Lettre d’information n°58. Avril 2024.
LA LETTRE D’INFORMATION
sur les relations franco-allemandes et l’Allemagne
N° 58. Avril 2024.
Responsable de la rédaction : Bernard Viale.
Délégué à la « Communication ».
Le mot du Président
Chers membres de l’AFDMA, chers amis,
« Et si Macron avait raison ? » C’est le titre d’un article de l’hebdomadaire « der Spiegel » du 23 mars dernier, qu’on ne peut pas habituellement qualifier de complaisant par rapport à la vie politique française.
La déclaration du Président français n’excluant pas l’envoi en Ukraine de troupes au sol a déclenché dans la presse d’opinion allemande de nombreuses réactions, avec la réactivation de clichés sur l’arrogance française, l’absence de volonté de concertation préalable, et même des commentaires moqueurs sur les photos d’Emmanuel Macron s’entraînant à la boxe dans les sous-sols de l’Elysée. Du côté français, c’est surtout l’indécision et la prudence du Chancelier Scholz qui ont été critiquées. Jamais les différences de tempérament et d’analyse de nos dirigeants politiques n’étaient apparues aussi clairement qu’à ce moment difficile de la guerre en Ukraine. La politique intérieure, avec en arrière plan les prochaines élections européennes, a aussi certainement joué un rôle pour ces différends entre nos deux pays.
Entretemps, même si elles ont été tardives, des réponses ont été apportées tant au niveau national qu’européen, mais de nombreuses questions restent en suspens, en particulier celle de la souveraineté européenne en matière de défense.
Fort heureusement, la coopération franco-allemande continue, avec, pour les armements, enfin la signature d’accords pour la construction d’un char commun. Elle se poursuit au quotidien tant au niveau institutionnel que pour la société civile. L’apprentissage de la langue du partenaire reste très problématique et les efforts déployés depuis de nombreuses années ne font que freiner la chute…
L’AFDMA continue d’apporter sa pierre à la construction de l’édifice de l’amitié et de la coopération entre nos deux pays dans le cadre de la construction européenne. Notre dernière assemblée générale à l’ambassade d’Allemagne en a été une belle illustration. Merci à tous nos membres et amis qui y contribuent, au service d’un mieux-vivre ensemble en Europe.
Bien cordialement,
Général (2S) Bertrand Louis Pflimlin
Président
Sommaire :
Le mot du Président.
Publications:
– L’UE doit se donner une 2ème assurance-vie dans l’OTAN.
– Histoire en cours d’un amour fort et de quelques orages. Le traité de l’Elysée, 61 ans après.
– Allemagne d’aujourd’hui : l‘AfD une ascension résistible?
Les manifestations franco-allemandes:
– Le 5ème anniversaire de l’assemblée franco-allemande parlementaire.
Les manifestations culturelles de la Maison Heinrich Heine.
La vie de l’AFDMA :
La réunion des Délégués régionaux et l’asssemblée générale ; la disparition d’Alfred Grosser ; la remise des Prix de l’AFDMA au rectorat de Strasbourg; le témoignage d’un récipiendaire du Prix de l’AFDMA.
Publications
Durant les mois passés, nous avons publié un certain nombre d’articles sur notre site internet www.afdma.fr que nous ne reprenons pas dans cette « Lettre d’information ». Vous les retrouverez en page d’accueil dans le « carrousel d’articles d’actualité » ou « En direct du franco-allemand ».
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L’UE doit se donner une seconde assurance-vie dans l’OTAN
Par Jean-Paul Perruche et Cyrille Schott
Le général et l’ancien préfet estiment que l’Union européenne doit organiser une capacité conventionnelle à partir des armées nationales, développer son industrie de défense et réfléchir à un bouclier nucléaire.
La saillie de Donald Trump, qui, en Caroline du Sud le 10 février, a accusé les pays membres de l’OTAN d’être de « mauvais payeurs », interpelle l’Europe. En Allemagne, le débat a questionné l’« assurance-vie » que l’organisation représente pour l’Europe, selon les termes de la ministre des affaires étrangères allemande, Annalena Baerbock, au sommet du triangle de Weimar, le 12 février, à La Celle Saint-Cloud (Yvelines). Son homologue français, Stéphane Séjourné, a répondu : « Il nous faut une deuxième assurance-vie, pas en substitution, pas contre l’OTAN, mais en addition. »
L’Europe doit se donner cette seconde assurance-vie, dans l’OTAN. Elle le peut. Tandis qu’en 2024 la Russie va porter ses dépenses militaires jusqu’à l’équivalent de 106 milliards d’euros, les pays européens de l’Alliance, selon le secrétaire général de l’OTAN, vont y consacrer plus de 350 milliards d’euros. Les budgets de l’Allemagne et de la France additionnés représenteront près de 133 milliards d’euros. Ces chiffres donnent une image relative du rapport de force, car l’Europe n’a pas une armée, mais compte autant d’armées que de nations ; ces données montrent néanmoins que le chemin est ouvert.
Il l’est dans l’OTAN, dont le nouveau concept stratégique, adopté à Madrid en 2022, dit qu’elle « reconnaît l’intérêt d’une défense européenne plus forte et plus performante, qui contribue réellement à la sécurité transatlantique et mondiale, complète l’action de l’OTAN et soit interopérable avec celle-ci ». L’objectif de l’assurance-vie ne peut toutefois se confondre avec celui de l’atteinte par les budgets militaires du seuil de 2 % du PIB, ce qui sera fait par vingt pays de l’OTAN en 2024.
Déployer 5000 soldats
Si des diplomates de l’Alliance pensent que cette augmentation pourrait aider à gagner la confiance de Trump, s’il devait être élu, ce raisonnement de vassal se voilant le regard devant le risque exclut d’envisager que l’Europe puisse se défendre seule.
Pour cet objectif, l’Union européenne (UE) doit organiser d’urgence, à partir des armées nationales, une capacité conventionnelle à même de répondre à une agression. Elle doit ensuite développer puissamment sa base industrielle et technologique de défense. Enfin, elle peut envisager le sujet du bouclier nucléaire.
Depuis le Brexit, l’UE a inscrit la défense dans son budget et a créé, au sein de son état-major, la capacité militaire de planification et de conduite, pouvant préfigurer un état-major opérationnel. Dans sa boussole stratégique, adoptée en 2022, elle prévoit de consolider cette capacité militaire et de pouvoir déployer rapidement 5 000 soldats. Une première manœuvre s’est déroulée, en octobre 2023, dans le sud de l’Espagne. Il faut créer désormais un véritable état-major opérationnel, apte à planifier des scénarios de crise et à coordonner de significatifs déploiements de troupes en mesure d’affronter une vraie guerre, cela en confiance avec l’OTAN.
L’Eurocorps, installé à Strasbourg, peut commander, pour l’Union européenne ou pour l’OTAN, jusqu’à 60 000 hommes. La France a aussi lancé, en 2018, l’initiative européenne d’intervention, qui regroupe treize pays, dont le Royaume-Uni, pour développer une culture stratégique et une capacité d’engagement militaire communes. Par ailleurs, les coopérations entre pays voisins sont à mettre en cohérence. Aujourd’hui, le soutien efficace de l’Ukraine, au besoin par eux seuls, forme un test pour les Européens.
Afin de renforcer sa base industrielle et technologique de défense, l’UE a créé divers instruments, comme, en 2017, le Fonds européen de défense, la Facilité européenne pour la paix, la coopération structurée permanente et, en 2022, l’instrument visant à renforcer l’industrie européenne de la défense au moyen d’acquisitions conjointes et la stratégie en matière de cyberdéfense. Elle a décidé, en 2023, la production commune de munitions pour aider l’Ukraine. Elle dispose de l’Agence européenne de défense et peut s’appuyer sur l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement.
La Commission va bientôt dévoiler sa stratégie industrielle de défense européenne. Pour aller plus loin, le commissaire Thierry Breton a proposé un fonds de 100 milliards d’euros afin de stimuler cette industrie, et l’Estonie a préconisé de lever de la dette européenne pour l’aide à l’Ukraine et le réarmement. L’idée de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, de créer un poste de commissaire européen chargé de la défense va dans la même direction.
Capacité de se coordonner
La question délicate du nucléaire est également soulevée. En janvier, Emmanuel Macron, en rappel de son discours du 7 février 2020 à l’Ecole militaire, à Paris, a souligné, en Suède, que la France était un « Etat doté d’armes nucléaires dont les intérêts vitaux ont une dimension européenne », et a réitéré sa proposition d’un dialogue stratégique avec ses partenaires sur le rôle de la dissuasion nucléaire française, la seule de l’Union européenne. Cette proposition, négligée en 2020, a nourri des échanges vifs en Allemagne, conduisant le ministre de la défense, Boris Pistorius, à déclarer, le 14 février, que le débat nucléaire était « une escalade dans la discussion, dont nous n’avons pas besoin ».
L’hebdomadaire allemand Die Zeit a consacré le lendemain une pleine page à la question « L’Europe a-t-elle besoin de la bombe ? », d’où il ressort qu’il faut étudier la proposition française, avec, sans mettre en cause la décision souveraine de Paris du recours au nucléaire, des pistes comme la participation à des exercices nucléaires français ou une réflexion sur un stationnement temporaire en Allemagne d’avions Rafale porteurs de bombes atomiques.
Les Européens ont la capacité de se coordonner et de bâtir, dans l’OTAN, l’organisation donnant un caractère opérationnel à l’article 42-7 du traité sur l’Union européenne : « Au cas où un Etat membre serait l’objet d’une agression armée sur son territoire, les autres Etats membres lui doivent aide et assistance par tous les moyens en leur pouvoir (…). » L’Europe peut devenir souveraine, en tant que partenaire efficace de l’OTAN, si elle le veut. Elle le doit, au regard des menaces qui pèsent sur elle.
Jean-Paul Perruche est général de corps d’armée (2S), ancien directeur général de l’état-major de l’Union européenne et ancien président d’EuroDéfense France;.
Cyrille Schott est préfet honoraire de région, ancien directeur de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice, membre du bureau d’EuroDéfense France. Il est Délégué régional de l’AFDMA en Alsace.
Article paru dans « Le Monde » du 26 février 2024.
Histoire en cours d’un amour fort et de quelques orages
Le traité de l’Elysée, 61 ans après
Par Jacques Ajouc
Ce titre et ces quelques grains d’ironie trouvent leur origine dans l’éternelle chanson des vieux amants de Jacques Brel, appréciée et adaptée par ailleurs des deux côtés du Rhin. Un parallèle ? en tout cas, une ressemblance.
Alfred GROSSER mettait toujours en valeur, devant ses étudiants, ce qui pour lui constituait le premier acte d’une réconciliation : la mise en commun, en Europe, des ressources et acier et charbon, vitales pour la reconstruction au début des année 1950.
Robert SCHUMAN, selon l’historien de l’Allemagne, aurait ainsi traduit dans la pratique les prémisses d’un rapprochement difficile à imaginer dans le contexte de l’époque : des peuples tétanisés, des économies européennes en ruines. Il fallait recréer les conditions favorables à un souffle de renouveau.
Le discours de Ludwigsburg à la jeunesse : un premier élan de fraîcheur et de modernité.
Début septembre 1962, le général de Gaulle accomplit en Allemagne une tournée mémorable : pour la jeunesse d’alors, il représente l’homme d’état moderne, le courant passe avec le chancelier Adenauer, il s’exprime en allemand avec aisance, parle à tout un chacun, empreint de respect pour ses interlocuteurs. L’impression se révèle excellente.
Au château de Ludwigsburg, en Bade Wurtemberg, il s’adresse à la jeunesse d’Allemagne en soulignant qu’elle est l’avenir et l’espoir d’un peuple. Il parle sans fard. Ses propos, comme une solide poignée de main que l’on donne à un ami, déclenchent l’enthousiasme.
Le rapprochement, d’abord timide avait été initié par les anciens prisonniers de guerre : il se poursuivra, toujours croissant, par les tout premiers échanges et jumelages. En 2024, il s’en compte plus de 2300. Avec des degrés et des types d’activité variables, sans doute ; mais toujours présents.
Le traité de l’Elysée n’est pas tombé du ciel et n’allait pas forcément de soi, et pourtant…
Le traité de l’Elysée a été signé le 22 janvier 1963, soit dix-huit ans après la fin de la seconde guerre mondiale. En réalité, la volonté de réconciliation était déjà reconnaissable dix ans auparavant. Ce traité porte l’empreinte des premiers pas de l’Europe communautaire, dans un contexte de guerre froide et de reconstruction. Il s’inspire, en partie, d’un plan européen d’union politique élaboré en France par le diplomate Christian Fouchet dans le cadre de la CEE, qui ne l’avait pas adopté.
Pour les principaux signataires, Charles de Gaulle et Konrad Adenauer, il importait de tirer un trait sur les douleurs du passé et de construire une ère nouvelle par le biais d’un partenariat fraternel. Des relations normalisées et approfondies entre les deux société civiles et leurs institutions devaient prévaloir.
Les questions diplomatiques constituent la première partie du document, la seconde aborde les questions de défense, sujet délicat après le rejet de la CED. Le domaine économique et les relations culturelles occupent une place restreinte. Or, l’expérience démontrera que des succès significatifs s’inscriront à l’actif de ces derniers secteurs. C’est pourtant la troisième partie, consacrée à l’éducation et à la jeunesse, qui restera dans les mémoires comme le principal pilier.
Si Adenauer et de Gaulle voulaient ce traité, c’est parce qu’ils se méfiaient de la faible portée d’une simple convention. En fins politiques, ils faisaient peu de cas des déclarations d’intention et leur vœu consistait en l’élaboration d’une coopération modèle, construite, évolutive, diplomatique, économique et stratégique. La finalité générale du message était le rapprochement durable de la jeunesse des deux pays. Pour les signataires, il s’agissait du seul gage de pérennité de l’accord.
La création de l’Office Franco Allemand pour la Jeunesse a été le joyau…et l’astuce du Traité de l’Elysée : depuis sa création, son succès ne s’est pas démenti. Les échanges scolaires et universitaires se sont multipliés par le biais d’initiatives multiples et de subventions ciblées. L’apprentissage de la langue du partenaire devait constituer une voie essentielle du rapprochement par la jeunesse et le partage d’expériences communes.
Avec des rencontres deux fois l’an entre les chefs d’état et de gouvernement, trois fois pour les ministres des affaires étrangères, des commissions périodiques consacrées à la défense, l’éducation, la jeunesse, les échanges n’ont jamais cessé, même en temps de crise ou de discorde. Cette pérennité relationnelle entre deux états constituait et constitue encore une situation politique inédite.
Le traité d’Aix-la-Chapelle : élargir et actualiser les perspectives d’un long vécu commun, tenir compte des différences, tracer des pistes pour le futur.
Le traité d’Aix-la-Chapelle a été signé le 22 janvier 2019 par Emmanuel MACRON et Angela MERKEL. Il avait pour but de sceller la coopération franco-allemande, sur la base du traité de l’Elysée, suivant le contexte actuel et afin de faire face aux défis du futur. Il est entré en vigueur un an plus tard.
Il tient compte de l’évolution du monde depuis 1989 et des frictions inhérentes à tout partenariat ; il amplifie les perspectives d’un présent souvent difficile pour les deux pays au sein de l’Union. Dans le respect des aspirations de chacun, il trace des pistes pour les prochaines décennies.
Il stipule que les deux pays s’exprimeront d’une seule et même voix sur les questions de politique étrangère et de sécurité. Depuis de nombreuses années, les ministères des affaires étrangères accueillent des diplomates d’échange.
Le traité comporte 15 projets prioritaires, dont la création de 9 instituts franco-allemands en pays tiers, un projet de mobilité et un forum franco-allemand pour l’avenir, destiné à l’élaboration de modèles innovants en matière de politiques publiques.
Il établit une assemblée franco-allemande paritaire, comprenant 50 députés français et 50 membres du Bundestag. Elle se réunit deux fois l’an et veille à l’application du traité. Il lui incombe aussi de faciliter le fonctionnement des espaces économiques franco-allemands.
Aujourd’hui, la protection de l’environnement, les questions sanitaires débouchent sur des initiatives communes, aussi bien en recherche et développement, en économie qu’en innovation et TIC. A cet effet, le traité d’Aix-la-Chapelle a permis l’élargissement du champ d’action de ces projets à la société civile par la création du Fonds Citoyen Franco-Allemand. Le recours à ce fonds constitue une ouverture pour les associations, groupes d’amitié et comités de jumelage.
Cette coopération s’élargit aussi (exemple : Angers-Osnabrück-Haarlem) de jumelages tripartites, donnant l’occasion d’associer les entités locales de pays tiers dans le cadre de projets multilatéraux.
Au gré des orages : couple, ou moteur franco-allemand ?
Des pommes de discorde variées ont surgi au fil des années. Pas tout de suite pourtant, en dépit d’une certaine superbe gaullienne et du pragmatisme rigoureux du chancelier Adenauer. L’idée de couple franco-allemand ne se traduit-elle pas en « moteur franco-allemand » du coté de nos partenaires ? On ne peut pas toujours se dispenser de quelques froideurs et taquineries mutuelles : il est vrai que le partenariat entre une république « présidentielle » et une « république parlementaire » n’est pas de tout repos pour les décideurs. Mais nous investissons, mieux sans doute que d’autres états, autant d’énergie à cerner et régler nos désaccords de fond qu’à mener à bien les projets « sans nuages ».
Cette amitié va de soi depuis longtemps. Elle ne saurait donc s’embarrasser de fioritures en matière stratégique, économique et de dépendance énergétique.
Le bât blesse pourtant de nos jours sur les questions d’approvisionnement militaire, avec pour conséquence une relative indifférence allemande aux projets stratégiques communs, supposée de ce côté du Rhin. De surcroît, les contraintes de fourniture énergétique rendent enviable pour nos partenaires la latitude française eu égard à son indépendance en matière de nucléaire civil. Et le départ outre-Atlantique d’entreprises allemandes, attirées par des offres de développement considérables, inquiète par contrecoup en France, où le monde industriel est susceptible de succomber à son tour aux offres d’installation présentées outre-Rhin.
Une démarche continue : le souci de progresser en commun sans laisser échapper l’atout franco-allemand.
L’attention portée à la jeunesse, à son sens de la créativité et de l’innovation est le seul moyen de ne pas perdre le terrain gagné sur six décennies.
La France et l’Allemagne ont su se réconcilier dans un mouvement puissant et spontané, il leur appartient aujourd’hui d’investir une force morale et une énergie au moins égales pour explorer le monde qui nous entoure et, toujours davantage, y valoriser leur rôle.
Les précurseurs et les signataires du traité de l’Elysée, puis, cinquante-six ans plus tard, les continuateurs du traité d’Aix-la-Chapelle étaient et sont plus que jamais empreints de cette volonté d’agir de concert, en tenant compte des spécificités de chacune et de leur place significative dans le concert de l’Union Européenne, passée de 6 à 27 états-membres en soixante ans malgré le départ volontaire du Royaume-Uni.
Les peuples allemand et français ont été durement secoués par l’histoire. Aujourd’hui amis sincères, le devenir Européen se situe pour eux au premier plan, plus encore que pour toute autre nation.
Au sein de l’Union Européenne, le rapprochement entre cultures et sociétés civiles ne va pas toujours de soi : parfois, revient le temps des orages. Aussi convient-il d’éviter l’abus des comparaisons, attitude souvent réductrice.
La force motrice de l’entente, cette qualité reconnue partout dans l’Union, est une dynamique trop précieuse pour que la sclérose s’y installe.
Les rites et commémorations gardent leur importance, sous réserve de fidélité réciproque, mais pas seulement : ils ont aussi valeur de garantie d’une capacité de réponse harmonisée quand la réalité du monde lance les plus cruciaux défis : climat, solidarité, immigration, développement économique, social et institutionnel.
Sur le plan économique, quelques chiffres parlent d’eux-mêmes : 2500 entreprises, 320 000 emplois allemands en France, environ 4500 franchises et 340 000 emplois français en Allemagne, 16 % du volume des exportations françaises vers l’Allemagne, le même pourcentage de l’Allemagne vers la France.
Les jumelages et les parcours universitaires ou technologiques communs permettent le rapprochement de ce qui est utile aux partenaires parmi leurs usages et méthodes respectifs. Ils exaltent, par la mutualisation du savoir-faire, ce que les deux entités ont de grand.
Les travaux universitaires menés en commun, le rapprochement de collégiens, lycéens, étudiants autour de thèmes d’intérêt collectif, les programmes Erasmus I et II et la coopération transfrontalière notamment sur des actions d’urgence et de santé collective constituent déjà, mais pas encore assez, la cheville ouvrière d’une entente « à demi-mot ».
Une œuvre pérenne et une dynamique d’espérance.
Cette ouverture continue de perspectives caractérise toute la substance du discours de Ludwigsburg à la jeunesse, véritable prologue du traité de l’Elysée, entré dans sa 7ème décennie depuis l’an passé. Son prolongement le plus récent, le traité d’Aix-la-Chapelle, en étend et modernise les modalités pratiques et les perspectives.
Porté par l’enthousiasme éveillé en son temps par les pères fondateurs, complété du travail constant de ceux chargés d’en amplifier la portée, le traité de l’Elysée continue de se traduire de nos jours, au sein de l’Europe et du monde et à force de volonté collective, par une somme de fraternités solides entre nos sociétés civiles et nos institutions.
Jacques AJOUC, ancien diplomate, est Délégué de l’AFDMA pour la Région Centre.
Allemagne d’aujourd’hui
Le dossier du dernier n°est consacré à l’AfD.
Retrouvez l’éditorial de Jérôme Vaillant „ une résistible ascension de l’AfD?“ en intégralité sur notre site www.afdma.fr
Les manifestations franco- allemandes
Le 5ème anniversaire de l’assemblée parlementaire franco-allemande
a été l’occasion, le 18 mars 2024 à Paris, de rappeler les travaux et le caractère hautement symbolique de cette institution créé dans le cadre du traité d’Aix la Chapelle. Il a permis de se féliciter de l’importance des interactions des sociétés civiles dans la coopération entre nos deux pays. L’urgence de relancer l’apprentissage de la langue du partenaire a été une nouvelle fois soulignée.
Bertrand Pflimlin, président et Gérard Thieser, membre du Bureau de l’AFDMA, y ont participé.
Les manifestations culturelles de la Maison Heinrich Heine
La fin des partis traditionnels en Allemagne ?
Fragmentation de gauche et de droite
Déjeuner-débat mercredi 24 avril de 12h30 à 14h00
Ce cycle de conférences, animé par Jeanette Süß (Cerfa), vise à questionner les grands enjeux politiques qui se posent pour l’Allemagne qui fait face à plusieurs bouleversements sur le plan géopolitique, économique et sécuritaire. Ces derniers conduisent à une fragmentation croissante du système politique allemand. Les partis dits « traditionnels » doivent faire leurs preuves cette année lors des élections européennes et régionales. Ainsi, les évolutions politiques en Allemagne impactent fortement les relations franco-allemandes, déterminantes pour une Europe qui fonctionne. La coalition « feutricolore » va-t-elle réussir à rassembler les forces démocratiques ? Peut-elle mener à bien sa politique réformiste à l’heure de ces bouleversements ? Le projet tient à engager un dialogue interactif en incluant des étudiant·e·s parisien·ne·s et des questions du public pour un débat d’actualité autour de la politique allemande.
Intervenants :
Dominique Herbet, Prof. Université de Lille.
Hans Stark, Prof. de civilisation allemande, Sorbonne Université.
Jeanette Süss, chercheuse au CERFA (IFRI).
La vie de l’AFDMA
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