Lettre d’information n°59. Juillet 2024.
LA LETTRE D’INFORMATION
sur les relations franco-allemandes et l’Allemagne
N° 59 Juillet 2024.
Responsable de la rédaction : Bernard Viale.
Délégué à la « Communication ».
Le mot du Président
Chers membres de l’AFDMA, chers amis,
En ce printemps, les occasions n’ont pas manqué de célébrer l’amitié et la coopération entre nos deux pays, motrices de la construction européenne.
La visite d’Etat du Président à Berlin et à Dresde, seul chef d’Etat invité à la commémoration du 75ème anniversaire de la Loi fondamentale, a donné lieu à de nombreux échanges avec la jeunesse sur les valeurs humanistes qui nos sont chères, la démocratie et les principes républicains, la nécessité de poursuivre l’intégration européenne et de défendre ses idéaux de paix et de mieux-vivre ensemble.
La commémoration du 80ème anniversaire du débarquement allié en Normandie a été aussi, malheureusement sur fond de guerre en Ukraine, l’occasion de rappeler notre attachement à la liberté et le lourd prix payé pour la rétablir et la défendre.
Plus récemment, la commémoration du massacre d’Oradour sur Glane, en présence du Président de la République fédérale d’Allemagne, a permis à nouveau de souligner la cruauté de la guerre et l’expression du « plus jamais ça ».
La commémoration du 80ème anniversaire de la libération de Strasbourg les 23 et 25 novembre prochains constituera sans nul doute un point d’orgue de cette année mémorielle.
Récemment, les élections européennes ont manifestement souligné, dans toute l’Europe, une évolution politique sensible vers un repli national plus marqué.
Mais surtout, les élections législatives ont suscité beaucoup d’inquiétude chez nos amis allemands. Les plus hauts responsables politiques l’ont exprimée.
Il est indéniable que les résultats, sans majorité claire, ont affaibli la voix de la France. Notre pays a perdu, pour la première fois de son histoire, depuis 1958, une cohérence politique que lui donnait une majorité claire et indiscutable.
Il va falloir prendre en compte cette instabilité politique à laquelle personne n’est plus habitué. Cela devrait conduire nos responsables à prendre exemple sur nos voisins européens et en particulier sur l’Allemagne et sa culture du compromis rhénan. Dans la situation actuelle, la seule voie possible passe par la construction d’un programme, élaboré par les partis politiques, capables de former une majorité à la chambre des députés. Il est temps que nos responsables comprennent que compromis n’est pas compromission. Il y va de l’intérêt supérieur du pays qui doit prendre le pas sur la politique politicienne et faire abstraction des intérêts particuliers et des plans de carrière.
Sans aucun doute, la coopération franco-allemande restera incontournable. Ses bases sont solides. La société civile continuera à l’animer, par-delà les vicissitudes de la vie politique.
L’AFDMA y prendra sa part, avec les contributions de tous ses membres. Plus que jamais, les relations entre nos deux pays et l’Europe auront besoin de notre « académie de militants ».
Je vous souhaite un très bel été.
Bien cordialement,
Général (2S) Bertrand Louis Pflimlin
Président
Sommaire :
Le mot du Président.
P. 3: Publications: L’Europe, le miracle de la paix.
P. 5: L’Allemagne et la France s’accordent sur le développement « du char du futur » (MGCS).
P. 7 : Le dernier n° d’Allemagne d’aujourd’hui.
P. 10 : Les manifestations franco-allemandes :
La France et l’Allemagne ont commémoré, main dans la main, le massacre d’Oradour.
Commémoration du 80ème anniversaire de la Libération de la ville de Strasbourg et de la découverte du camp de Natzweiler
P. 11: Exposition : Berlin explore les « paysages infinis » de Caspar David Friedrich.
P. 12: Témoignage: “Les enfants de la guerre“.
P .13: La vie de l’AFDMA :
Les Prix de l’AFDMA.
Bienvenue à un nouveau membre.
Publications
Durant les mois passés, nous avons publié un certain nombre d’articles sur notre site internet www.afdma.fr que nous ne reprenons pas dans cette « Lettre d’information ». Vous les retrouverez en page d’accueil dans le « carrousel d’articles d’actualité » ou « En direct du franco-allemand ».
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L’Europe, le miracle de la paix
Par Cyrille Schott
« L’Europe, le miracle de la paix », cette expression, utilisée par Pierre Pflimlin ou Simone Weil, ne parle plus à tant de gens, et particulièrement à de si nombreux jeunes. Pourtant, elle témoigne d’un événement hors du commun dans l’histoire du monde. La construction européenne, dont est issue l’Union européenne, est à tant de titres un miracle de la paix, unique dans la marche de l’univers.
Dans le passé, la paix succédant à une guerre n’était que la période pendant laquelle le pays défait préparait la guerre de revanche. Ce schéma a notamment marqué la relation entre la France et l’Allemagne. La victoire allemande de 1870-1871 marquait, sous un certain angle, la revanche sur la fin de la guerre de Trente ans, où la France, par le traité de Westphalie et les actions consécutives, avait conquis l’Alsace. Et en 1871, la France dut « payer », l’Allemagne reprit l’Alsace, mais celle-ci était alors devenue française dans l’âme. La Grande Guerre de 14-18 permit la revanche de la France, le retour de l’Alsace. « L’Allemagne paiera ! » était l’idée inspirant le traité de Versailles, ressenti comme un Diktat par les allemands. Vint l’horreur de la seconde Guerre mondiale due à la folie criminelle d’Hitler, qui remit la main sur l’Alsace. Celle-ci revint à la France en 1945.
Au lendemain de ce conflit épouvantable, ce cycle fut aboli. « Plus jamais cela ! », « Plus jamais la guerre !» furent les idées qui inspirèrent les pères de l’Europe, Jean Monnet, Robert Schuman, Konrad Adenauer, Alcide de Gasperi, Paul-Henri Spaak, Joseph Bech, Johan Willem Beyen. Ces hommes mirent en commun les industries de guerre, celles de l’acier et du charbon, en céant la Communauté européenne du charbon et de l’acier, la CECA. La construction européenne était lancée et ce fut une rupture fondamentale avec le cycle guerre-paix-guerre. Ce fut le miracle de la paix.
La réconciliation franco-allemande, avec les images iconiques des couples De Gaulle-Adenauer, Giscard d’Estaing-Schmidt, Mitterrand-Kohl, s’inscrivit au cœur de ce miracle de la paix. Toutefois, celui-ci concerna aussi les autres nations entrées dans l’aventure européenne. Ce sont de vieilles nations qui se sont tant fait la guerre. Des conflits ont marqué les rapports de la France et de l’Espagne, de l’Italie et de l’Espagne, de l’Allemagne et de la Pologne, de la Suède et du Danemark, de l’Autriche et de l’Italie, de la Hongrie et de la Roumanie, et la liste est loin d’être complète. Les peuples de l’Union européenne ont mis fin à la loi du talion. Le miracle de la paix !
Ces peuples ont rejoint l’Union librement et y demeurent librement. Les empires jadis étaient construits par le glaive d’un conquérant, dans la violence s’imposant aux peuples, ou par le mariage des princes, comme cela se fit chez les Habsbourg, sans que soit sollicité l’avis des peuples. Notre Europe repose sur le libre consentement des nations qui la composent. Elle avance sur une ligne de crête entre, d’un côté, l’idéal d’une unité toujours plus profonde et, de l’autre, les intérêts de nations enracinées dans l’histoire. Ce cheminement suppose régulièrement le compromis, et celui-ci advient.
Là encore, c’est un miracle de la paix, cette paix aux fruits de laquelle les citoyens des pays fondateurs de l’Europe ont pu goûter depuis près de six décennies et qui, par des élargissements successifs, a bénéficié à l’essentiel du continent, dans un chemin de démocratie, de respect des droits humains, de prospérité. Et l’Union européenne représente un espace que tant d’hommes et de femmes venues d’autres parties de la terre aspirent à rejoindre.
L’aventure européenne, l’une des plus belles de l’histoire de l’humanité, est toujours en cours, elle n’est pas terminée. Elle n’est pas à l’abri des menaces.
La guerre a repris en Europe. Poutine a l’ambition de reconstruire, autant que possible, l’empire que la fin de l’Union soviétique a fortement réduit. La Russie a agressé l’Ukraine, un Etat souverain, internationalement reconnu, violant la charte des Nations unies et le mémorandum de Budapest, qu’elle a signé en 1994 et par lequel l’Ukraine a renoncé à l’arme nucléaire en échange de la reconnaissance de sa souveraineté et de ses frontières. Si cette agression réussit, d’autres sont envisageables, par exemple contre les Etats baltes, membres de l’Union européenne. Alors l’Union sera directement confrontée au défi de la guerre, à l’agression venue de l’extérieur de ses frontières. Pour préserver son existence, elle sera dans l’obligation de se défendre, et même si l’OTAN intervient, elle ne pourra échapper à son propre engagement. Depuis le Brexit, l’Union européenne a accompli des progrès dans le domaine de la défense, elle soutient l’Ukraine dans son juste combat, mais tant reste à faire pour la défense européenne, tant reste à mettre en œuvre pour que la Russie ne gagne pas la guerre. C’est là l’un des défis, existentiels, posé à l’Union européenne.
Une autre menace pour l’Europe tient dans le réveil des égoïsmes nationaux que flattent les partis dits populistes, un peu partout sur le continent, et spécialement en France. Les intérêts des Etats membres de l’UE ne sont pas toujours identiques, mais l’idéal européen, ajouté à l’intérêt bien compris de cette bénéfique alliance des nations, a toujours permis de surmonter les divergences et de poursuivre le chemin de l’unité dans la paix et la diversité. Si demain, les égoïsmes nationaux l’emportent en Europe, celle-ci n’y survivra pas. De vieilles rancœurs entre peuples, pas toujours totalement éteintes, appuyées parfois sur l’existence de minorités, resurgiront. L’aventure européenne sera cassée.
Il est bon de se souvenir que le miracle de la paix doit être défendu et consolidé. Sans cesse. Il peut l’être, il doit l’être.
Cyrille Schott, préfet honoraire de Région, ancien directeur de l’Institut National des hautes Etudes de la Sécurité et de la Justice (INHESJ). Délégué régional de l’AFDMA pour l’Alsace.
L’Allemagne et la France s’accordent sur le développement « du char du futur » (MGCS)
Les ministres allemand et français de la Défense, Boris Pistorius et Sébastien Lecornu, ont signé le 26 avril 2024 à Paris un accord sur le développement du « char du futur » (MGCS). Un pas important pour ce grand projet franco-allemand.
Il a vocation à remplacer les chars français Leclerc et allemand Leopard à l’horizon 2040. Le projet de « char du futur » franco-allemand (MGCS) vient de faire un grand pas en avant. Vendredi 26 avril, les ministres allemand et français de la Défense, Boris Pistorius et Sébastien Lecornu, ont signé à Paris une déclaration d’intention qui précise la répartition des responsabilités industrielles entre l’Allemagne et la France. Le sujet avait été cause de retards.
Selon l’accord, l’Allemagne et la France se répartiront les responsabilités et les coûts industriels à égalité (50 %-50 %). Dans la répartition des tâches, nous reprenons symétriquement la structure utilisée pour le projet SCAF (Future Combat Air System), le projet franco-allemand d’ « avion du futur », a indiqué M. Pistorius.Le projet SCAF est sous la responsabilité de la France. Le développement du MGCS (Main Ground Combat System) ou Système principal de combat terrestre sera placé sous la responsabilité de l’Allemagne.
Partage des coûts et des contrats industriels à 50/50
Une société de projet va être créée. Elle associera les entreprises KNDS Allemagne, KNDS France, Rheinmetall Landsysteme et Thales SIX. Les quatre plateformes du système de combat (canon, missiles, soutien, système d’intervention) y seront rassemblées sous une direction franco-allemande commune.
Au niveau inférieur, le projet sera structuré selon huit piliers, qui seront placés sous responsabilité allemande, française ou franco-allemande. L’Allemagne gèrera le développement des plateformes, et la protection et la lutte anti-drones. La France aura dans son giron les feux innovants et les capteurs. Les feux classiques, la connectivité, la simulation, ainsi que les infrastructures et le soutien seront sous responsabilité partagée.
Un nouveau système de combat terrestre ultra-moderne
Le MGCS (« Main Ground Combat System », en français « Système principal de combat terrestre ») doit remplacer les chars Leclerc français et Leopard allemand à l’horizon 2040© picture alliance / photothek.de | Florian Gaertner
Le MGCS ne remplacera pas seulement les blindés lourds existants. Ultramoderne dans sa conception comme dans ses équipements, pensé comme un système multiplateforme, il ambitionne de révolutionner le paysage des chars et du combat terrestre.
Il intégrera des innovations technologiques de rupture comme l’intelligence artificielle et l’hyperconnectivité. Selon le ministère français de la Défense, il utilisera l’intelligence artificielle en soutien au renseignement, à la planification, au commandement et à la coordination des feux. Sa connectivité renforcée permettra de partager des informations tactiques en temps réel grâce à un cloud de combat intégré.
« Face aux nouvelles menaces (drones armés, armes autonomes, cyberattaques…), l’objectif du nouveau système multiplateforme est de créer un environnement de combat dans lequel les combattants comprennent, décident et agissent plus rapidement que l’adversaire pour être plus efficaces et mieux protégés », est-il indiqué.Le MGCS n’est pas la continuation des chars de combat Leopard et Leclerc, souligne de son côté M. Pistorius. « Il s’agit de quelque chose de totalement nouveau : des véhicules de combat interconnectés, qui pourront en partie opérer sans équipage. »
Dimension européenne
En écho aux propos du président français, Emmanuel Macron, le ministre allemand a souligné l’importance d’envisager l’industrie de l’armement sous l’angle européen. « Nous devons y travailler », a-t-il déclaré.
Lancé en 2017, le projet MGCS souligne « les liens et l’amitié profonds » qui existent entre la France et l’Allemagne, a ajouté M. Pistorius. L’axe franco-allemand possède un « poids qui donne l’élan de ce qui se passe en Europe. »
La France et l’Allemagne espèrent maintenant boucler le contrat d’ici à la fin de l’année, et le soumettre en 2025 à l’approbation des parlementaires. À moyen terme, le projet sera ouvert à d’autres partenaires européens, tels que l’Italie. « Si nous voulons renforcer l’Europe, cela signifie qu’il nous faut associer d’autres partenaires », a souligné M. Pistorius.
Les manifestations franco- allemandes
La France et l’Allemagne ont commémoré, main dans la main, le massacre d’Oradour
Tout un symbole.
Lundi 10 juin, les présidents français et allemand, Emmanuel Macron et Frank-Walter Steinmeier, ont commémoré ensemble le 80e anniversaire de la tragédie d’Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), l’un des pires massacres de civils par les nazis en Europe occidentale. Le 10 juin 1944, des membres de la 2e division blindée SS « Das Reich » ont assassiné 643 hommes, femmes et enfants. Puis, ils ont mis le feu au village. Seuls six habitants ont survécu.
« Je tiens à exprimer au nom de l’Allemagne ma consternation et mon affliction face à ces crimes inconcevables, si cruels et inhumains, perpétrés ici par des Allemands », a déclaré le président allemand dans un discours en français.
« Et j’aimerais vous faire part du sentiment de honte qui m’habite quant au fait que des assassins soient ensuite restés impunis, qu’ils n’aient pas expié les crimes les plus graves. Mon pays s’est rendu par là même de nouveau coupable. »
« Les massacres d’Oradour sont de l’ordre de l’impensable, l’indicible, l’imprescriptible », a déclaré, de son côté, le président Macron. « Nous nous rappellerons d’Oradour, toujours, pour que l’histoire, jamais ne recommence ».
Symbole de la réconciliation entre la France et l’Allemagne, les deux présidents étaient accompagnés de l’Allemande Karin Eideloth, petite-fille de l’un des bourreaux d’Oradour, et d’Agathe Hébras, petite-fille de l’un des survivants du massacre.
« Nos deux peuples regardent en face Oradour, main dans la main, côte à côte, comme sont côte à côte aujourd’hui la petite-fille allemande d’Adolf Heinrich, l’un des jeunes SS qui a participé aux massacres et la petite-fille du dernier témoin », a dit M. Macron.
« Plusieurs décennies après le massacre, elles se sont rencontrées, ont échangé au sujet de l’histoire de leurs grands-pères respectifs et ont gagné la confiance l’une de l’autre. Leurs souvenirs constituent pour elles un devoir de mémoire en faveur de l’entente et de la réconciliation », a relaté M. Steinmeier.
« Pour nous, Allemands et Français, l’espoir d’un avenir meilleur est devenu réalité : il est incarné par l’amitié franco-allemande », a résumé le président allemand. « Notre mission, c’est l’Union européenne ! […] N’oublions jamais les dégâts engendrés en Europe par le nationalisme et la haine ! […] Protégeons notre Europe unie ! »
Commémoration du 80ème anniversaire de la Libération de la ville de Strasbourg et de la découverte du camp de Natzweiler
Plusieurs cérémonies nationales sont prévues respectivement les 23 et 25 novembre 2024, répertoriées par le Comité départemental du Bas-Rhin du 80ème anniversaire de la Libération, avec de nombreuses manifestations, rencontres, expositions…
Pour plus d’informations : pref-cabinet-prefet@bas-rhin-gouv.fr
Exposition :
Berlin explore les « paysages infinis » de Caspar David Friedrich
C’est l’une des expositions-événements de l’année en Allemagne. Vendredi 19 avril s’ouvre à Berlin une rétrospective du maître de la peinture romantique Caspar David Friedrich, dont on fête le 250e anniversaire. Elle s’intéresse à ses inimitables « paysages états d’âme ».
Il est sans aucun doute l’un des artistes à (re)découvrir cette année. À l’occasion de son 250e anniversaire, le maître du romantisme allemand, Caspar David Friedrich (1774-1840), se voit consacrer une série d’expositions-événements. La Kunsthalle de Hambourg a ouvert la marche en décembre dernier, avec une rétrospective qui a battu tous les records de fréquentation. Le MoMa de New York l’achèvera début 2025. Entre les deux, les toiles marquent deux étapes majeures à Berlin et à Dresde. L’exposition berlinoise s’ouvre cette semaine.
Elle est à voir à l’Alte Nationalgalerie, sur l’Île aux Musées, du 19 avril au 4 août 2024. On y trouve une soixantaine de tableaux et une cinquantaine de dessins. Parmi eux figurent un grand nombre de chefs-d’œuvre internationalement connus : la »Mer de glace (1823-24), « Les falaises de craie sur l’île de Rügen » (1819-20), « Le Moine au bord de la mer » (1808-1810), « L’Abbaye dans une forêt de chênes » (1809-1810), « Le lever de lune sur la mer » (1822), « Les âges de la vie » (1834),
Un précurseur de la modernité
La rétrospective de Hambourg explorait les relations entre l’homme et la nature. Celle de Berlin s’intéresse au genre du paysage. Caspar David Friedrich l’a révolutionné en son temps en inventant ses fameux « paysages états d’âme », aux effets de lumière et à l’atmosphère inimitables. L’exposition le présente comme un précurseur de la modernité, dans un parcours intitulé « Caspar David Friedrich : des paysages infinis ».
L’une des plus belles collections mondiales
Un autre grand thème est la réception de l’artiste, et plus particulièrement le rôle joué par la Nationalgalerie elle-même. Le musée berlinois a fait œuvre pionnière. Du vivant même de l’artiste, il avait acheté et présenté nombre de ses tableaux, contribuant à sa renommée.
L’œuvre de Caspar David Friedrich est ensuite tombée dans l’oubli, après sa mort, en 1840. Elle fut redécouverte au début du 20e siècle. Et ce fut une nouvelle fois grâce à la Nationalgalerie, qui organisa en 1906 « L’exposition allemande du siècle ». L’œuvre de Friedrich s’y déployait dans une profusion alors inédite, à travers 93 toiles et dessins.
Aujourd’hui, la Nationalgalerie possède l’une des plus belles collections mondiales d’œuvres du peintre allemand. Sa rétrospective explore un vaste éventail de sujets : la recherche de la multiplicité des points de vue à travers la réalisation de couples d’œuvres, l’expression de l’idée de changement, etc. Elle présente aussi les recherches les plus récentes sur la technique picturale de Caspar David Friedrich.
A.L.
Témoignage : « Les enfants de la guerre »
A l’occasion du 80ème l’anniversaire du débarquement allié le 6 juin dernier, l’hebdomadaire « Paris Match » a publié un article sur un sujet franco-allemand souvent méconnu, celui de la reconnaissance des « enfants de la guerre », avec des témoignages de personnes particulièrement touchées dans leur histoire. Dont celui de William Falguière, militant associatif de la réconciliation franco-allemande au sein de la Fédération des Acteurs Franco-Allemands pour l’Europe (FAFA) et actuellement délégué de l’AFDMA pour la Bretagne et les Pays de Loire.
William Falguière est né le 11 mars 1944 d’une relation passionnée de sa mère avec un officier-médecin de la Wehrmacht, fait prisonnier par les Britanniques en août 1944 et envoyé en captivité en Angleterre jusqu’en 1947, année de sa libération. Durant toute cette période, de 1945 à 1947, son père et sa mère sont restés en relation épistolaire grâce à la Croix rouge. Après 1947, le contact s’est maintenu jusqu’en 1950 avec des envois de cadeaux et de vêtements pour William. Puis, plus rien.
William a connu pendant toutes ces années les humiliations publiques, le rejet de la famille de sa mère, la pauvreté, la honte et les « fils de boche » à l’école. Pour ses 14 ans, sa mère lui donne une enveloppe pleine de lettres et, après lecture, il se promet alors de retrouver son père. A 33 ans, il se lance avec l’aide de la WAST (archives militaires à Berlin) mais découvrira plus tard que la femme de son père n’avait pas transmis sa lettre à son père, qui était malade. Deuxième tentative à 61 ans, toujours par l’intermédiaire de la WAST, et sa recherche aboutit. Il se rend en Bavière en décembre 2005 pour rencontrer son frère et ses trois sœurs qui lui réservent un accueil chaleureux. Il apprend cependant que son père est décédé en 1981. Désormais, il n’est plus un « secret de famille » et sa relation familiale bavaroise perdure encore aujourd’hui.
Commence alors un autre combat, pour se voir attribuer la nationalité allemande. La motivation première concernant ses démarches de 2005 à 2009, a dans un 1er temps, consisté à obtenir des autorités françaises et allemandes la reconnaissance de sa filiation par l’Allemagne, le pays de son père décédé. En effet, l’Allemagne, en se substituant à son père, le reconnaissait officiellement. Il n’était plus un enfant né de père inconnu, et il retrouvait, après avoir été reconnu par la famille de son père, ses racines familiales en Bavière 57 ans après sa naissance.
De ce fait, sa nationalité allemande réhabilitait sa mère, l’Allemagne ayant reconnu officiellement le père de son fils.
Mais son combat ne s’arrête pas là : William veut aider les autres, et, suite à la 1ère conférence internationale des enfants de la guerre à Berlin en 2005, sous le parrainage de Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la culture, il fonde avec d’autres enfants de la guerre, l’association « Cœurs sans frontières ».
En 2008, à l’université de Humboldt, Bernard Kouchner, ministre français des affaires étrangères déclarait : « Loin de moi l’idée d’agiter les fantômes du passé, mais faisons en sorte que personne, en France et en Allemagne, ne doive cacher ses origines sous prétexte qu’elles se trouvent de l’autre côté du Rhin. Je le fais devant deux enfants de la guerre, M.Falguière et Mme Brunne, qui sont venus avec moi. Ce sont des enfants de nos deux pays ».
Toute cette action a été rendue possible par Bernard Kouchner et son homologue allemand de l’époque, Frank-Walter Steinmeier, actuel président de la République fédérale d’Allemagne, la WAST(archives de l’armée allemande), la Maison de l’Allemagne à Paris (Mme Christiane Deussen, ancienne directrice), M. Klaus Neubert, ancien ambassadeur d’Allemagne à Paris, M. Christian Heldt et Mme Irmgard-Maria Fellner, diplomates allemands en poste au Quai d’Orsay, Mme Marie-Cécile Zipperling, chargée de recherches à la WAST à Berlin.
Plus d’une centaine d’enfants de la guerre français (sur un total estimé à 250 000) ont obtenu la nationalité allemande.
En recevant son certificat de naturalisation allemande en août 2009, William Falguière a déclaré : « le destin d’une personne se trouve parfois bouleversé par les soubresauts de l’Histoire. Soixante cinq ans après ma naissance, l’Allemagne, pays de mon père, se substitue à lui pour me reconnaître. Avec le temps, les blessures s’apaisent. »
B. Viale
Source : entretien avec W.Falguière en juillet 2024.
La vie de l’AFDMA
PRIX de l’AFDMA
Comme chaque année, en fin de scolarité, le Prix de l’AFDMA a été remis à deux élèves du Prythanée de la Flèche et de la Maison de la Légion d’Honneur qui se sont particulièrement distingués dans l’apprentissage de l’allemand et engagés dans les relations entre nos deux pays.
Bienvenue à un nouveau membre
Félicitations à Mme Christiane Bourdenet pour sa décoration, en reconnaissance d’un engagement exemplaire au service de l’amitié, de la coopération entre nos deux pays et de l’Europe, au sein du Comité de jumelage Avignon – Wetzlar et en faveur de la FAFA.
APPEL / RAPPEL
La vie de l’AFDMA, ce sont aussi les cotisations de ses membres et de ses amis.
Merci de soutenir notre engagement !
Le montant a été fixé pour les membres à 35€, et à 25€ pour les amis en 2024, à adresser par chèque à notre trésorier, Olivier de Becdelièvre,
Secrétaire général de l’AFDMA, 101bis rue Lauriston, 75116 Paris.
Pour tout virement, voici les coordonnées bancaires de l’AFDMA : auprès du Crédit Mutuel de Paris :
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Pour mémoire : En plus du site internet «www.afdma.fr », nous disposons d’un outil de communication supplémentaire sous la forme d’une page « facebook », sous l’appellation « Association Française des Décorés du Mérite Allemand ».
Cette page est aussi régulièrement mise à jour et comprend des informations sur la coopération franco-allemande, sur l’Allemagne et sur l’Europe.