz, Claude Ribbe, Anka Muhlstein, Sylvain Tesson (Napoleon und ich) ; ainsi que, de l’anglais, Dominic Lieven, Brendan Simms, Munro Price, Bernard Cornwell, etc. Quant à Jacques-Olivier Boudon, il a dirigé un volume sur les relations franco-allemandes.
Que ce soit l’influence de l’historiographie étrangère, ou le produit d’une recherche vivante, de nouveaux thèmes sont apparus. Les sujets qui fâchaient ne semblent plus de saison depuis que les Français et les Allemands sont devenus des « amis héréditaires ». Les nationalistes les plus haineux, Arndt, Lützow, voire Kleist, sont désormais sulfureux, parfois dégradés comme porteurs du virus nazi en puissance. La notion d’un soulèvement national unanime en 1813 est d’ailleurs contestée. Et pour qualifier l’époque napoléonienne, on ne parle plus guère de « domination étrangère » (Fremdherrschaft) comme autrefois, mais de « l’époque française » (Franzosenzeit), notion souvent associée à celle de « modernisation » – un acquis des travaux historiques commencés dans les années 1970 sur les régions d’Allemagne de l’Ouest ayant appartenu à la Confédération du Rhin. Quant aux grandes batailles livrées contre Napoléon, on les a moins commémorées comme des victoires ou des défaites qu’on ne les a reconstituées sur un mode festif : les acteurs venaient de toute l’Europe. Leipzig et Waterloo ont tout de même donné lieu à quelques rappels plus ambigus, et le jugement est moins positif sur la dernière phase de l’Empire que sur la première. Mais on souhaite manifestement passer à autre chose. Les historiens s’intéressent surtout, désormais, à la vie quotidienne des individus confrontés à l’expérience de la guerre, civils comme militaires. Plusieurs études concernent les épreuves subies en Espagne ou en Russie : par des Allemands, mais aussi par d’autres, l’enquête se voulant comparative et multinationale. Puis la question du genre a émergé, sous l’influence américaine, y compris en liaison avec la guerre et le nationalisme. Celle de l’esclavage dans les Antilles françaises vient enfin de surgir, comme un produit d’importation après la traduction du livre de Claude Ribbe : elle concernait jusque-là très peu les Allemands qui n’ont pas participé à la traite négrière ni possédé de colonies sucrières sous l’Ancien Régime. Elle a été abordée à ce jour de façon factuelle et dépassionnée.
Un dernier thème s’est imposé depuis quelques années, celui de la mémoire : le mythe qui s’est construit, en Allemagne aussi, autour de la figure de l’empereur et, de façon plus générale, la mémoire de cette période extraordinaire. Cela conduit à une réflexion sur le bilan et l’héritage : l’ombre de Napoléon continue de s’étendre sur l’Allemagne et l’Europe comme sur la France. Les juristes se souviennent du Code civil, de l’émancipation des juifs, des premières constitutions allemandes ; la grande presse produit aussi des inventaires à la Prévert, mêlant la simplification de la carte politique, la boîte de conserve, le système métrique, la betterave à sucre et le déchiffrement des hiéroglyphes. Ute Planert conclut plus sérieusement : même si l’Europe de Napoléon n’a pas duré, « sans Napoléon, le chemin de l’Europe vers la modernité aurait été certainement différent, et plus long ». Le nouveau Charlemagne ne serait-il pas, lui aussi, « un père de l’Europe » ?
Familiarité, perplexité
Quant au personnage lui-même, presque tout le monde paraît connaître son nom et quelques traits à son sujet. Dans le grand public, l’anecdote l’emporte à vrai dire sur l’histoire. Napoléon semble un personnage familier, le héros d’un conte ancien. On le stylise volontiers comme une sorte de nabot mégalomane, sans y mettre de réelle animosité. La presse a du reste souligné plusieurs fois que Napoléon n’était pas si petit (1 mètre 68 contre 1 m 57 pour Frédéric II), mais le préjugé reste très enraciné.
On l’identifie certes encore à la Grande nation, et rien de tel pour moquer gentiment ses successeurs, Sarkozy ou Macron, que de les affubler d’un bicorne caractéristique dans les caricatures ou lors des défilés du carnaval. Mais l’histoire de Napoléon n’est pas ressentie pour autant comme purement française, elle relève plutôt d’une mythologie commune, d’une sorte de patrimoine de l’humanité. Le sentiment général rejoint en cela l’histoire savante, qui étudie les guerres napoléoniennes comme un lieu de mémoire européen(50).
L’empereur ne trône d’ailleurs pas seul sur son Olympe : le public allemand connaît aussi ses parèdres. Joséphine a fait l’objet d’une trilogie romanesque, on a publié à nouveau les lettres d’amour de Bonaparte ; la presse a évoqué sa naissance en 2013, puis sa mort en 2014, rendu compte de l’exposition organisée à Paris pour la « It-girl » ou la « Soraya » de Napoléon, « l’impératrice des roses », tenue coupable hélas d’avoir inspiré le rétablissement de l’esclavage. Quant au roi de Rome, deux biographies lui ont été consacrées récemment. D’autres ouvrages traitent de la famille Bonaparte et de certains compagnons de l’empereur ayant eu des liens avec l’Allemagne, comme Talleyrand ( J. Simms), Bernadotte ( J. P. Findeisen), Soult (Axel Fuesen), Davout (A. Felkel) ou encore Denon.
Autre signe que Napoléon est adopté, le nombre des promenades, itinéraires, jardins, portant son nom ou liés à son souvenir : « Sur les traces de Napoléon le long de l’Elbe », « Randonnées Napoléon » autour d’Iéna, « Boucle Napoléon » près d’Ulm, « Parc Napoléon » à Juliers, etc. Et que de routes dont on rappelle qu’elles ont été ouvertes sous son règne, de ponts édifiés sur ses ordres. Pour qui veut sortir d’Allemagne, il existe même un guide du voyage napoléonien en Europe.
Bref, le lion a perdu ses griffes. Bien rares sont ceux qui s’avisent aujourd’hui de comparer Napoléon avec Hitler. C’était pourtant une quasi-évidence il y a quelques décennies : ainsi pour Der Spiegel, en 1951 comme en 1969. Ce ne l’est plus aujourd’hui, sauf peut-être à propos des revers subis par l’un et l’autre en Russie. Mais chacun voit bien la différence des personnalités et des régimes. Et l’on n’a guère pris au sérieux l’imputation de génocide portée en 2005 par l’essayiste français Claude Ribbe, même si Die Zeit a cru devoir poser alors la question à Jean Tulard : « Napoléon a-t-il servi de modèle à Hitler ? ».Cette bonhomie, cette familiarité avec le personnage de Napoléon, ne vaut pas néanmoins canonisation. Mais à l’heure du bilan, les Allemands, à la différence des Français, ne se partagent pas en deux camps irréductibles, entre thuriféraires et imprécateurs. Ils se résignent plutôt à une dualité insurmontable, à des oxymores qui reviennent comme un leitmotiv. « Traum und Trauma », « Génie et despote », « admiré et détesté », « tyran et libérateur », « bon dictateur », « psychopathe de bonne volonté », « Prométhée déchaîné », etc. Napoléon est tout cela en même temps. « Napoleon Napoleoff ». La synthèse paraît impossible. Le jugement humain ne peut qu’être suspendu. La littérature allemande n’a-t-elle pas fait autrefois de Napoléon « un surhomme » (Grillparzer), l’expression suprême de la volonté humaine (Schopenhauer), le héros par-delà le bien et le mal (Nietzsche)? On peut gager que « l’empereur révolutionnaire » n’a pas fini d’occuper les imaginations et les esprits, au-delà de la période commémorative qui s’achève : « Napoleon und (k)ein Ende ».
Michel Kerautret
SOMMAIRE ALLEMAGNE D’AUJOURD’HUI
N° 236 avril – juin 2021
DOSSIER : Bilan de la présidence allemande du Conseil de l’Union européenne (juillet-décembre 2020)
Un dossier dirigé par Paul Maurice, Hans Stark et Jérôme Vaillant
Introduction : Une présidence allemande pour quoi faire ? Par P. Maurice, H. Stark, J. Vaillant.
H. Stark : La présidence allemande du Conseil de l’UE 2020. Quel rôle pour le couple Paris-Berlin ?
P. Maurice : Une « présidence coronavirus » : les conséquences de la crise sanitaire sur la présidence allemande du Conseil de l’Union européenne.
H. Uterwedde : Vers une géopolitique commune ? Les relations de l’Union européenne avec la Chine.
D. Deshaies : Pacte vert et enjeux énergétiques dans l’UE : l’étrange ambiguïté de la politique énergétique allemande.
J. Schünemann : Souveraineté numérique pour une société de l’information ? L’Allemagne et le projet de normalisation de la politique numérique européenne – Traduit de l’allemand par Béatrice Pellissier.
P.Becker : Changement de cap de l’Allemagne en matière de politique européenne : un repositionnement avec des limites – Traduit de l’allemand par Laure Gallouët.
P.-F. Weber : La Pologne et la présidence allemande de l’UE. Enjeux européens et nationaux.
J.-M. Trouille, H. Trouille : La question du Brexit sous la présidence allemande. D’une négociation à hauts risques vers un Brexit dur.
M.Tardis : la politique européenne d’asile et d’immigration : quel rôle pour le couple franco-allemand ?
D.Puhl : l’Union européenne à la recherche d’une politique souveraine de défense. Traduit de l’allemand par Jérôme Vaillant.
A.Antil, S. Schlimmer : les relations entre l’Europe et l’Afrique, vues à travers le prisme franco-allemand.
B.Lestrade : quelle Europe sociale sous la présidence allemande du Conseil de l’UE ?
C.Demesmay : d’une présidence à l’autre : continuités et ruptures franco-allemandes.
H.Ménudier : les élections régionales du 14 mars 2021 en Bade-Wurtemberg et en Rhénanie-Palatinat.
G.Valin : crise sanitaire, coopération financière franco-allemande, stratégie de croissance durable.
L’actualité sociale, par Brigitte Lestrade.
Chronique cinéma…à la maison. Par J-P. Bernardy.
A Berlin, les migrations forcées d’hier et d’aujourd’hui
Angela Merkel a inauguré le 22 juin 2021 à Berlin un centre de documentation sur les migrations forcées. Il éclaire l’histoire des Allemands expulsés d’Europe de l’Est à la fin de la dictature nazie et jette des ponts jusqu’aux exodes contemporains.
C’est un projet qui était en germe depuis plus de vingt ans. Sa réalisation a fait l’objet d’âpres débats publics pendant de longues années en Allemagne et en Europe centrale. Mercredi 23 juin, un centre de documentation sur l’expulsion des Allemands d’Europe de l’Est à la fin de la dictature nazie ouvrira ses portes dans le centre de Berlin. Il est baptisé Centre sur « l’exode, l’expulsion et la réconciliation » et a été inauguré lundi par la chancelière Angela Merkel. Il retrace l’histoire des migrations forcées jusqu’à nos jours dans une perspective volontairement large.
Un chapitre méconnu
Ce nouveau venu parmi les lieux de commémoration berlinois éclaire un chapitre assez méconnu de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Au crépuscule de la dictature nazie, entre 12 et 14 millions d’Allemands ont été expulsés des territoires de l’Est où vivaient de longue date d’importantes minorités allemandes. Ces territoires (Poméranie, Prusse, Silésie, Sudètes, etc.) sont aujourd’hui principalement situés en Pologne et en République tchèque, mais ils s’étendent jusqu’en Russie.
Ces expulsions ont été l’un des plus vastes déplacements forcés de population de la fin du second conflit mondial. Outre le traumatisme pour les familles, elles ont confronté la jeune République fédérale et la RDA à un défi gigantesque : intégrer ces millions de réfugiés en peu de temps, dans des pays dévastés à tous égards.
Eclipsé par les atrocités nazies et par la Shoah, ce chapitre est resté tabou jusqu’en 1990. Au moment de la Réunification, l’idée a germé au sein de la Fédération des expulsés (Bund der Vertriebenen, BdV) d’honorer dans le concert de la mémoire collective la souffrance de ces personnes déplacées. En 1999, un Centre contre les expulsions a vu le jour à Berlin sous la houlette de la présidente du BdV, Erika Steinbach. En 2008, le Bundestag a approuvé la création d’« un signe visible » contre les expulsions dans la capitale.
Débats et perspectives actuelles
La décision des parlementaires a ouvert la voie à l’institution qui voit le jour. Cependant, l’idée de créer un lieu qui honore les victimes allemandes de la guerre ayant, dès l’origine, alimenté un vif débat dans l’opinion publique en Allemagne et dans les pays d’Europe de l’Est, il a fallu éviter un écueil majeur : celui qui aurait consisté à honorer les victimes allemandes de manière unilatérale.
La conception de ce nouveau « lieu de pédagogie et de mémoire » a répondu à l’enjeu en se plaçant sous le signe de la « réconciliation ». L’exposition permanente met au centre l’expérience de l’exode et de l’expulsion, ainsi que ses causes : les guerres et les conflits armés. Elle rappelle ainsi clairement que l’Allemagne est à l’origine de la Seconde Guerre mondiale. Par ailleurs, elle élargit l’horizon en présentant l’histoire des migrations forcées dans une perspective mondiale au XXe et au XXIe siècle.
Au total, près de 700 objets répartis sur deux étages et 1.300 m2 donnent la parole aux réfugiés allemands d’Europe de l’Est. Ils empêchent que la disparition des témoins ne rompe le fil de la mémoire. Simultanément, le regard se tourne vers le présent et l’avenir. Le sort des Allemands expulsés de Silésie trouve un écho actuel dans la fuite des réfugiés du Myanmar ou dans la quête des Syriens fuyant la guerre civile pour rejoindre l’Europe. Chacun se voit invité à s’interroger sur ce qu’est une patrie, un lieu où l’on se sent chez soi.
C’est « un devoir pour l’ensemble de la société d’entretenir une politique mémorielle vivante, en particulier à destination des jeunes générations qui n’auront plus le privilège de parler avec les témoins directs », a souligné la chancelière Angela Merkel lors de l’inauguration. Par ailleurs, nous vivons aussi à une époque où « le nombre de personnes déplacées à travers le monde est plus élevé que jamais ».
Le centre de documentation sur « l’exode, l’expulsion et la réconciliation » jette ainsi des ponts qui relient l’Humanité, celle d’hier et celle d’aujourd’hui. Et son adresse parle pour lui : il est situé à un jet de pierre du mémorial Topographie de la terreur et du futur Musée de l’exil.
A.L.
Élections fédérales allemandes : le retour au pouvoir des libéraux-démocrates du FDP ?
Notes du Cerfa, n° 162, Ifri, juin 2021
Parti de coalition traditionnel, le Parti libéral-démocrate (Freie Demokratische Partei – FDP) est revenu sur le devant de la scène après les élections régionales en Rhénanie-Palatinat et au Bade-Wurtemberg de mars 2021.
Le retour du FDP dans un gouvernement de coalition à l’issue des élections fédérales semble désormais possible. S’allier aux Verts et au Parti social-démocrate (SPD) ne sera toutefois pas chose facile pour le FDP car ils s’opposent sur des sujets majeurs : la politique financière, fiscale, sociale et climatique. Le FDP, un parti intrinsèquement libéral, fait par ailleurs le pari de la modernité sur des sujets d’avenir essentiels tels que l’éducation et la numérisation. Au cours de la dernière législature, le FDP s’est engagé dans un rapport de force avec le gouvernement, se montrant peu ouvert aux consensus. Cette année encore, l’image du parti est fortement marquée par celle de son président, Christian Lindner. Or celui-ci perd en popularité. Le FDP n’a donc d’autre choix que d’adopter une stratégie différente pour les élections fédérales.
Uwe Jun est professeur de sciences politiques à l’Université de Trèves et directeur de l’Institut de Trèves pour la démocratie et la recherche sur les partis politiques (TIDuP). Il est également porte-parole du groupe de travail de recherche sur les partis politiques de l’Association allemande de science politique (DVPW).
Cette publication est également disponible en allemand : « Die FDP: Wieder liberales Korrektiv nach der Bundestagwahl 2021?« (pdf).
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Manifestations franco-allemandes
6ème réunion de l’Assemblée parlementaire franco-allemande
L’Assemblée parlementaire franco-allemande a tenu hier sa 6e séance. Ses membres ont auditionné la chancelière Angela Merkel et le Premier ministre Jean Castex. Tous ont loué le succès de cette institution créée en 2019 et son rôle durant la pandémie.
Covid-19 oblige, la séance avait lieu par visioconférence. Mais il régnait une atmosphère particulière : en ce lundi 28 juin, l’Assemblée parlementaire franco-allemande siégeait pour la dernière fois avant le renouvellement du Bundestag allemand, prévue le 26 septembre. Ses cent parlementaires ont auditionné la chancelière Angela Merkel et le Premier ministre français, Jean Castex. Tous les participants ont loué le travail de cette nouvelle institution (créée en 2019) au service de la coopération franco-allemande et de l’Europe.
C’est « une chambre parlementaire binationale unique au monde », a souligné Wolfgang Schäuble, le président du Bundestag. Et c’est « un succès ». L’Assemblée parlementaire franco-allemande, créée lors de la signature du traité franco-allemand d’Aix-la-Chapelle, se compose de 50 députés du Bundestag et de 50 députés de l’Assemblée nationale. Elle a « notamment démontré toute sa valeur pendant la crise sanitaire », a déclaré M. Schäuble.
Une institution unique au monde et utile face à la crise
A titre d’exemple, l’ancien ministre allemand des Finances a rappelé que l’Assemblée franco-allemande avait auditionné conjointement les deux ministres de l’Intérieur, le Français Christophe Castaner et l’Allemand Horst Seehofer, en mai 2020. Cette réunion avait montré clairement que la fermeture des frontières au début de la pandémie « était une erreur », a-t-il souligné. Un peu moins d’un mois plus tard, l’Assemblée était témoin d’une autre avancée : l’audition des ministres des Finances, Bruno Lemaire et Olaf Scholz accompagnait le lancement du plan de relance européen.
Ne pas renouveler les contrôles aux frontières
Le retour des contrôles aux frontières était une décision éprouvante, a commenté Angela Merkel. Elle était « probablement » indispensable dans la situation de l’époque. Mais ce type de mesures ne doit « plus jamais se reproduire ». D’ailleurs, la fermeture de la frontière avait soulevé un vent de critiques. Ces critiques montrent « le peu d’importance que revêt encore la frontière entre l’Allemagne et la France en dehors de la crise sanitaire », se félicite la chancelière. « En réalité, les gens oublient » la frontière.
A trois mois de la fin de son mandat, Angela Merkel a réaffirmé devant les parlementaires l’intensité de la coopération entre les gouvernements allemand et français. « Il n’existe pas d’autre partenaire avec lequel l’Allemagne de manière aussi étroite et confiante qu’avec la France », a-t-elle déclaré. C’est vrai en vue approfondir la coopération bilatérale, « mais aussi pour l’Union européenne dans son ensemble. »
Le Premier ministre français, Jean Castex, s’est d’ailleurs félicité du plan de relance adopté au niveau européen. Selon lui, la décision de recourir à un endettement commun ouvre la voie à une nouvelle croissance en Europe et à des investissements dans les technologies essentielles. A beaucoup d’égards, des leçons ont pu être tirées de cette crise, s’est-il félicité. La concertation entre les Européens s’est nettement améliorée.
Angela Merkel et Jean Castex ont, par ailleurs, partagé des points de vue similaires sur la question d’un sommet entre l’Union européenne (UE) et la Russie. Son éventualité a été débattue lors du Conseil européen en fin de semaine dernière, mais la discussion n’a pas abouti. La crainte est que l’UE ne présente pas un front uni. Angela Merkel l’a réaffirmé : elle souhaite que l’on discute des « attaques hybrides » de la Russie envers des Etats européens non seulement entre les Etats concernés, mais aussi avec le président russe, Vladimir Poutine. Il conviendra, bien sûr, que les Européens parlent d’une seule voix. En tout cas, « l’absence de dialogue ne résout aucun problème », a-t-elle rappelé.
Les membres de l’Assemblée parlementaire franco-allemande ont ensuite abordé l’ordre du jour et approuvé leur rapport pour l’année 2020. Les travaux de quatre groupes de travail (« Pacte vert pour l’Europe », « Harmonisation des droits français et allemand des affaires et des faillites », « Politique étrangère et de défense », « Migration, asile et intégration ») ont été clôturés.
A.L.
Prix Joseph Rovan 2021
Doté de 3000 €, il est décerné depuis 2006 par l’Ambassadeur de France en Allemagne et récompense particulièrement l’activité des associations franco-allemandes.
Il honore en 2021 des projets soutenus par le Fonds citoyen franco-allemand :
– La fédération des Chorales franco-allemandes, qui a maintenu ses activités internationales de chant choral malgré la crise sanitaire et a produit un concert de Noël virtuel.
-« l’Hôtel des autrices“, une plateforme digitale de publication et de diffusion de textes d’autrices francophones de Berlin.
-Serge et Nina pour leur projet „Popaffaire“, une balade dans l’histoire de la culture pop française et allemande et son influence sur la chanson, le hiphop et l’electro.
Pour le programme culturel de la Maison Heinrich Heine, Cité internationale universitaire de Paris, 27c, bd Jourdan, 75014 Paris,
voir le site internet www.maison-heinrich-heine.org ou contact@maison-heinrich-heine.org
La vie de l’AFDMA
L’assemblée générale
Elle sera organisée dans le cadre du séminaire annuel du Bureau et des Délégués régionaux prévu à Klingenthal du 13 au 15.10.2021.
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Le Prix de l’AFDMA
Remise du prix de l’AFDMA
Au Collège Saint-Etienne à Strasbourg, le vendredi 25 juin 2021, le préfet honoraire de région Cyrille Schott, délégué pour l’Alsace de l’Association française des décorés du mérite allemand (AFDMA), a remis le prix de l’AFDMA à Laurent Offerlé Guillotin, en présence de M. Guy Heitz, directeur du collège et de Mme Stéphanie Coué, professeur d’allemand et d’histoire/géographie section abibac.
Ce prix récompense l’intérêt et l’enthousiasme des jeunes pour l’Allemagne et la langue allemande. Les récipiendaires sont sélectionnés sur leurs résultats scolaires en allemand, leur projet de poursuite d’études et leur engagement franco-allemand.
Laurent Offerlé Guillotin fréquente la section bilingue franco-allemand depuis la maternelle et a intégré la classe ABIBAC à Saint-Etienne en seconde. Ce cadre de scolarité de qualité lui a permis de nouer de forts liens de solidarité, d’entraide et d’échange qui ont développé son goût pour la culture franco-allemande. Son cadre familial, avec une mère travaillant régulièrement avec des collègues allemands et plongée dans la culture franco-allemande depuis son enfance, lui ont fourni la motivation nécessaire pour ce parcours franco-allemand.
Le récipiendaire a été admis à l’institut d’études politiques de Strasbourg et est tenté par le journalisme.
Dans leurs interventions, le directeur du Collège, la professeure d’allemand et le délégué de l’AFDMA ont souligné l’importance de la connaissance de l’Allemand, spécialement en Alsace, et le rôle décisif de l’amitié franco-allemande pour la construction de l’Europe, ce « miracle de la paix. »
De gauche à droite : Guy Heitz, directeur du collège, Cyrille Schott, délégué AFDMA pour l’Alsace, Laurent Offerié (le lauréat),Stéphanie Coué, professeur d’allemand et d’histoire/ géographie en section Abibac, Laura Scholz, professeur d’allemand en section Abibac ;
De plus, dans le Palmarès 2021 du Prytanée national militaire, publié dans la Revue TRIME du 27 juin, est mentionné, à la rubrique “Prix particuliers”, le Prix du Mérite allemand, attribué à :
Pierre NOGRETTE, Terminale 6.
Récompense offerte par l’Association Française des Décorés du Mérite Allemand.
Notre Délégué pour la Région Poitou-Charentes, Julien Hauser,
à l’honneur dans « Le Monde »
Dans son édition du 6 mai 2021 et sous le titre « Parcours de combattants », le journal « Le Monde » consacre un article d’une pleine page, avec photo, à Julien Hauser, notre délégué pour la Région Poitou-Charentes, à Cognac.
Comme conservateur de cimetière allemand puis, jusqu’en 2018, comme représentant général bénévole du « Volksbund deutscher Kriegsgräberfürsorge (VDK), l’ institution fédérale chargée de l’entretien des 823 cimetières allemands dans 46 pays, dont 200 en France), Julien Hauser a consacré une partie de sa vie à chercher les dépouilles des Allemands décédés en France pendant les deux guerres mondiales pour leur donner une sépulture. Il a, par ce travail, contribué à la réconciliation des mémoires entre nos deux pays. Le VDK a pour devise : « réconciliation par dessus les tombes – travail pour la paix ».
Toutes nos félicitations pour ce bel hommage à un engagement humaniste en faveur d’un apaisement des douleurs et de l’amélioration des relations franco-allemandes.
Site internet www.afdma.fr
Le site internet est régulièrement mis à jour avec des articles d’actualité, souvent rédigés par nos membres, sur l’Allemagne et les relations entre nos deux pays dans le contexte de l’Europe.
Page « facebook » de l’AFDMA
Pour mémoire : En plus du site internet «www.afdma.fr », nous disposons d’un outil de communication supplémentaire sous la forme d’une page « facebook », sous l’appellation « Association Française des Décorés du Mérite Allemand ».
Cette page est aussi régulièrement mise à jour et comprend, conformément à la mission de l’AFDMA, des informations sur la coopération franco-allemande, sur l’Allemagne et sur l’Europe. Elle permet une interactivité.
Venez nombreux la visiter et nous faire part de vos avis sur les sujets abordés.
APPEL / RAPPEL
La vie de l’AFDMA, ce sont aussi les cotisations de ses membres et de ses amis.
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Le montant a été fixé pour les membres à 35€, et à 25€ pour les amis en 2021, à adresser par chèque à notre trésorier, Bernard Lallement, 142 rue Boucicaut, 92260 Fontenay aux Roses.
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