Le programme de la nouvelle coalition tricolore
Que contient le programme de la nouvelle coalition allemande ?
25.11.2021 –
Fin du suspense à Berlin : le Parti social-démocrate (SPD), les Verts et les libéraux (FDP) ont conclu un contrat de coalition.
« La coalition tricolore est là », a annoncé Olaf Scholz, le probable futur chancelier. Quel est son programme pour les quatre prochaines années ?
C’est désormais certain : pour la première fois dans l’histoire de la République fédérale, une coalition « tricolore » inédite va gouverner l’Allemagne. Les sociaux-démocrates (SPD), des Verts et des libéraux (FDP) ont abouti à un accord. Ils ont présenté leur programme commun de gouvernement en milieu de semaine.
Les représentants des parties du nouveau gouvernement Norbert-Walter Borjans (SPD), Annalena Baerbock (Bündnis 90/Les Verts), Robert Habeck (Bündnis 90/Les Verts), Olaf Scholz (SPD), Christian Lindner (FDP) et Saskia Esken (SPD) se rendent à la conférence de presse© picture alliance/dpa/Kay Nietfield
« La coalition tricolore est là », s’est félicité Olaf Scholz (SPD). Selon le probable futur chancelier, ce sera « une coalition sur un pied d’égalité, avec trois partis qui veulent apporter leurs atouts pour le bien de notre pays ».
Le programme commun s’intitule « Oser davantage de progrès. Alliance pour la liberté, la justice et le développement durable ».
C’est un texte de 177 pages, fruit de nombreux compromis.
Il propose un programme de gouvernement social-libéral axé sur la transformation verte de l’économie. « Nous lançons une décennie d’investissements pour l’avenir » afin de faire de l’Allemagne l’une des premières grandes nations industrielles neutres en carbone, a déclaré le coprésident des Verts, Robert Habeck.
Les grandes lignes sont les suivantes : modernisation, numérisation, réforme écologique et progrès social. Dans le détail, les principales mesures sont les suivantes :
Protection du climat et énergie
C’est une ambition clef du nouveau gouvernement. La mesure phare est la sortie anticipée du charbon, idéalement dès 2030, soit avec 8 ans d’avance sur le calendrier actuel.
Pour cela, les énergies renouvelables devront couvrir 80 % (au lieu de 65 %) de la consommation d’électricité dès 2030.
La puissance installée triplera pour l’électricité photovoltaïque d’ici à 2030, et les panneaux solaires se multiplieront sur les toits. Les capacités de production augmenteront fortement pour l’éolien terrestre (2 % du territoire lui sera réservé) et en haute mer.
Des centrales au gaz, reconverties en centrales à hydrogène, participeront aussi à la transition.
Cette sortie des énergies fossiles s’appuiera, par ailleurs, sur le système européen d’échange de permis d’émission de CO2. La coalition plaidera au niveau européen pour la fixation d’un prix minimum pour la tonne de CO2. Dans tous les cas, elle la mettra en place à l’échelle nationale (60 € la tonne de CO2).
L’impact climatique devra être pris en considération dans l’élaboration des projets de loi de tous les ministères.
La taxe EEG, qui finance le développement des énergies renouvelables sur la facture d’électricité, devra disparaître au 1er janvier 2023.
Finances
Le mécanisme constitutionnel de frein à la dette, suspendu depuis 2020 en raison de la pandémie, s’appliquera à nouveau, sauf en 2022 en raison du contexte sanitaire. Le président du FDP, Christian Lindner, pressenti pour le portefeuille des Finances, veut être « l’avocat de finances solides ».
Marché du travail
Le salaire minimum passera de 9,60 € à 12 € de l’heure.
Retraites
Le niveau des retraites sera stabilisé et ne descendra pas sous la barre des 48 %. L’âge de départ légal ne sera pas reculé.
La possibilité de créer un fonds de prévoyance vieillesse par capitalisation pour les salariés volontaires sera examiné.
Logement
L’encadrement des loyers sera prolongé et renforcé. Le plafond d’augmentation des loyers sur trois ans sera ramené de 15 % à 11 % dans les zones où le marché de l’immobilier est tendu.
Un ministère de la Construction sera créé. La coalition veut construire 400 000 nouveaux logements en quatre ans, dont 100 000 logements sociaux.
Transports
La coalition veut investir davantage dans le développement des transports en commun urbains et développer le rail. Elle veut mettre en place des liaisons ferroviaires toutes les 30 minutes entre les grandes villes, et raccourcir les correspondances.
Elle entend, par ailleurs, faire de l’Allemagne un pays leader de la mobilité électrique. L’objectif est de faire circuler 15 millions de véhicules 100 % électriques (non hybrides) sur les routes d’ici à 2030. Le développement du réseau de bornes de rechargement sera accéléré.
Réfugiés
La coalition veut étendre les possibilités de regroupement familial pour les réfugiés.
Réformes de société
La coalition veut abaisser de 18 à 16 ans l’âge de la majorité électorale, et de 17 à 16 ans l’âge minimum pour la conduite accompagnée.
Par ailleurs, elle entend autoriser la distribution contrôlée de cannabis aux adultes à des fins de consommation dans des magasins agréés.
Composition du gouvernement
Le contrat de coalition répartit les portefeuilles entre les trois partis.
Au SPD reviendront la chancellerie, l’Intérieur, la Défense, la Santé, le Travail et les Affaires sociales, la Coopération économique et le Développement ainsi que la Construction et le Logement.
Aux Verts : un grand ministère de l’Économie, de l’Énergie et du Climat, les Affaires étrangères, l’Environnement, l’Agriculture et la Famille.
Aux libéraux : les Finances, les Transports et Infrastructures numériques, la Justice et l’Éducation.
Les noms des ministres n’ont pas encore été dévoilés, à quatre exception près : Olaf Scholz (chancelier, SPD), Christian Lindner (Finances, FDP), Robert Habeck (Économie/ Climat, Verts) et Annalena Baerbock (Affaires étrangères, Verts).
Les partenaires de la coalition ont assuré que le gouvernement sera paritaire et qu’il refléterait la société dans sa pluralité.
Les prochaines étapes
Le contrat de coalition doit être soumis aux trois partis. Les Verts consultent leurs 125 000 militants depuis hier par voie électronique. Le SPD et le FDP soumettront le texte à leurs congrès respectifs durant le week-end du 4-5 décembre.
Si le contrat est approuvé, l’élection d’Olaf Scholz à la chancellerie est prévue dans la semaine du 6 décembre. La nomination et la prestation du nouveau gouvernement interviendraient dans la foulée.
A.L.