Lettre d’information n°49. Janvier 2022.
LA LETTRE D’INFORMATION sur les relations franco-allemandes et l’Allemagne
N° 49. Janvier 2022.
Responsable de la rédaction : Bernard Viale.
Délégué à la « Communication ».
Le mot du Président
Chers membres de l’AFDMA, chers amis,
Un nouvel élan pour la coopération franco-allemande et pour l’Europe ?
Le nouveau Chancelier, Olaf Scholz et les membres du gouvernement allemand récemment nommés ont respecté les bonnes traditions en réservant leur 1ère visite à l’étranger à la France. Il semble animé des meilleures intentions en s’éloignant de la stratégie du « Aussitzen » (attendre et voir) chère à Helmut Kohl et à Angela Merkel, dont la prudence a parfois contrasté avec le dynamisme du Président français, particulièrement sur les questions européennes.
C’est de bon augure dans le contexte de la Présidence française du Conseil de l’Union Européenne et cela ne sera pas de trop dans une Europe – équation à de multiples inconnues : montée des populismes et mise en cause de l’Etat de droit, transition énergétique, souveraineté stratégique dans un monde très instable, questions migratoires, questions sociétales exacerbées…Le tout sur le fond d‘une pandémie dont on ne voit pas la fin, malgré les progrès de la science et de la médecine, les décisions de nos gouvernants et l’engagement de nos soignants.
Ce numéro de notre « Lettre d’information » est un nouvel exemple de l’engagement des membres de notre association, par le nombre et la qualité de leurs contributions, tant pour les articles que pour les remises de Prix et de Diplômes. Qu’ils en soient chaleureusement remerciés. L’assemblée générale a pu avoir lieu de façon virtuelle. La vie continue !
Restons optimistes et espérons que 2022 nous permettra de retrouver une vie plus sereine et plus conforme à nos aspirations. Continuons de nous protéger.
A vous et à tous ceux qui vous sont chers, je vous adresse mes meilleurs vœux de bonne santé et de bonheur en ce début de Nouvelle Année.
Bien cordialement,
Général (2S) Bertrand Louis Pflimlin
Président
Sommaire :
– Le mot du Président.
– P. 2: Publications : Feu vert pour la coalition tricolore, par Jérôme Vaillant.
– P. 8: Dissuader, mais comment ? par Olivier de Becdelièvre.
– P. 13: Souveraineté et solidarité, un défi européen. Ouvrage collectif, avec la contribution de Cyrille Schott.
– P.14: Si les incompréhensions naissaient des Constitutions ?La loi électorale allemande et le principe du « Ressort ». Par Philippe Chalmel.
– P. 15: Exposition : Wuppertal dévoile les trésors de l’impressionnisme allemand.
– P. 17: Sommaire d’Allemagne d’aujourd’hui.
– P. 18: Les manifestations culturelles à la Maison Heinrich Heine.
– P. 19: La vie de l’AFDMA: les Prix, le Diplôme, l’AG.
Publications
Durant les mois passés, nous avons publié un certain nombre d’articles sur notre site internet www.afdma.fr que nous ne reprenons pas dans cette « Lettre d’information ». Vous les retrouverez en page d’accueil à la rubrique « En direct du franco-allemand » ou dans le « carrousel d’articles d’actualité ».
Rendez-vous sur www.afdma.fr !
Feu vert pour la coalition « feu tricolore »
Par Jérôme Vaillant
Il y a quatre ans, à la même époque – fin novembre 2017 – la défection des Libéraux mettait un terme aux pourparlers préparatoires en vue de former en Allemagne une coalition dite « aux couleurs de la Jamaïque », associant sous la direction de la chancelière sortante, Angela Merkel, les Verts et les Libéraux aux chrétiens-démocrates. Le président du FDP, Christian Lindner, estimait qu’« il valait mieux ne pas gouverner plutôt que de mal gouverner ». Il plongeait ainsi le pays dans une crise politique d’autant plus délicate que le SPD, alors présidé par Martin Schulz, avait rejeté l’idée de former une nouvelle « Grande coalition » avec les chrétiens-démocrates. Les sociaux-démocrates préféraient se regénérer dans l’opposition après le cuisant échec subi aux élections fédérales : avec un résultat de 20,5 % des voix, ils avaient perdu 5,2 points de pourcentage. Il avait fallu l’intervention du président fédéral, Frank-Walter Steinmeier, lui-même social-démocrate, pour les amener, après de nombreuses péripéties, à accepter de former à nouveau une grande coalition avec les chrétiens-démocrates. C’est seulement le 14 mars 2018 qu’A. Merkel avait été élue, pour la quatrième fois, chancelière de la République fédérale, soit après une durée jamais atteinte jusqu’alors de 171 jours après le scrutin du 24 septembre 2017. Le système institutionnel et partisan du pays avait paru un temps ne plus être en mesure de doter le pays d’un gouvernement stable et fiable.
Au sortir des élections fédérales du 26 septembre 2021, la situation semblait plus confuse encore et pourtant, en l’espace de quelques semaines, SPD, Verts et Libéraux ont été en mesure d’élaborer un contrat de coalition présenté à la presse le 24 novembre. Il fait 177 pages et est consultable en ligne sur les sites des partis et des principaux quotidiens et magazines. Après validation de ce contrat de gouvernement par les instances décisionnaires des partis, l’élection d’Olaf Scholz par le Bundestag à la fonction de chancelier a eu lieu le 8 décembre 2021.
Dans la première ligne du préambule du contrat de coalition les trois partis jugent qu’au vu des résultats des élections fédérales « ils ont reçu mandat de former ensemble une coalition de gouvernement ». Pourtant, pendant la campagne électorale, même si aucun parti n’avait constitué d’alliance stratégique pour parvenir au pouvoir et alors même que les Verts disaient se sentir plus proches des sociaux-démocrates, les Libéraux avaient affirmé haut et fort qu’ils étaient, eux, plus proches des chrétiens-démocrates. Le président du FPD, Christian Lindner s’était même entretenu avec son homologue de la CDU et candidat de l’Union, Armin Laschet, de la possibilité de former une coalition à trois avec les Verts. Malgré la défaite historique des chrétiens-démocrates qui ont perdu, en 2021, 8,8 points de pourcentage après en avoir perdu à peu près autant en 2017 (8,6 points), réalisant son plus mauvais score historique depuis 1949, A. Laschet n’avait pas exclu cette possibilité dès avant le soir des élections. Il y voyait un ultime moyen pour permettre à la CDU-CSU de se maintenir envers et contre tout au pouvoir et, pour lui-même, de continuer à jouer un rôle sur la scène politique en se faisant élire chancelier. La différence entre CDU-CSU et SPD n’était en effet que de 1,6 point de pourcentage, les partis d’une coalition aux couleurs de la Jamaïque totalisaient 50,5 % des voix et 407 sièges au Bundestag contre 52 % et 416 sièges[4] à la coalition « feu tricolore ». Le Bavarois Markus Söder, qui avait été le rival malheureux d’A. Laschet pour être le candidat chrétien-démocrate à la chancellerie, avait bientôt, au nom de la CSU, mis un terme à cette illusion et provoqué la démission d’A. Laschet de la présidence de la CDU, qui, pour la troisième fois en trois ans depuis la démission d’A. Merkel fin novembre 2018, se cherche à nouveau un président. La CDU de l’après-Merkel va connaître les affres de la recomposition dans l’opposition.
Habituée des scores supérieurs à 40 %, la CDU-CSU avait connu à la fin de l’ère Kohl un affaiblissement notable, fluctuant autour de 35 % entre 1998 et 2013. Ce n’est qu’en 2013, avec 41,5 % des voix, qu’A. Merkel avait réussi à lui faire dépasser à nouveau la barre des 40 % – avant de réaliser par deux fois son plus mauvais score historique. La position de la CDU-CSU au sein d’une coalition aux couleurs de la Jamaïque eût été fragile, elle aurait été le seul parti à avoir perdu des voix à côté de deux partenaires qui en avaient notablement gagné.
Certes les Verts avaient espéré beaucoup mieux faire – ils s’étaient même vus, dans un moment d’euphorie dû à des sondages particulièrement favorables, placer, en la personne de leur co-présidente Annalena Baerbock, pour la première fois une chancelière verte à la tête du gouvernement fédéral – ils gagnent malgré tout près de 6 points de pourcentage et font 14,8 % des voix. Ils envoient ainsi au Bundestag le troisième groupe parlementaire, après ceux du SPD et de la CDU-CSU, loin devant le FDP, l’extrême droite représentée par l’AfD et l’extrême gauche représentée par Die Linke, qui tous deux perdent des voix mais dont les scores méritent pourtant de retenir l’attention.
Évoquons d’abord la situation du FDP qui fera l’objet d’une étude approfondie de Jens Hacke dans le prochain numéro (No 239, janvier-mars 2022) « d’Allemagne d’aujourd’hui ». Longtemps parti d’appoint pour les chrétiens-démocrates mais également, dans un laps de temps moindre, de 1969 à 1981, pour les sociaux-démocrates, ils avaient, après un retour peu convaincant au gouvernement entre 2009 et 2013, raté de peu, avec 4,8 % des voix, leur entrée au Bundestag en 2013. Bien des commentateurs les avaient alors déjà vus disparaître définitivement de la scène politique allemande, le rôle de troisième parti revenant, à leurs yeux, aux Verts en quasi constante croissance depuis le milieu des années 1990. Ils se sont pourtant rétablis en 2017 et, malgré leur défection d’alors, ils ont légèrement progressé depuis de 0,8 point. Ils n’ont pas seulement réussi leur rétablissement ils ont su, mieux que les Verts, s’imposer dans la négociation en vue de la formation d’une coalition « feu tricolore » comme le partenaire indispensable.
Le SPD sort victorieux des élections fédérales de septembre. Pourtant c’est d’une courte victoire qu’il convient de parler. Son score de 2021 est équivalent à celui de 2013 qui avait, à juste titre, passé alors pour un mauvais résultat, historiquement presque le plus mauvais du parti depuis 1949, le plus mauvais ayant été atteint en 2009, avec 23 % des voix. Mais toute la différence d’avec la CDU-CSU réside dans le fait que de 2017 à 2021, le SPD n’a pas perdu de voix, il a progressé de 5,2 points alors que longtemps les sondages ne le voyaient pas à un tel niveau et que son candidat à la chancellerie, Olaf Scholz, passait certes pour sérieux mais aussi pour être passablement ennuyeux. On a parlé à l’occasion en France d’un retour au pouvoir du SPD dans la mesure où c’est son candidat qui emporte la chancellerie et n’est plus l’éternel second derrière les chrétiens-démocrates. Il s’agit plutôt d’un maintien au pouvoir auquel le SPD a participé sans discontinuité depuis 2013.
L’extrême droite, avec l’AfD, perd 2,3 points de pourcentage mais reste au-dessus de la barre des 10 %, ce qui fait dire à Alice Weidel, présidente de son groupe parlementaire, que malgré son recul, le parti se maintient et fait désormais partie intégrante du paysage politique en Allemagne. Mais sa croissance, malgré la crise du Covid et les succès du parti dans l’Est de l’Allemagne, apparaît au total « résistible ». La situation de Die Linke est moins enviable : bien que passé en dessous de la barre des 5 % ce parti ne doit son maintien au Bundestag que parce qu’il a obtenu trois sièges directement dans trois circonscriptions. La loi électorale prévoit en pareil cas qu’il participe, comme les autres partis, à la répartition des sièges au Bundestag proportionnellement au nombre de voix obtenues, en l’occurrence 4,9 %. Die Linke ne peut toutefois pas ignorer qu’en perdant de 2017 à 2021 4,3 points de pourcentage il a quasiment divisé son score par deux.
Le Bundestag 2021-25 comprenant six groupes parlementaires confirme l’évolution du système des partis vers le pluripartisme, mais ce qui est nouveau, c’est la fragmentation de l’électorat. Aucun parti ne dépasse la barre des 30 % les obligeant à passer d’un régime de coalition à deux partis à un régime de coalition à trois partis. Cela pose également la question de savoir si ces partis qui tournent autour de 25 % sont encore des partis de rassemblement (Volksparteien) comme dans le passé et si, avec près de 15 % les Verts peuvent y prétendre. La question fait l’objet d’appréciations diverses de la part des commentateurs politiques.
Autre phénomène qui mérite d’être relevé : le nouveau Bundestag continue de croître démesurément, il compte 736 députés, plus que jamais auparavant alors qu’il pourrait n’en compter que 598. Il en comptait déjà 709 lors de la précédente législature. Le Bundestag n’a pas réussi à se mettre d’accord sur la façon de réduire le nombre des députés tout en respectant l’injonction faite en 2012 par le Tribunal fédéral constitutionnel de veiller à ce que la voix de chaque électeur ait le même poids lors de la répartition des sièges entre les partis. C’est aussi et surtout le fait du mode de scrutin à la proportionnelle, la répartition des sièges se faisant au niveau des Länder tandis que le nombre de sièges attribués aux partis dépend de leur score global au plan fédéral.
Le contrat de coalition
Pour mener aussi sereinement que possible les négociations qui ont abouti, comme il est d’usage en Allemagne, à la mise au point de leur contrat de coalition les trois partis ont tiré les leçons de l’échec des pourparlers préparatoires entre CDU-CSU, Verts et FDP quatre années plus tôt. Vu leurs divergences non négligeables sur plusieurs questions fondamentales – la politique climatique mais surtout la politique budgétaire avec la question des augmentations d’impôts – Libéraux et Verts se sont rencontrés dans un premier temps pour vérifier s’ils avaient suffisamment de points communs pour gouverner ensemble et s’ils en avaient la volonté dans un esprit de compromis. Ce travail de déminage effectué, les deux partis ont entamé des pourparlers préparatoires avec le SPD, relégué jusque-là dans la position d’un observateur. À trois ils se sont mis alors d’accord sur une série de négociations en groupes d’experts et se sont donné une méthodologie de travail qui prévoyait que rien ne devait fuiter vers l’extérieur afin de ne pas compromettre par des polémiques dans les médias le bon déroulé des entretiens internes. En 2017, les pourparlers sur une coalition aux couleurs de la Jamaïque avaient, entre autres raisons, capoté parce que des fuites avaient exposé sur la place publique les divergences entre les partis, créant une atmosphère délétère entre Verts et Libéraux. Ceux-ci, en particulier, avaient eu le sentiment que la chancelière avait plus d’égard pour les Verts que pour eux. En 2021, les trois partis ont dans l’ensemble respecté leur obligation de discrétion envers les médias, sauf exception.
Le contrat de coalition de 177 pages reprend largement en les développant et les détaillant le document de 13 pages issu des pourparlers préparatoires. Il place l’action gouvernementale sous le signe du progrès : son titre « Oser plus de progrès » rappelle la formule « Oser plus de démocratie » de Willy Brandt en 1969, une façon pour le SPD et Olaf Scholz de se placer dans la tradition du premier chancelier social-démocrate de la République fédérale et de montrer qu’avec cette nouvelle coalition menée par le SPD une nouvelle étape est ouverte. Ce sera le fruit, comme l’indique le sous-titre, de l’alliance conclue en faveur de la liberté, de l’équité sociale et du développement durable (« Bündnis für Freiheit, Gerechtigkeit und Nachhaltigkeit »). Les trois partis annoncent un nouveau départ pour l’Allemagne (Aufbruch) dans le sens du progrès (Fortschritt), un terme qui n’est neutre pour personne puisqu’il vise autant à favoriser les énergies durables au nom de la protection du climat qu’à encourager l’innovation technologique sans laquelle, pour le FDP, aucun progrès n’est possible. Les trois partis se donnent pour objectif de maîtriser le changement climatique par la décarbonation de l’industrie et de la société, le recours aux énergies fossiles devant idéalement cesser dès 2030, conformément au programme des Verts, plus tôt que prévu par l’Union européenne ou que dans les programmes du SPD qui se donnait jusque 2040, par égard pour les exploitations de lignite en particulier en Allemagne de l’Est, et du FDP qui visait l’horizon 2050. Pourtant, les Verts n’ont pas réussi à imposer la limitation de la vitesse à 130 km/h sur les autoroutes – qui restera donc une vitesse recommandée.
Sur le plan social, le FDP a accepté que le salaire minimum brut passe en une fois et dès la première année de 9,80 à 12 €. (Il est depuis octobre 2021 de 10,48 € en France). Mais il a obtenu que le marché de l’emploi fonctionne sur la double base de la sécurité et de la flexibilité, celle-ci étant nécessaire à l’innovation. Patronat et syndicats sont encouragés à mettre au point des modèles de flexibilité du temps de travail dans le cadre du partenariat social. L’âge de la retraite ne sera pas relevé, son montant ne pourra être inférieur à 48 % du salaire. En même temps l’assurance retraite est autorisée à placer ses réserves sur les marchés financiers. Point important qui demande cependant encore à être précisé, l’indemnité chômage sera remplacée par un « revenu citoyen » (Bürgergeld), ce qui permettra au SPD de faire oublier au moins dans le vocabulaire l’indemnité Harz IV introduite dans le cadre de l’agenda 2010 par le chancelier G. Schröder, qui avait valu au SPD le reproche de ne plus être le parti de la justice sociale. Enfin les trois partis s’engagent sur un programme de construction de logements (400 000 nouveaux logements par an dont 100 000 financés avec l’aide de l’État) et sur la rénovation du système de santé au vu des leçons à tirer de la pandémie. Avant même sa publication, la future coalition a dû faire face aux médias qui lui reprochaient son attentisme face à la recrudescence de la pandémie et au refus du SPD de dire qui occuperait le poste de ministre fédéral de la Santé. Elle a réagi en mettant en place une cellule de crise au sein de la chancellerie qui sera assistée d’un conseil d’experts, une formule qui rappelle le Conseil de défense sanitaire en France avec son Conseil scientifique. Mais cette cellule de crise devrait être plus transparente que le conseil français.
Pour faire évoluer la société, le contrat de coalition prévoit d’abaisser l’âge légal pour exercer son droit de vote de 18 à 16 ans et d’introduire des droits des enfants dans la constitution, ce qui ne sera possible qu’avec une majorité des deux tiers. Essentiel l’engagement du futur gouvernement de combattre, dans cet ordre de priorités, l’antisémitisme, le racisme, l’extrémisme de droite, l’islamisme, l’extrémisme de gauche et la xénophobie. C’est comme la liste des menaces qui pèsent sur la société en Allemagne.
Sur la question la plus controversée entre SPD et Verts d’une part et les Libéraux d’autre part, ces derniers se sont largement imposés et le ministère des Finances leur a été attribué. La coalition s’engage en effet à ne pas augmenter les impôts et à respecter le frein à la dette publique ancré dans la constitution et à revenir en 2023 au pacte de stabilité défini par le traité de Maastricht – quand s’achèvera la dérogation à ces critères acceptée par A. Merkel à l’initiative de la France. Par contre la coalition favorisera les dégrèvements fiscaux pour les investissements d’avenir, à savoir pour lutter contre le changement climatique, améliorer les infrastructures et la numérisation, soutenir la formation et la recherche. Reste à préciser comment sera financé le programme d’investissements de 50 milliards d’euros l’an prévu par les Verts.
Un dernier point essentiel est celui de la politique extérieure que souhaitera pratiquer le nouveau gouvernement fédéral qui aura pour ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock qui aura la difficile tâche de passer des analyses abstraites en droit international et des déclarations d’intention à leur concrétisation en actes. Le contrat de coalition indique qu’« en tant que membre le plus grand de l’Union européenne nous assumerons notre responsabilité particulière au service de l’UE comprise comme un tout. » L’Allemagne souhaite défendre les principes de l’État de droit, promouvoir autant que faire se peut une politique migratoire européenne, faire évoluer la politique fiscale de l’Union et aboutir l’union bancaire telle que l’Allemagne la conçoit. Elle entend également orienter l’Union européenne vers une « Europe sociale ».
Mais derrière ces évolutions possibles dans le cadre de la conférence sur l’avenir de l’Union, on retrouve la doxa qui caractérise l’Allemagne depuis des décennies : l’Allemagne sait qu’elle ne peut rien seule et reste fidèle au multilatéralisme. Le contrat de coalition reprend à son compte l’idée de « souveraineté stratégique européenne » mais sans en préciser le contenu et la portée, il précise que pour poursuivre la construction européenne, ce sera autour du tandem franco-allemand et du Triangle de Weimar (Allemagne, France et Pologne) – qui fête en 2021 son trentième anniversaire – mais surtout il continue de voir dans la relation transatlantique le pilier central de sa politique extérieure et dans l’OTAN, l’« élément indispensable de notre sécurité ». Allant tout à fait dans le sens du SPD et des Verts, le contrat préconise une initiative en faveur du désarmement, en particulier nucléaire – qu’il faudra rendre compatible avec la « souveraineté stratégique européenne ». Concession significative dans ce contexte : la coalition accepte d’équiper la Bundeswehr de drones afin d’assurer sa défense dans le cadre d’opérations extérieures.
Le contrat de coalition attribue les portefeuilles aux différents partis et précise ainsi le rapport de forces entre eux sans indiquer les noms des détenteurs de portefeuille : 6 pour le SPD en plus du poste de chancelier et sans compter le chef de la chancellerie qui a rang de ministre, Wolfgang Schmidt ; 5 pour les Verts et 4 pour les Libéraux.
Ensuite, la parole a été donnée aux instances des partis de la coalition qui ont validé, soit dans le cadre de congrès extraordinaires soit dans celui d’une consultation de la base, le contrat de coalition avec la répartition des portefeuilles ministériels qu’il comprend. L’attribution du ministère des Finances au FDP a tranché la plus vive controverse au profit des Libéraux qui sortent renforcés des négociations. Les Verts ont obtenu, en contrepartie, un « superministère » de l’Économie et de la protection du climat. Robert Habeck, occupera le poste et sera en même temps vice-chancelier – conformément au fait qu’en terme de voix, les Verts sont devant les Libéraux. La mise en place du nouveau gouvernement aura duré moins de trois mois, ses acteurs s’engagent à coopérer entre eux et à se concerter une fois par mois, se donnant ainsi le moyen de contrôler ensemble leur action dans le cadre de comités de suivi. Chacun sait qu’un contrat de coalition est une chose mais qu’il peut être vite dépassé par des événements imprévus. Au moins fixe-t-il le cadre de l’action gouvernementale et ses objectifs.
On se demande à l’occasion si au plan fédéral une coalition à trois sera viable, si l’alliage ne comporte pas trop de substances hétérogènes pour tenir. Les Länder ont servi de champ d’expérimentation pour des coalitions gouvernementales à trois. Outre que c’est actuellement le cas de huit Länder sur seize, le Brandebourg et Brême ont été dirigés dans le passé déjà par des coalitions « feu tricolore », certes avec des fortunes diverses, mais depuis 2016, la Rhénanie-Palatinat est gouvernée par une telle coalition, avec Malu Dreyer (SPD) à sa tête, dont la stabilité a servi de modèle à Olaf Scholz. Certes un gouvernement fédéral est confronté à d’autres problèmes qu’un Land. Mais Verts et Libéraux sont tenus de surmonter leurs divergences parce qu’ils ne peuvent pas se permettre de faire rater l’expérience en raison de leurs divergences. Il s’agit aujourd’hui pour les trois partis gouvernementaux de « bien gouverner ». Ils ont fait preuve dans la négociation de leur accord de ce sens du compromis qui caractérise la vie politique en Allemagne et se sont, de plus, comme toute coalition, donné les moyens de surmonter les divergences – qui ne manqueront pas de se manifester avec le temps – par la concertation. Plusieurs paragraphes abordent dans le contrat de coalition la question de la coopération entre les partis : ceux-ci s’engagent à rechercher le consensus dans leur travail tant au niveau gouvernemental (rencontres mensuelles d’un comité formé par les trois partis) qu’au niveau parlementaire (coopération entre les groupes parlementaires au Bundestag). L’observateur prudent est tenté de penser que c’est presque trop beau pour être vrai. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la coalition « feu tricolore » est placée sous un bon augure – même si, avant qu’elle soit officiellement en fonction, elle fait l’objet de critiques acerbes pour sa gestion d’une pandémie recrudescente.
Jérôme Vaillant
Prof. (ém.) de civilisation allemande auprès de l’université de Lille. Rédacteur en chef de la revue « Allemagne d’aujourd’hui ». Délégué régional de l’AFDMA pour les Hauts-de-France.
Dissuader….. mais comment ?
Réflexions sur la situation de l’Allemagne en 2021.
Par Olivier de Becdelièvre
Cet article a été rédigé avant les dernières élections, mais il ne semble pas que la nouvelle coalition souhaite changer la donne en la matière.
Après avoir amplement engrangé les dividendes de la paix, et surtout œuvré à sa réunification, l’Allemagne de la décennie 2020 aspire à jouer sur le plan international un rôle à sa mesure, et à prendre davantage de responsabilités dans la défense et la sécurité de l’Europe. Ce souci n’est pas dénué de préoccupations économiques, tant il est vrai que le pays est fortement dépendant de relations apaisées entre et avec ses voisins de l’Europe orientale.
Les tensions suscitées par les ambitions du Kremlin la conduisent à adopter vis-à-vis de la Russie une attitude de dissuasion qui ne saurait être nucléaire, compte tenu de son statut et d’une opinion publique pour le moins réservée en ce qui concerne le nucléaire sous tous ses aspects.
Tout en poursuivant sa participation au partage nucléaire dans le cadre stratégique de l’Alliance, l’Allemagne privilégie donc une dissuasion conventionnelle qui se traduit par la poursuite de la remontée en puissance de la Bundeswehr, la prise de responsabilités dans le cadre des mesures de réassurance et une réorientation de ses efforts en vue d’un engagement de haute intensité.
1 – Enjeux de la politique de défense allemande.
Selon le Livre Blanc de 2016, référence en matière de défense et de sécurité, l’objectif du gouvernement fédéral est de garantir la liberté, la sécurité et le bien-être des citoyens allemands, et de contribuer à la promotion de la paix et au renforcement du droit dans les relations internationales. Pour reprendre les termes de la chancelière Merkel dans sa présentation liminaire du Livre Blanc, le poids politique et économique de l’Allemagne lui fait un devoir de prendre des responsabilités pour la sécurité de l’Europe, en lien avec ses partenaires européens et transatlantiques, pour la défense commune des droits de l’homme, de la liberté, de la démocratie, de l’état de droit et des droits des peuples.
La sécurité de l’Allemagne, souligne la chancelière, repose quant à elle sur une Alliance atlantique forte et déterminée comme sur une Union européenne unie et résistante aux efforts, piliers indispensables d’une politique de défense et de sécurité permettant de répondre aux exigences de notre temps.
L’action gouvernementale, au-delà de la défense et de l’intégrité du territoire et des citoyens, s’exerce dans les domaines les plus variés, conditions de sa prospérité économique. L’Allemagne est ainsi étroitement liée aux flux commerciaux et financiers internationaux, particulièrement dépendante de voies d’approvisionnement sécurisées, de marchés stables et de systèmes d’information et de communication fonctionnels.
Ces intérêts, vitaux et stratégiques pour l’économie allemande, dépendent pour une large part d’un environnement stable et pacifié, en particulier sur le continent européen. Il s’agit donc pour l’Allemagne d’assumer ses responsabilités politiques en agissant de manière significative pour le maintien de la paix et du droit, tout en ménageant ses intérêts économiques.
C’est dans ce sens que Berlin entend, de concert avec l’Alliance, mener, en particulier vis-à-vis des ambitions prêtées à la Russie, une politique dissuasive, exercice délicat si l’on considère quelques-unes des « lignes rouges » qui lui sont imposées, dès lors que l’on touche au domaine nucléaire.
2 – Limites de l’exercice.
Les dispositions du traité de Moscou, dit « quatre plus deux » de 1990, par lesquelles l’Etat allemand réunifié renonce à la fabrication, la possession et l’emploi d’armes nucléaires, bactériologiques et chimiques, interdisent certes de manière formelle la mise sur pied d’une force de dissuasion nucléaire autonome, mais permettent à l’Allemagne d’échapper à un débat intérieur embarrassant et probablement sans issue, tant la société allemande est sensible à la question nucléaire en général, et aux armements nucléaires en particulier.
L’opposition bien connue des antinucléaires, qui s’est développée en République fédérale dès la fin des années 50 et a connu un point culminant entre 1980 et 1983, au moment de la crise des missiles, en mobilisant jusqu’à 400 000 manifestants, ne doit pas masquer la profonde division de la société allemande sur le sujet. Le vote du Bundestag du 22 novembre 1983, autorisant le stationnement de 108 Pershing II sur le territoire fédéral, a été acquis à une courte majorité (286 voix contre 255), non sans l’appui marqué du Président Mitterrand, venu à Bonn soutenir le projet gouvernemental le 20 janvier précédent, et dont la formule « les fusées sont à l’Est, les pacifistes à l’Ouest » fera date.
Le contexte politique a changé, mais l’opposition au nucléaire n’a pas désarmé, se reportant certes essentiellement sur son usage civil, avec pour résultat la sortie prévue du nucléaire dès 2022. Ainsi les adversaires du nucléaire ont-ils fait souche, et sont pour partie à l’origine du parti des Verts (aujourd’hui Bündnis 90/die Grünen après fusion avec les écologistes de l’ex-RDA), fondé en 1980 et entré au Bundestag en 1983. Les Verts ont participé au gouvernement fédéral de 1998 à 2005, fournissant au chancelier Schröder son ministre des affaires étrangères en la personne de Josef « Joschka » Fischer. Dans l’opposition sous les mandats successifs d’Angela Merkel, ils sont présents dans la plupart des gouvernements régionaux et l’on ne saurait exclure qu’ils soient en position de force aux élections fédérales du 26 septembre 2021 et reviennent au pouvoir au sein d’un gouvernement de coalition. Mais quel que soit le résultat de ces élections, la question du nucléaire, sous forme civile ou militaire, reste sensible.
3 – Perception de l’arme nucléaire : dissuasion ou escalade ?
Pour nos voisins allemands, « arme nucléaire » ne rime pas nécessairement avec « dissuasion ».
En effet, pour beaucoup, la logique de la riposte graduée, qui prévalait jusqu’à la disparition du Pacte de Varsovie, reste prégnante. Les armes nucléaires stratégiques peuvent certes constituer, pour leurs détenteurs, une force de dissuasion, mais l’emploi d’armes tactiques constitue une étape de l’escalade en cas de conflit majeur, avec pour objectif de mettre fin aux hostilités sans avoir recours aux armes stratégiques.
Ce vieux schéma n’est pas totalement oublié dans la stratégie de l’OTAN, au sein de laquelle l’Allemagne continue de participer au « partage nucléaire », au même titre que la Belgique, les Pays-Bas, l’Italie et la Turquie. Ainsi l’Allemagne, au-delà de sa participation à la responsabilité collective de la stratégie nucléaire de l’OTAN, est-elle censée contribuer directement à sa mise en œuvre. Mise en œuvre par essence tactique, puisqu’elle se limite au stockage, au maintien en condition, et à l’engagement opérationnel par largage de bombes B 61 à gravité à partir d’appareils Tornado de la Luftwaffe. Le nombre de ces bombes, regroupées sur la base de Büchel, serait d’une vingtaine pour une capacité de stockage maximale de 40. Il est prévu, dès cette année, de moderniser les B 61 pour les rendre plus précises, et, dans un avenir proche, de remplacer les Tornado à double capacité, vieillissants, par 30 F/A 18.
On peut naturellement s’interroger sur la pertinence tactique de l’emploi d’aéronefs, de surcroît non furtifs, destinés au largage d’une charge sur objectif face à une défense antiaérienne moderne et efficace, mais la participation allemande à la stratégie nucléaire alliée revêt également, et sans nul doute prioritairement, une valeur de symbole du lien transatlantique.
L’éventualité de l’engagement, même à la marge, de la Bundeswehr dans un conflit nucléaire, fait partie Outre-Rhin du débat politique, et, si le terme de « partage nucléaire » n’a pas été expressément mentionné dans l’accord de coalition de 2018 pour la formation du gouvernement actuel entre la CDU d’Angela Merkel et le SPD, l’intérêt pour l’Allemagne de participer aux discussions et au processus de planification stratégiques « aussi longtemps que les armes nucléaires joueront un rôle comme instruments de la dissuasion dans le concept stratégique de l’OTAN » a, lui, été souligné. Il sera sans doute intéressant de considérer cet aspect de la question en cas de changement de majorité et de percée importante des Verts en septembre prochain.
Au-delà, la question est de savoir si l’OTAN, alliance nucléaire, dispose réellement aujourd’hui d’une stratégie nucléaire claire. C’est évidemment une autre question, mais elle n’est pas étrangère aux doutes soulevés Outre-Rhin par la dissuasion otanienne, ainsi que le souligne notamment le Dr Peter Rudolf de la Fondation Science et Politique (SWP) dans une étude de mai 2020 consacrée à l’Allemagne, l’OTAN et la dissuasion nucléaire.
La question « philosophique » de la dissuasion nucléaire, comprise par les pays détenteurs d’un arsenal comme une stratégie de non-emploi et un argument politique destiné à convaincre un adversaire potentiel de renoncer à une agression par crainte d’encourir des dommages inacceptables rencontre sans doute, Outre-Rhin, un écho différent, mais échappe, par construction, à la réflexion stratégique de nos voisins.
4 – Quelle dissuasion pour l’Allemagne ?
L’Allemagne, soucieuse de tenir son rang au sein de l’Alliance, est également consciente de l’importance de sa relation avec la Russie qui demeure, en dépit du refroidissement actuel, un partenaire majeur pour son commerce extérieur et surtout pour la fourniture de son énergie. Ni la Russie, ni l’Allemagne n’ont aujourd’hui intérêt à une dégradation de la situation et de leurs relations, Berlin se trouvant même en position d’allié objectif de Moscou et d’opposant à Washington à propos de l’achèvement de Nord Stream 2, nécessaire à son approvisionnement en gaz russe, d’autant plus précieux que l’Allemagne a résolu de se priver à brève échéance d’énergie nucléaire.
Peu désireuse de se trouver impliquée dans un conflit où elle aurait beaucoup à perdre, l’Allemagne s’engage résolument dans la voie d’une dissuasion « conventionnelle » dans le cadre des mesures de réassurance des Etats baltes face aux ambitions possibles de la Russie.
C’est la raison pour laquelle la Bundeswehr prévoit d’augmenter ses capacités, en particulier celles de ses forces terrestres, avec pour objectif la mise sur pied, à l’horizon 2031, de trois divisions aptes au combat de haute intensité. La « division 2027 » disposera, selon le CEMAT allemand, le GL (GCA) Alfons Mais, de trois brigades et pourra en intégrer deux supplémentaires. Compte tenu des effectifs disponibles, maintenus à 230 000 militaires pour l’ensemble de la Bundeswehr, ces unités feront partiellement appel à des réservistes. Au cours de son audition devant la commission de défense de l’Assemblée nationale (une première), le 17 mars, le CEMA, le Gen. (GA) Eberhardt Zorn, a confirmé ces orientations. En cas de conflit majeur, le territoire allemand serait à considérer comme la zone de déploiement initial des forces de l’Alliance, une plaque tournante pour les moyens engagés et la cible potentielle d’armes à longue portée comme d’actions hybrides. Dans l’immédiat, l’Allemagne, nation cadre pour le contingent engagé en Lituanie, se prépare à assurer le commandement de la VJTF[7] en 2023, en y engageant une brigade mécanisée renforcée d’éléments néerlandais et norvégiens.
Une inconnue demeure, celle des moyens dont la Bundeswehr disposera effectivement dans les années à venir si, avec la fin de l’«ère Merkel », une majorité parlementaire nouvelle issue des élections de septembre prochain vient à remettre en cause les équilibres et priorités actuelles.
Conclusion.
L’Allemagne de 2021 entend jouer sur le plan international un rôle à sa mesure tout en préservant les conditions indispensables à sa prospérité. Partenaire majeur de l’Alliance atlantique, elle doit tenir compte des limitations qui lui sont imposées par son statut comme par une opinion publique plus que réservée sur toutes les formes du nucléaire et veut conserver avec la Russie une relation indispensable à son économie. Cette situation la conduit à privilégier une dissuasion conventionnelle robuste, fondée sur des forces capables de soutenir un combat de haute intensité, ce qui se traduit par un regain d’activité dans le cadre des mesures de réassurance des Etats baltes et la mise sur pied, annoncée pour 2031, d’une force conventionnelle terrestre de trois divisions, soit neuf brigades, blindées-mécanisées.
Souveraineté et solidarité, un défi européen
Sous la direction de Nathalie de Kaniv et Patrick Bellouard – EuroDéfense-France –
Préface d’Emmanuel Macron / Postface de Josep Borell
Avec le soutien de la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) du ministère des Armées, et de EuroDéfense-France.
Que signifie la souveraineté d’une Union européenne formée de 27 États souverains? Comment peut-elle se traduire dans une réalité complexe bâtie par des traités successifs sans rudoyer la construction de chaque État-membre, formé par sa propre histoire et sa mentalité particulière ? Allons-nous vers une réalité ou une utopie ? Dans son discours à la Sorbonne, le Président Emmanuel Macron a lancé le défi de l’autonomie stratégique de l’Europe. Car si la souveraineté européenne ne peut être assimilée à la souveraineté nationale puisque l’Union européenne n’est pas un État, elle consolide en revanche celle des États-membres en les faisant avancer dans le projet européen commun. C’est en cela que le principe de la solidarité au sein de l’Union européenne trouve sa force. De la sémantique à l’histoire européenne, en passant par les domaines de la défense et de la diplomatie, jusqu’aux questions institutionnelles, c’est une réflexion globale qu’a appelée de ses voeux EuroDéfense-France.
Trente-sept spécialistes de cinq nationalités différentes, politiques, décideurs et experts européens, diplomates, chercheurs, historiens et philosophes livrent ici une réflexion capitale sur le devenir de l’Europe.
Ont participé à cet ouvrage: Alain Le Roy, Alfredo Roma, Arnaud Sainte-Claire Deville, Bertrand de Cordoue, Camille Defard, Catherine Horel, Christian Cambon, Claude Roche, Claude-France Arnould, Cyrille Schott, François Laumonier, Françoise Grossetête, Frédéric Mauro, Georges-Henri Soutou, Hanna Ojanen, Hervé Bléjean, Jean Christian Cady, Jean Fournet, Jean-Dominique Giuliani, Jean-Paul Palomeros, Jean-Paul Perruche, Jean-Paul Thonier, Jérôme Vignon, Joachim Bitterlich, Jolyon Howorth, Martine Meheut, Maurice de Langlois, Nathalie de Kaniv, Olivier Martin, Patrick Hebrard, Philippe Roger, Phuc-Vinh Nguyen, Pierre Delsaux, Pierre Mayaudon, Sylvie Bermann, Thomas Pellerin-Carlin, Vincenzo Camporini.
Si les incompréhensions naissaient des Constitutions ? La loi électorale allemande et le principe du « Ressort »
Par Philippe Chalmel
Le centre de gravité des attendus des alliés en 1945 était que la nouvelle constitution allemande rende impossible le retour d’un pouvoir politique centralisé et fort. Le Conseil parlementaire et les constitutionnalistes de Bonn ont parfaitement transcrit juridiquement cette attente en 1949 dans la Loi fondamentale.
Deux focus donc, l’un sur la loi électorale, l’autre sur le Ressortprinzip, qui mérite une meilleure explication qu’une simple traduction littérale d’accroche !
La loi électorale qu’introduit l’article 38 de la Loi fondamentale est un monument de complexité, fait de poids et contrepoids n’ayant qu’un objectif ultime : un gouvernement du pays uniquement en coalition bi- ou multi-partisane, en rendant quasi-impossible la constitution d’une majorité parlementaire unicolore (tous les partis politiques en Allemagne sont représentés par une couleur).
Par exemple, les remarquables résultats de la CDU/CSU lors des élections législatives n’avaient pas permis à Madame Merkel, à l’époque, de gouverner autrement qu’avec une grande coalition avec le SPD
Je ne me risquerai pas à une exégèse juridique même simplifiée : je reconnais bien humblement que j’en serais, comme beaucoup d’allemands d’ailleurs, incapable…
Une simple illustration : un paragraphe issu d’une étude spécialisée de plusieurs pages consacrée à la réforme de la loi électorale du 21 février 2013 :
La Cour constitutionnelle fédérale exigeait alors une modification sensible du système de répartition des sièges, de façon à ce que la survenance du phénomène de « poids négatif des voix » (negatives Stimmgewicht) soit définitivement empêchée. En dépit (mais probablement aussi en raison) de son extrême sophistication, l’ancien droit électoral allemand n’était effectivement pas dépourvu d’apories tendant par exemple à ce qu’un gain de secondes voix pour un parti puisse parfois se traduire par une perte de sièges au Bundestag, alors qu’inversement une chute du nombre de secondes voix recueillies par une formation politique se concrétise parfois (non sans quelque paradoxe) par davantage de mandats au sein de la Diète fédérale.
Les apories du poids négatif des secondes voix ne représentant qu’une petite partie de la complexité….
Au-delà des causes, il faut simplement pour l’exécutif français bien intégrer le fait qu’il ne pourra jamais travailler avec un exécutif allemand porté par une majorité parlementaire unique, mais qu’il lui faudra compter, au cas par cas, par une recherche de consensus au sein du gouvernement. Qui dit consensus dit temps de négociation, c’est pourquoi la première différence de fonctionnement entre nos exécutifs est le rapport au temps politique dans la prise de décision. Cette différence se concrétise dès le début de la mandature, avec les deux, trois ou six mois nécessaires à l’écriture d’un contrat de coalition, qui plus qu’une feuille de route, restera bien un contrat contraignant dans tous ses détails.
Mais il faudra aussi que l’exécutif français intègre une autre réalité faisant que l’exécutif allemand n’est pas un exécutif français qui parle allemand : le principe du « Ressort« .
C’est encore la Loi fondamentale, en son article 65, dispose que « Le chancelier fédéral fixe les grandes orientations de la politique et en assume la responsabilité. Dans le cadre de ces grandes orientations, chaque ministre fédéral dirige son département de façon autonome et sous sa propre responsabilité », sachant que dans les faits, la phrase suivante « le gouvernement fédéral tranche les divergences d’opinion entre les membres fédéraux », n’est dans les faits, pas appliquée.
Chaque ministre est donc propriétaire exclusif de son Ressort, jaloux de ses prérogatives, responsable dans les faits face au Parlement, la Chancellerie se refusant à mettre les mains dans le cambouis interministériel. Quand deux ministères sont de, fait, concernés par une négociation internationale demandant un avis de chacun et n’ont pu se mettre d’accord, l’Allemagne s’abstient…. Ceci est dû également à l’absence d’organismes supra-ministériels, comme par exemple en France le secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale.
Ces réalités sont amplifiées par l’équilibre des poids et contrepoids que décrit le contrat de coalition en répartissant les ressorts entre les parties : les ministères de la Défense et des Affaires étrangères, par exemple, ont été toujours été tenus par des représentants de partis différents….
Différence dans le rapport au temps politique, fausse toute-puissance d’une chancellerie contrainte au judo politique, sont les principaux enseignements de la lecture de la lettre constitutionnelle et de l’observation de sa pratique.
Ce qui n’est pas sans avantage pour la visibilité des partenaires étrangers : long à être mis en vitesse de croisière, le paquebot politique allemand ne changera ensuite jamais de cap, caractéristique constitutionnelle devenue caractéristique culturelle.
Mais ce qui motive également le fait que ce que nous interprétons de ce côté du Rhin comme une qualité, le french flair dans le management par l’intuition, dans la réactivité de la décision et son adaptation au changement des contextes, puisse être analysé comme une tendance à la versatilité de l’autre côté de notre fleuve commun…
Philippe Chalmel
Général (GCA 25). Directeur Afrique centrale de l’Institut Thémiis. Membre de l’AFDMA.
Exposition : Wuppertal dévoile les trésors de l’expressionnisme allemand
Pour la première fois depuis 25 ans, le musée Von der Heydt de Wuppertal confronte les deux mouvements phares de l’expressionnisme allemand : Die Brücke et Der Blaue Reiter (Cavalier bleu). Une exposition revigorante à voir jusqu’au 27 février 2022.
Ils se connaissaient. Ils exposaient ensemble, travaillaient avec les mêmes galeristes, s’appréciaient et se méprisaient aussi, parfois. Ils avaient la même volonté de briser les conventions de l’art académique. Ils étaient animés du même élan : libérer la subjectivité et l’exprimer à travers des formes simples et des couleurs vives, d’une naturalité rafraichissante. Mais ils n’étaient pas toujours d’accord. Les artistes des mouvements « Die Brücke » et « Der Blaue Reiter » (Le Cavalier bleu), considérés comme les phares de l’expressionnisme allemand, au début XXe siècle, font l’objet d’une grande exposition au musée Von der Heydt de Wuppertal. Depuis 1996, plus aucun musée allemand n’avait eu l’idée de les confronter.
L’exposition s‘intitule « Brücke und Blauer Reiter »
Elle présente 90 toiles et 70 travaux graphiques sur papier jusqu’au 27 février 2022. Les oeuvres sont signées Ernst-Ludwig Kirchner, Karl Schmidt-Rottluff, Erich Heckel, Ma,x Pechstein, Emil Nolde et Otto Müller pour le mouvement Die Brücke. Elles le sont par Vassily Kandinsky, Gabriele Münter, Franz Marc, August Macke, Alexej von Jawlensky, Marianne von Werefkin et Paul Klee pour le Cavalier bleu.
L’accent est mis sur la période allant de 1905, date de création du mouvement « Die Brücke », jusqu’à la césure de la Première Guerre mondiale. Les artistes féminines sont aussi mises en valeur.
L’ensemble doit sa richesse à la coopération de trois musées aux fonds très riches dans le domaine de la peinture expressionniste : le musée Von der Heydt, les Collections d’art de Chemnitz et le musée Buchheim de Bernried am Starnberger See. De grandes institutions étrangères ont également apporté leur contribution, comme le musée Stedelijk d’Amsterdam qui a prêté le tableau de Vassily Kandinsky « Improvisation 33 (Orient I) ».
Atteindre une nouvelle génération
Il ressort de cette confrontation une vision renouvelée de l’expressionnisme. « Beaucoup de ces tableaux nous semblent familiers, mais c’est justement la raison pour laquelle nous ne les regardons plus consciemment », souligne Roland Mönig, directeur du musée Von der Heydt. Par ailleurs, « il était plus que temps de rendre accessible ce chapitre décisif de l’histoire de l’art en Allemagne à une nouvelle génération, et de poser de nouvelles questions aux oeuvres », ajoute-t-il.
Die Brücke est né à Dresde en 1905, fondé par quatre étudiants en architecture, Ernst-Ludwig Kirchner, Erich Heckel, Karl Schmidt-Rottluff et Fritz Bleyl. Le Cavalier bleu s’est formé à Munich autour de Vassily Kandinsky, Franz Marc et August Macke en 1911/1912 avec le projet de publier un almanach (1912). Le premier était un pur regroupement de peintres. Le second était plus intéressé aux aspects théoriques de l’art et plus ouvert, par exemple à des compositeurs et à des critiques d’art.
Confrontation féconde
Du point de vue artistique et formel, les ressemblances sautent aux yeux. « Ce qui est révolutionnaire dans l’art expressionniste, c’est la confiance accordée à la subjectivité », résume M. Mönig, spécialiste de la période. « Les deux mouvements voulaient être les pionniers d’une nouvelle façon de voir, de sentir, de penser. Ils attendaient l’émergence d’un monde nouveau et voulaient y apporter leur contribution. »
La Première Guerre mondiale mettra un terme tragique à leurs aspirations. Plusieurs artistes y laisseront la vie, à l’instar des amis Franz Marc, tombé en 1914 à l’âge de 27 ans, et August Macke, mort à Verdun en 1916 à 36 ans. Les survivants, comme Max Beckmann et Ernst-Ludwig Kirchner, trouveront après 1918 des tonalités plus mélancoliques, voire désespérées. L’expressionnisme sera iconique sous la République de Weimar avant d’être stigmatisé comme « art dégénéré » par les nazis. Il retrouvera sa puissance d‘inspiration dans l’après-guerre. Les expressionnistes seront considérés comme des « étendards de la liberté », et leur énergie créatrice, contagieuse, sera un stimulant pour de nouveaux départs.
Mais au-delà des similitudes, il vaut la peine d’interroger les différences pour mieux comprendre la richesse de l’expressionnisme allemand. Les tensions existaient, entre Die Brücke et Der Blaue Reiter, mais aussi au sein des mouvements eux-mêmes. « Quand on idéalise [trop] les expressionnistes, on oublie ou on ignore les conflits et les contradictions internes », souligne ainsi Roland Möning. « Par exemple, Franz Marc, que l’on voit comme une personnalité douce occupée à peindre des animaux, est parti la fleur au fusil sur le champ de bataille de la Première Guerre mondiale, animé d’un patriotisme mal compris. Il y a trouvé la mort. Ou Emil Nolde, dont le cas est célèbre : il a cherché, apparemment en vain, à se faire bien voir des nazis dans la ferme conviction d’être appelé à devenir le peintre « allemand » .
A.L.
Brücke und Blauer Reiter
Exposition au musée Von der Heydt de Wuppertal jusqu’au 27 février 2022
SOMMAIRE ALLEMAGNE D’AUJOURD’HUI
N° 238 – octobre –décembre 2021
DOSSIER
Les élections fédérales du 26 septembre 2021. Bilans, analyses, perspectives.
Un dossier dirigé par Étienne Dubslaff, Paul Maurice, Hans Stark et Jérôme Vaillant
Éditorial: Feu vert pour la coalition « feu tricolore » – J. Vaillant. Texte repris in extenso dans cette « Lettre d’information »
Bilan et perspectives :
H. Uterwedde – Politique économique : quel bilan pour Angela Merkel ?
B. Lestrade – Quel bilan social du dernier gouvernement Merkel ?
G. Sebaux – Angela Merkel et le dossier migratoire : le legs ambigu.
P. Maurice – Quelles perspectives pour l’Europe ?
La classe politique allemande et l’approfondissement de l’Union européenne.
H. Stark – Quelle politique étrangère pour l’Allemagne après la fin de l’ère Merkel ?
H. Ménudier – Approche bibliographique : ouvrages sur Angela Merkel.
Les partis dans les élections.
J.-L. Georget – L’étrange défaite de la démocratie-chrétienne :
de l’usure du pouvoir à la candidature ratée.
Entretien. Bilan et avenir de la démocratie chrétienne – P. Siegert.
O. Hanse – Objectif pouvoir : Bündnis 90/Die Grünen : entre entrée imminente au
gouvernement fédéral et consécration en demi-teinte de leur évolution politique.
É. Dubslaff – Olaf Scholz ou le triomphe en demi-teinte du SPD.
T. Landwehrlen – Die Linke. Analyse d’un quasi-désastre électoral .
M. Weinachter – L’AfD radicalisée, en léger recul, confirme son ancrage dans le paysage politique allemand – en particulier à l’Est .
H. Ménudier – Les élections régionales allemandes 2021.
D. Herbet – Les médias français au cœur de la campagne électorale allemande.
B. Lestrade – Apprentissage dual de jeunes étrangers – une réponse à la pénurie de main-d’œuvre spécialisée ?
Hommage. Frédéric HARTWEG (1941-2021) par Brigitte Lestrade.
L’actualité sociale par B. Lestrade.
Chronique cinéma par J.-P. Bernardy.
Manifestations franco-allemandes
La Maison Heinrich Heine, Cité internationale universitaire de Paris, 27c bd Jourdan, 75014 Paris, reprend son programme de manifestations culturelles en « présentiel »ou en « hybride ». Pour un aperçu complet, voir www.maison-heinrich-heine.org.
Veuillez noter que pour tous les événements, le passe sanitaire sera contrôlé à l’entrée. Le port du masque reste obligatoire dans tous les espaces publics de la Maison.
Lundi 17 janvier de 19h30 à 21H00.
« Nouveau gouvernement en Allemagne, présidence française du Conseil de l’UE : un nouveau chapitre pour l’Europe et les relations franco-allemandes ? «
La première visite à l’étranger du nouveau chancelier allemand Olaf Scholz le 10 décembre 2021 a été réservée à Emmanuel Macron : un symbole fort qui souligne l’importance de la coopération franco-allemande au sein de l’Union européenne. Cette rencontre a eu lieu le lendemain de la conférence de presse d’Emmanuel Macron sur la présidence française du Conseil européen, dont la devise sera « Relance, puissance, appartenance ». Les priorités formulées : souveraineté européenne, croissance économique, transition écologique, numérique et protection de l’État de droit. Avec la mise en œuvre du plan de relance, la hausse des prix énergétiques, les tensions militaires à la frontière russo-ukrainienne et la « crise migratoire » actuelle à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, la présidence française s’inscrit dans une période particulièrement turbulente. Entre points de convergence et points de divergence, le nouveau couple franco-allemand donnera-t-il un nouveau souffle au projet européen ?
Intervenants :
– Hans-Dieter Lucas, ambassadeur d’Allemagne à Paris.
– Sylvie Kaufmann, directrice éditoriale au Monde.
– Britta Sandberg, journaliste et diretrice du bureau du Spiegel à Pars
Infos pratiques
La table ronde aura lieu en présentiel, dans la salle Alfred Grosser, et en ligne, sur l’application Zoom.
Pour participer à la rencontre en présentiel, nous vous conseillons de vous inscrire.
Pour participer à la rencontre en ligne, veuillez vous inscrire directement sur Zoom en suivant ce lien : cliquez ici
Vous recevrez ensuite un mail de confirmation avec le lien de connexion à la salle virtuelle.
Il est nécessaire de télécharger l’application pour poser vos questions.
La vie de l’AFDMA
Prix et Diplôme de l’AFDMA en 2021
Remise du Prix de l’AFDMA au Rectorat de Strasbourg le 23.11.2021.
Comme les années précédentes, Madame la rectrice Elisabeth Laporte a accueilli dans les salons du rectorat la remise des prix de l’Association française des décorés du mérite allemand (AFDMA). Retenue par une réunion, elle a été représentée par Mme Isabelle Wolf, déléguée académique aux relations internationales et aux langues vivantes.
Cyrille Schott, préfet honoraire de région et délégué en Alsace de l’AFDMA, a remis le prix de l’AFDMA à deux élèves scolarisés dans deux établissements de l’académie, le lycée polyvalent Rudloff de Strasbourg et le lycée des métiers Charles de Gaulle de Pulversheim.
Ce prix récompense l’intérêt et l’enthousiasme des élèves pour l’Allemagne et la langue allemande. Les deux récipiendaires, Julie Deller et Kemal Demircan, ont été sélectionnés sur leurs résultats scolaires en allemand, leur projet de poursuite d’études et leur engagement franco-allemand.
Julie Deller était scolarisée l’année dernière en section Abibac au lycée Rudloff. Altruiste, engagée, elle a tout naturellement été choisie par ses camarades pour être l’ambassadrice du lycée pour prononcer un discours, en allemand, lors de la cérémonie pour le trentième anniversaire de la chute du mur, en présence de la Chancelière Angela Merkel mais aussi de présidents européens. Elle a également participé avec la classe de 1ère Abibac à des tables-rondes concernant des thèmes comme l’éducation, l’écologie, l’Europe avec des députés français et allemands de l’Assemblée Parlementaire Franco-Allemande (APFA), dans les locaux d’Arte, le 6 février 2020. Franco-allemande, elle est fière de cultiver sa double culture et poursuit son parcours binational au collège universitaire de Sciences Po, Nancy-Programme européen franco-allemand Sciences Po, et la Freie Universität Berlin.
Le second élève primé Kemal Demircan a lui aussi suivi un cursus franco-allemand dans la voie professionnelle, dans le dispositif Azubi-Bacpro au lycée des métiers Charles de Gaulle de Pulversheim, section Azubi-bacpro. Pour compléter la formation scolaire, il a effectué huit semaines de formation dans des entreprises allemandes et a vécu une réelle immersion dans le pays durant cette période. Par ailleurs, il a participé à tous les projets franco-allemands menés avec le lycée Charles de Gaulle et son partenaire allemand de la GHS d’Emmendingen.
Cyrille Schott a souligné la capacité de fédération de ces élèves au sein de leur classe respective et a félicité les équipes éducatives présentes lors de la cérémonie pour leur soutien aux actions franco-allemandes. Il a mis en relief l’importance de l’amitié franco-allemande dans la construction de l’unité européenne, ce miracle de la paix.
Les élèves ont remercié leurs professeurs et les chefs d’établissement pour leur engagement en faveur de l’ouverture franco-allemande au profit des élèves et leur soutien tout au long de la scolarité. Leur présence à leurs côtés pour ce moment festif témoigne du lien qui a été créé, notamment grâce aux actions spécifiques de mobilité.
Cette remise de Prix a fait l’objet d’articles dans la presse locale et régionale (Dernières nouvelles d’Alsace – DNA et l’Ami Hebdo).
Remise du Diplôme de l’AFDMA à Grosbliederstroff (Lorraine) le 17.12.2021.
Le 17 décembre 2021, Jean -Marie Fèvre, délégué de l’AFDMA pour la Lorraine, a remis dans le bureau du maire de Grosbliederstroff, le Diplôme pour 2021 à Monsieur Alain Przybylski, président depuis de nombreuses années du club de canoë-kayak de Grosbliederstroff.
Une équipe de la télévision sarroise était là car la commune vient de recevoir le label « terre de Jeux » dans le cadre de la préparation des J.O. de 2024, surtout à cause de la qualité du travail réalisé par le club de canoë-kayak. Mais si ce label a un caractère français, la dimension franco-allemande de l’action du club de canoë-kayak de Grosbliederstroff est très importante et existe depuis des décennies avec le Kanu-Klub de Sarrebruck grâce à son président, Alain Przybyski. Il a d’ailleurs été élu en 2020, pour un mandat de 4 ans, membre du conseil d’administration Comité départemental olympique et sportif de Moselle.
Comme chaque année, début septembre 2022, les championnats de canoë-kayak du sud-ouest de l’Allemagne (!) auront lieu à Grosblie, en même temps qu’une compétition mosellane. Il est à noter que le président Przybylski est d’une humilité et d’un dévouement exemplaires et a une action sociale particulièrement méritante: en lien avec la commune (et la policière municipale), il intègre des ados risquant de déraper et, par le canoë-kayak, les motive pour ne plus vivre dans une oisiveté nocive mais pour aller de l’avant. Le projet
d’un bassin sur la Sarre (frontière!) permettant des compétitions de très haut niveau est en bonne voie.
Monsieur Przybyslski avait été invité par le maire à une « réunion de travail ». Et seul le maire et la policière municipale savaient ce qui allait se passer. Il est allé de surprise en surprise, avec la présentation du label de la commune et la remise du diplôme de l’AFDMA.
Avec le maire, il a largement répondu aux questions des journalistes. La télévision sarroise va présenter ce reportage dans les jours qui viennent et un article va paraître dans le quotidien mosellan « Le Républicain Lorrain ».
Assemblée Générale virtuelle 2021.
En raison de la pandémie de Covid 19, l’Assemblée Générale de l’AFDMA n’a pu se dérouler dans les conditions normales de participation physique de ses membres. Elle s’est déroulée par correspondance (Internet et voie postale), les membres de l’AFDMA étant priés de voter les rapports présentés par le bureau entre le 10 et le 19 décembre. Le quorum de 19 suffrages exprimés pour 48 membres à jour de leur cotisation ayant été atteint, les décisions de cette AG, qui s’est limitée aux seules dispositions statutaires, sont déclarées valides.
Tous les rapports, qui avaient été adressés à tous les membres, ont été adoptés à l’unanimité.
Site internet www.afdma.fr
Le site internet est régulièrement mis à jour avec des articles d’actualité, souvent rédigés par nos membres, sur l’Allemagne et les relations entre nos deux pays dans le contexte de l’Europe.
Page « facebook » de l’AFDMA
Pour mémoire : En plus du site internet «www.afdma.fr », nous disposons d’un outil de communication supplémentaire sous la forme d’une page « facebook », sous l’appellation « Association Française des Décorés du Mérite Allemand ».
Cette page est aussi régulièrement mise à jour et comprend, conformément à la mission de l’AFDMA, des informations sur la coopération franco-allemande, sur l’Allemagne et sur l’Europe. Elle permet une interactivité.
Venez nombreux la visiter et nous faire part de vos avis sur les sujets abordés.
APPEL / RAPPEL
La vie de l’AFDMA, ce sont aussi les cotisations de ses membres et de ses amis. Pensez à la régler pour 2022 !
Le montant a été fixé pour les membres à 35€, et à 25€ pour les amis en 2022, à adresser par chèque à notre trésorier, Bernard Lallement, 142 rue Boucicaut, 92260 Fontenay aux Roses.
Pour tout virement, voici les coordonnées bancaires de l’AFDMA :
Compte n° 08231147386 auprès de la Caisse d’Epargne d’Île-de-France
IBAN : FR76 1751 5900 0008 2311 4738 636.
Merci de soutenir notre engagement.