Lettre d’information n°62. Avril 2025.
LA LETTRE D’INFORMATION
sur les relations franco-allemandes et l’Allemagne
N° 62. Avril 2025.
Responsable de la rédaction : Bernard Viale.
Délégué à la « Communication ».
Le mot du Président
Chers membres de l’AFDMA, chers amis,
durant les mois passés, la vie politique en France et en Allemagne a connu de fortes turbulences, avec des échéances démocratiques importantes qui pouvaient laisser penser que la coopération entre les deux pays avait perdu de son intensité. Sa présence dans les médias était faible et pouvait porter à croire que l’intérêt réciproque n’était plus aussi présent. Les manifestations autour de la journée franco-allemande du 22 janvier ont toutefois montré que les projets de coopération, toujours aussi nombreux dans les secteurs les plus divers, se poursuivaient sans pour autant occuper le devant de la scène médiatique.
Parallèlement, la guerre en Ukraine et les prises de position clivantes du nouveau président américain ont constitué un bouleversement pour l’Europe, et plus particulièrement pour nos amis allemands.
En effet, l’Allemagne vivait avec la certitude inébranlable de vivre sous la protection indéfectible des USA. Elle ne voyait donc pas le besoin de renforcer la souveraineté européenne accrue en matière de défense.
Les temps ont bien changé. La prise de conscience du danger d’une menace russe et d’un désengagement des USA, a induit, en un temps record, avec un nouveau Parlement et un gouvernement de transition, une modification de la Constitution de l’Allemagne, permettant de lever un frein aux investissements en faveur d’importants moyens de défense et des infrastructures. L’Allemagne va pouvoir s’associer pleinement à la nouvelle stratégie européenne.
Le futur nouveau Chancelier Friedrich Merz est venu à Paris 3 jours après la victoire de son parti et le Président Macron a rencontré le Chancelier Scholz à plusieurs reprises pour préparer les 7 sommets européens qui ont eu lieu les 6 dernières semaines. La coopération franco-allemande a retrouvé son rôle de moteur de l’Europe en vue d’une « Union de la défense » aujourd’hui devenue indispensable.
Dans cet environnement en plein changement, l’AFDMA s’est donnée pour mission d’être, à travers ses membres, un trait d’union entre nos concitoyens français et nos amis allemands afin de mieux se comprendre. Nous sommes des artisans de l’amitié franco-allemande et les ambassadeurs de la coopération indispensable entre nos deux pays. Soyons en persuadés. Je remercie donc, par avance, tous nos membres qui ne manqueront pas d’y contribuer dans leur environnement professionnel, associatif ou amical.
Bien cordialement,
Général (2S) Bertrand Louis Pflimlin
Président
Sommaire
Le mot du Président.
– Publications : « Il faut arrêter de croire que Trump est le maître du monde « . Par Cyrille Schott.
– Avec l’IA, de nouveaux horizons pour la coopération franco-allemande.
– La coopération franco-allemande au service de la santé de demain.
– Après les élections : l’Allemagne en quête d’une stabilité ébranlée, par Jeanette Süss.
– Allemagne d’aujourd’hui : le sommaire du n° 252.
– Appel aux dons.
– Les manifestations franco-allemandes à la Maison Heinrich Heine.
– La vie de l’AFDMA : La réunion des Délégués régionaux ; l’assemblée générale ; disparition.
Publications
Durant les mois passés, nous avons publié un certain nombre d’articles sur notre site internet www.afdma.fr que nous ne reprenons pas dans cette « Lettre d’information ». Vous les retrouverez en page d’accueil dans le « carrousel d’articles d’actualité » ou « En direct du franco-allemand ».
Rendez-vous sur www.afdma.fr !
« Il faut arrêter de croire que Trump est le maître du monde »
Tribune, par Cyrille Schott.
Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump multiplie les menaces et fait trembler le paysage géopolitique. Pour Cyrille Schott, face à cette remise en question de l’équilibre du monde, l’Europe doit résister et s’imposer en leader démocratique, guidant une partie du monde vers la stabilité et la paix.
Donald Trump tonitrue et se présente en maître du monde, faisant les gros titres de l’actualité, troublant et jetant la panique ici et là sur terre. Le bilan
international de son premier mandat fait toutefois songer à un « tigre de papier ».
Afghanistan : il proclame sa force en larguant en 2017 la plus puissante, « la mère de toutes les bombes »… et il signe en 2020 avec les talibans l’accord de Doha, qui va leur livrer le pays.
Corée du Nord : il voit plusieurs fois le tyran Kim Jong-un pour arrêter son programme nucléaire… et le programme se poursuit de façon déterminée.
Iran : il retire les États-Unis de l’accord de contrôle du programme nucléaire iranien… et l’Iran reprend le chemin vers l’arme nucléaire, tout en
développant ses alliances.
Canada et Mexique : furieux du déficit commercial avec ces pays, il les contraint à renégocier l’accord de la zone de libre- échange Alena… de sorte que ce déficit s’accroît.
Covid : il donne au monde l’image d’un pays incapable de gérer la crise.
Organisations internationales : il se retire de l’accord de Paris sur le climat, suspend la participation à l’Organisation mondiale de la santé, attaque le
multilatéralisme… et tout continue à fonctionner sans la présence des États-Unis, la Chine s’engouffrant dans la brèche et parvenant à prendre la tête de quatre des 15 agences spécialisées de l’ONU.
Chine : ayant pris conscience du défi qu’elle représente, Donald Trump prend des mesures sévères, notamment douanières, pour ralentir sa croissance, en particulier dans les domaines sensibles… et le PIB de la Chine croît entre 2016 et 2020 de près de 31 %, passant de 11 milliards de dollars à 15 milliards, tandis que celui des États-Unis progresse de 13,4 %, de 19 milliardsà un peu plus de 21 milliards de dollars, la Chine augmentant même ses excédents commerciaux et sa place dans les domaines sensibles.
Europe : Trump considère l’Union européenne comme une ennemie sur le plan commercial et taxe acier et aluminium… l’Europe réagit intelligemment, le fait reculer et maintient l’excédent commercial ; il agonit ses partenaires européens, qui ne dépensent pas assez pour leur sécurité, et laisse planer le doute quant à la garantie américaine dans le cadre de l’Alliance atlantique… ce qui conduit effectivement les Européens à augmenter les dépenses militaires et à poursuivre, même si c’est avec difficulté et si cela reste insuffisant, leur cheminement vers l’autonomie stratégique.
Un coup terrible à l’image des États-Unis
Un succès semble lui être reconnu : les « accords d’Abraham » entre Israël et les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc, la question
palestinienne paraissant dépassée… et celle-ci resurgit avec férocité lors des massacres du 7 octobre 2023 commis par le Hamas, ces massacres remettant en cause l’édifice trumpien. C’est Joe Biden qui fait reprendre aux États-Unis le chemin de la puissance dans les affaires du monde.
Aujourd’hui, l’exercice du pouvoir, auquel Trump serait mieux préparé, est dominé par ses imprécations ignorant délibérément le droit international :
volonté d’annexion du Groenland et du canal de Panama, voire du Canada ; taxations douanières envers le Canada, le Mexique, la Chine, l’Europe, le
monde entier ; retrait de l’OMS et à nouveau de l’accord de Paris ; expulsion des Palestiniens de la bande de Gaza ; menaces envers l’Ukraine…
D’ores et déjà, Trump porte un coup terrible à l’image des États-Unis, ceux-ci rejoignant les pays égoïstes et prédateurs, au lieu de s’affirmer comme la tête du monde libre et démocratique. En malmenant l’institution d’influence qu’est l’USaid, l’agence de développement américaine, il libère le terrain à d’autres États. Il abandonne l’image d’une puissance pacifique et raisonnable à un pays comme la Chine.
Les organisations internationales continueront à tourner sans lui, malgré les coups portés, et subiront d’autres influences, comme la chinoise déjà
évoquée. Quant à la place des États-Unis dans le commerce international, elle ne s’améliorera guère.
La résistance des Européens
Cela écrit, l’Europe ne peut ignorer les menaces pour son commerce et sa sécurité des initiatives de Trump. Pour le commerce, champ qui relève du
communautaire, la Commission européenne a les pouvoirs et les compétences pour réagir efficacement. Quant à la sécurité, le sujet est plus difficile. Le spectre des accords de Munich de 1938 resurgit pour l’Ukraine, dont le sort pourrait être scellé par-dessus sa tête et celle des Européens. On peut craindre la vision de Trump de l’équilibre du monde. Il faut se rappeler la théorie du Grossraum, du grand espace, de Carl Schmitt, ce juriste et philosophe allemand qui fut proche du nazisme. Chaque puissance majeure dominerait un espace proche, dans lequel toute intervention étrangère serait interdite. La paix serait le fruit de l’entente entre ces puissances impériales quant à leur Grossraum.
Aux États-Unis reviendrait l’espace américain, conformément à la doctrine de Monroe, espace auquel appartiendrait aussi le Groenland. La Chine aurait pareillement son espace dont ferait évidemment partie Taïwan, ainsi que lamer de Chine. Quant à la Russie, son Grossraum inclurait au moins l’élément slave de l’ancien empire russe, dont la Biélorussie et l’Ukraine, voire déborderait sur d’autres pays, comme les Baltes, désormais membres de l’Union européenne et de l’Alliance atlantique. Il est à redouter que cette pensée du Grossraum inspire Trump et son équipe.
L’Union européenne serait condamnée dans un tel schéma, voire à être partagée entre les espaces américain et russe. Elle ne peut ignorer la menace
existentielle en résultant pour elle. L’Europe a la capacité, si elle en a la volonté, de faire face à cette menace. Au-delà, si elle maintient sa cohérence,
elle peut s’affirmer dans le monde comme la vraie puissance démocratique, non dominatrice, mais amicale.
L’heure est à la résistance des Européens, qui peut inclure l’européanisation de l’Otan. Il faut arrêter de croire que Trump est le maître du monde. Quoi qu’il en soit, ou Trump obtiendra des résultats tangibles là où il lance ses imprécations, ou il dévoilera que les États-Unis n’exercent pas la domination qu’il leur prête. Alors, il mettra à nu un recul de puissance. À l’« America First », d’autres vont répliquer par le « Moi d’abord ». Et le Maga, « Make America Great Again », risque de se traduire en « Make America weaker ».
Cyrille Schott
Ancien conseiller du Président François Mitterrand, préfet de région honoraire, ancien directeur de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ), coauteur de « Souveraineté et solidarité, un défi européen » (Le Cerf, 2021).
Paru dans « La Croix » du 4 mars 2025
Avec l’IA, de nouveaux horizons pour la coopération franco-allemande
Depuis 2019, l’Allemagne et la France ont intensifié leur coopération dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA). Leur ambition d’une IA européenne éthique, au service du bien commun, était à l’ordre du jour autour de la Journée franco-allemande.du 22 janvier.
Optimisation des chaînes de production, analyse prédictive des risques financiers, transports publics intelligents, imagerie médicale, assistants vocaux : l’intelligence artificielle façonne de plus en plus le travail et la vie quotidienne de nos sociétés. Ses avancées sont fascinantes. Mais elles comportent également risques et défis. Comment élaborer une IA éthique, mise au service du bien commun ? C’est la perspective privilégiée en Europe, notamment en France et en Allemagne. En amont du Sommet pour l’Action sur l’IA, qui développera cette thématique début février à Paris, deux événements ont eu lieu les 21 et 24 janvier à Paris et Berlin, à l’initiative des ambassades d’Allemagne en France et de France en Allemagne.
Dialogue sur l’IA à Paris et Berlin
À Paris, le débat s’est concentré sur les dimensions sociétales de l’IA. À l’invitation de l’ambassadeur d’Allemagne, Stephan Steinlein, des experts scientifiques, acteurs politiques, acteurs du monde de l’entreprise, spécialistes de la société et étudiants ont pu confronter leurs perspectives dans un contexte franco-allemand. La ministre-présidente de la Sarre, présidente du Bundestag et Plénipotentiaire de la République fédérale d’Allemagne chargée des relations culturelles franco-allemandes, Anke Rehlinger était également présente.
« Notre tâche est de façonner activement cette technologie – en tant qu’Européens, en mettant clairement l’accent sur les valeurs éthiques, la justice sociale et les principes démocratiques fondamentaux », a souligné M. Steinlein.
« Si l’Europe veut jouer un rôle dans le domaine de l’IA, ses pays doivent coopérer encore davantage qu’aujourd’hui. Ils doivent partager leur savoir, leurs données, leurs recherches au sein de l’Europe, et développer des produits et des applications qui répondent à nos standards. » Sans oublier l’enjeu de plus en plus pressant de la résilience de nos démocraties.
Après la discussion liminaire, les participants, réunis en groupe de travail, ont pu aborder spécifiquement les cinq grands axes retenus pour le sommet de Paris : Innovation et culture, Avenir du travail, IA de confiance, IA pour l’intérêt général et Gouvernance mondiale de l’IA.
Anja Dujić, directrice du laboratoire d’idées pour la société du travail numérique au ministère allemand du Travail et des affaires sociales fait partie des experts qui avaient fait le déplacement depuis Berlin. « Le monde du travail est l’une des sphères sociales qui seront les plus touchées par le recours à l’intelligence artificielle », nous a-t-elle expliqué.
« Nous estimons que d’ici la fin de la décennie, il n’y a aura pas un seul emploi qui n’aura pas été affecté par le recours à l’IA. Mais nous pensons également que l’IA ne signifiera pas la fin du travail humain. Nous croyons aux effets sur la productivité et aux opportunités de l’IA. Mais il faut un débat public sur la manière dont nous pouvons protéger employés et travailleurs d’une utilisation abusive de l’IA. »
Un rôle à jouer promouvoir la vision européenne d’une IA au service du bien commun
Le débat franco-allemand s’est poursuivi trois jours plus tard à Berlin. L’ambassade de France avait choisi de mettre l’accent sur l’IA appliquée à l’industrie. Des chercheurs de l’INRIA (Institut national de recherche en informatique et en automatique) et de la Société Fraunhofer ont dialogué avec des dirigeants d’entreprises industrielles françaises et allemandes à l’invitation de l’ambassadeur, François Delattre.
Ensemble, les acteurs français et allemands ont dialogué sur la construction d’une IA européenne forte, basée sur les capacités et potentiel des deux pays. En présence de représentants des gouvernements français, allemands et de l’Union européenne, ils ont échangé sur les éléments essentiels pour favoriser son essor : les données, la capacité de calcul, l’énergie, les talents, le financement.
Ils ont aussi travaillé de concert aux priorités à cibler, à un ensemble d’actions de suivi et à des propositions, notamment en préparation du Sommet pour l’Action sur l’IA, prévu les 10 et 11 février à Paris.
« La France et l’Allemagne ont un rôle moteur à jouer pour promouvoir une vision européenne d’une IA de confiance, au service de l’intérêt général, et régie par une gouvernance inclusive et efficace », a souligné M. Delattre sur X.
Intensification de la coopération depuis 2019
Ainsi, nul doute que les choses ne vont pas en rester là. Le dialogue est appelé à se prolonger, notamment en vue du Sommet pour l’Action sur l’IA de Paris en février et du Forum Franco-Allemand sur la coopération en recherche, prévu le 15 juin à Berlin.
Il peut s’appuyer sur une coopération franco-allemande qui s’est beaucoup intensifiée depuis 2019 dans le domaine de l’IA. Sur la base du traité d’Aix-la-Chapelle, plusieurs initiatives ont été lancées pour renforcer les capacités technologiques et à promouvoir une IA éthique et souveraine en Europe.
Par exemple, des clusters bilatéraux d’IA ont été créés sur des sujets spécifiques. Avec deux appels de fonds bilatéraux de 2020 et 2022, 20 projets de recherche ont été et sont financés par les ministères allemand (BMBF) et français (MESR). Ils représentent un volume de financement combiné d’un total de 24 millions d’euros. En outre, nos pays investissent conjointement 17,9 millions d’euros dans cinq projets bilatéraux d’IA liés aux entreprises qui ont débuté en 2022.
De leur côté, l’INRIA et le Centre allemand de recherche en intelligence artificielle (DFKI) ont renforcé leur partenariat technologique.
Enfin, Paris et Berlin ont initié avec les Pays-Bas une candidature commune auprès de la Commission européenne pour la création d’un European Digital Infrastructure Consortium (EDIC) dédié aux communs numériques. Les trois pays souhaitent faciliter la mise en œuvre de projets numériques d’envergure, tels que les espaces numériques de travail, et à réduire les dépendances technologiques.
A.L.
La coopération franco-allemande au service de la santé de demain
La coopération franco-allemande ne cesse de s’intensifier dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA). En matière de santé, les deux pays développent des outils à base d’IA pour améliorer la gestion des épidémies et créer le bloc opératoire du futur.
Paris a accueilli le 10 et 11 février le Sommet pour l’Action sur l’IA. Plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement y ont participé. L’ambition était de mobiliser la communauté internationale pour orienter le développement de l’IA au service de l’intérêt général. La France et l’Allemagne ont été des acteurs majeurs des discussions. Les deux pays ne cessent, en effet, d’intensifier leur coopération depuis le traité d’Aix-la-Chapelle, en 2019. Partisans d’une IA éthique et souveraine, servant l’intérêt général, ils mettent cette vision en œuvre dans un nombre croissant d’initiatives et de projets communs. En voici deux exemples prometteurs dans le domaine de la santé.
Ils sont dirigés du côté allemand par la Fraunhofer-Gesellschaft, une organisation qui peut être synonyme d’opportunités comme partenaire de recherche ou comme contractant, y compris pour des institutions françaises.
AIOLOS, pour une meilleure gestion des épidémies
Comment améliorer la surveillance et la gestion des épidémies ? Le sujet a montré son importance lors de la crise de la COVID-19. En mai 2022, la France et l’Allemagne ont lancé le projet AIOLOS (Artificial Intelligence Tools for Outbreak Detection and Response).
Son but : développer une plateforme numérique permettant la détection précoce et le suivi des épidémies de pathogènes respiratoires, tout en fournissant une aide à la décision pour les gérer. En moins de deux ans, les chercheurs allemands et français ont réussi à développer un prototype d’outil pour y parvenir. Il a été présenté en septembre 2024 à l’ambassade de France à Berlin.
AIOLOS s’appuie sur la collecte en temps réel de données provenant de sources multiples, l’intelligence artificielle et la modélisation prédictive. Il utilise des données traditionnelles et non traditionnelles, mais aussi des données des secteurs privé et public. Il puise ainsi dans un potentiel jusqu’à présent inexploité. Il vise à fournir aux décideurs publics et privé un tableau de bord accessible en ligne, résumant les indicateurs clés en cas d’épidémie.
Le projet est mis en œuvre par un consortium dirigé par Sanofi en France et la Fraunhofer-Gesellschaft en Allemagne. Il associe également quatre autres partenaires français et allemands : CompuGroup Medical, Quinten Health, Impact Healthcare et Umlaut (filiale d’Accenture). Il reçoit le soutien de l’État français dans le cadre du plan France 2030 et du ministère fédéral allemand de l’Economie et de la Protection du climat, dans le cadre d’un appel à projets franco-allemand.
AIOLOS se concentre initialement sur la France et l’Allemagne. Mais son ambition est plus large. Il doit contribuer à la mise en place de systèmes de surveillance résilients et multipartites au sein de l’Union européenne, voire au-delà. Lors de la présentation des résultats du projet, en septembre, à Berlin, une quarantaine d’experts en santé publique, de scientifiques, de décideurs politiques, de représentants de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Autorité européenne de préparation et de réaction en cas d’urgence sanitaire (HERA) étaient présents.
DAIOR, le bloc opératoire connecté du futur
La révolution de l’IA dans le domaine de la santé passe aussi par la salle d’opération. En mai 2023, la France et l’Allemagne ont lancé l’initiative DAIOR (Distributed Artificial Intelligence for the Operating Room). Elle vise à développer des technologies basées sur l’intelligence artificielle (IA) pour améliorer les résultats des patients en chirurgie.
Le projet réunit trois partenaires sur les deux rives du Rhin : le Fraunhofer-Institute for Manufacturing Engineering and Automation (IPA) en Allemagne, l’Institut de Chirurgie Guidée par l’Image (IHU) à Strasbourg, et le Bosch Digital Innovation Hub (KTBW) à Stuttgart. Il est financé par le ministère fédéral allemand de l’Éducation et de la Recherche (BMBF) et l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) en France.
Dans une dynamique d’innovation commune, deux projets franco-allemands, DAIOR et 5G-OR, sont ainsi en train d’inventer le bloc opératoire du futur. 5G-OR apporte une infrastructure 5G privée dans les blocs opératoires. Il permet de garantir une transmission fluide et sécurisée des données médicales en temps réel. DAIOR ajoute des modèles d’IA distribuée capables d’analyser ces données en direct et d’aider à la décision.
Les deux projets doivent permettre de réaliser des interventions de télé-chirurgie robotique transfrontalières, entre des blocs opératoires interconnectés et interopérables situés dans les deux pays.
Après les élections : l’Allemagne en quête d’une stabilité ébranlée
Une publication du CERFA / IFRI
Par Jeanette Süss.
Avec 82,5 % de participation, l’Allemagne a enregistré un taux de mobilisation inédit depuis 1987, une hausse de 6,1 points par rapport à 2021. Comme en 2021, cette forte participation a profité à l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), qui a su mobiliser un grand nombre d’anciens abstentionnistes. L’électorat a été largement animé par une volonté de sanctionner le gouvernement sortant qui ne recueillait que 14 % d’avis favorables avant l’éclatement de la coalition en novembre 2024. Le pays sera très probablement dirigé par une « grande coalition » entre la CDU-CSU (Union chrétienne-démocrate/Union chrétienne-sociale en Bavière) et le Parti social-démocrate (SPD) qui ont entamé leurs pourparlers exploratoires le 28 février.
• La CDU a gagné les élections fédérales de 2025 mais n’a pas réussi à passer la barre de 30% ce qui rend la « grande coalition » avec le SPD sous le futur chancelier Friedrich Merz comme seule option possible.
• L’AfD est la grande gagnante des élections, enregistrant des scores dépassant les 30 % à l’Est, tout en consolidant progressivement son ancrage à l’Ouest.
• Échec de la coalition « feu tricolore » : le SPD, les Verts et le FDP voient leurs résultats électoraux diminuer. Les libéraux ne parviennent pas à atteindre les 5% nécessaires pour se maintenir au Bundestag, tandis que pour les libéraux du FDP c’est le retour dans l’opposition extraparlementaire.
• Die Linke que l’on disait devoir disparaître, se renforce mais fait évoluer son socle électoral, en résistant à la concurrence de l’Alliance Sahra Wagenknecht (BSW) qui a frôlé la barre des 5 % sans toutefois être représentée au Bundestag.
Jeanette Süss est chercheuse au Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l’Institut français des relations internationales (IFRI), où elle travaille ne particulier sur l’Union européenne et les relations franco-allemandes.
Allemagne d’aujourd’hui
Le N° 251 est consacré à « la renaissance de la géopolitique dans l’action et la pensée politique en France et en Allemagne »
SOMMAIRE du dossier N° 252 : Les élections anticipées en Allemagne du 23 février 2025
Dossier dirigé par Étienne Dubslaff, Paul Maurice, Hans Stark et Jérôme Vaillant.
Introduction des responsables du dossier par J. Vaillant et É. Dubslaff,
Les élections régionales de 2024 et 2025 et les coalitions qui en sont issues, par Henri Ménudier.
Les évolutions du comportement des électeurs allemands, par Paul Maurice.
Les questions de politique économique et financière et leur implication dans les résultats des élections, par E. Keller.
L’impact de la guerre en Ukraine sur le scrutin et les orientations de la prochaine coalition gouvernementale, par B. Chappedelaine.
Les relations transatlantiques à l’époque de Donald Trump, par H. Stark.
Le positionnement de Friedrich Merz sur la question migratoire et son impact sur l’Europe, par D. Puhl.
Les conséquences pour l’Europe du point de vue chrétien-démocrate (entretien) par C. Demesmay.
La percée de l’AfD et son influence sur la société allemande, par B.Grésillon.
La programmatique sociale des partis en présence, par B. Lestrade.
Chancelier d’une coalition, comment cela fonctionne-t-il ? F. Ferlan,
La campagne électorale vue dans la presse, par D. Herbet.
Appel aux dons
L’AFDMA a reçu le message suivant :
« Chers amis vous avez sûrement connu Bernard, de près ou de loin… Bernard Lallement était un grand Monsieur, et il a beaucoup oeuvré pour la musique chorale et pour l’amitié entre nos deux pays, entre autres à l’OFAJ et en créant plusieurs chorales franco-allemandes. Il a été trésorier de l’AFDMA.
Nous montons actuellement un projet pour lui rendre hommage, en sa mémoire, autour du Requiem qu’il a en grande partie composé, sans qu’il n’ait jamais encore été interprété. Le concert de cette oeuvre aura lieu le samedi 24 mai 2025 à 20h30 en l’église St Louis en l’Ile à Paris (retenez la date). Ce sera donc une première mondiale !
Ce projet nécessite des moyens financiers assez conséquents (voir plus bas), et pour que la réussite soit au RV, nous vous proposons de vous impliquer financièrement dans le projet, vous qui avez connu et aimé Bernard. Bien sûr, nous comptons sur la vente des billets du concert pour combler une partie des frais, mais il est nécessaire de disposer d’un budget global, dont une partie soit disponible dès à présent et avant le concert (location de l’église, des praticables, droits SACEM, paiement des affiches et flyers…) Bien évidemment, nous recherchons également des subventions mais le contexte actuel fait que la culture n’est plus une priorité pour beaucoup de sponsors…
Lui qui nous a tant donné, maintenant ce serait à nous de donner pour lui. Si vous pouvez participer un peu, beaucoup, voire plus… passionnément ! Dès lors nous sommes sûrs de pouvoir arriver au succès de ce concert qu’il est interdit de ne pas obtenir…
Si beaucoup de dons nous parvenaient, et qu’un bénéfice à l’issue du concert pouvait se dégager, cela permettrait de participer aux frais de la prise de son que la famille Lallement a décidé d’engager pour que perdure un nouveau souvenir de Bernard… et quel souvenir !
L’oeuvre est belle, émouvante, on reconnaît complètement la « patte » de Bernard et cela mérite qu’elle soit gravée dans nos vies, au même titre que sa Missa Gallica, sa Cantate pour la paix, sa cantate pour l’Acadie ou toutes autres de ses compositions.
Outre l’hommage à Bernard et à son oeuvre, le concert sera donné à la fois en sa mémoire et en mémoire de notre ami Erik Cummerwie, qui a présidé pendant 40 ans la Fédération des Choeurs Franco-Allemands qu’ils ont tous les deux fondée en 1983.
Nous avons besoin de vous ! N’attendez pas ! Donnez dès aujourd’hui
C’est ici : https://www.leetchi.com/fr/c/requiem-bernard-lallement-9027497 utm_source=native&utm_medium=social_sharing
Bien musicalement, Marie-Noëlle, Christiane K et Brigitte.
PS : Si vous pensez connaître des personnes qui pourraient participer, n’hésitez pas à diffuser auprès de vos amis, famille…
PS2 : Certains nous ont demandé une idée des sommes attendues. Nous aurions besoin entre 10k€ et 15k€. Jusque là, les dons moyens sont autour de 100€/personne mais toutes les contributions sont les bienvenues, quel qu’en soit le montant. »
Les manifestations franco- allemandes
A la Maison Heinrich Heine,
Cité universitaire internationale, Boulevard Jourdan, Paris 14ème.
Le retour de la « grande coalition » – quel leadership allemand dans un monde incertain ?
Mardi 29 avril de 09h30 à 10h30, petit-déjeuner-débat.
« Ce qui fait bouger l’Allemagne », cycle de conférences, animé par Jeanette Süß (Cerfa), vise à questionner les grands enjeux politiques qui se posent pour l’Allemagne confrontée à des bouleversements sur le plan géopolitique, économique et sécuritaire. Ces derniers conduisent à une fragmentation croissante du système politique allemand. Les partis dits « traditionnels » ont dû faire leurs preuves lors des élections européennes et régionales en 2024. Ainsi, les évolutions politiques en Allemagne impactent fortement les relations franco-allemandes, déterminantes pour l’avenir de l’Europe.
Le nouveau gouvernement allemand, une « grande coalition » probablement dirigée par Friedrich Merz, va devoir faire face à un environnement international complexe, marqué notamment par un bouleversement des relations transatlantiques. Les attaques de l’administration Trump à l’égard des alliés traditionnels des Etats-Unis, le rapprochement entre Washington et Moscou, ainsi que les incertitudes qui pèsent sur le futur de l’OTAN, ébranlent les paradigmes de la politique étrangère allemande.
Face à ces défis, Friedrich Merz a entrepris une réforme constitutionnelle du « frein à la dette ». Afin de renforcer les capacités de défense de l’Allemagne, toutes les dépenses de défense supérieures à 1% du PIB seront exonérées du « frein à la dette ». Par ailleurs, un fonds spécial de 500 milliards d’euros sur douze ans a été créé pour financer des projets essentiels dans les infrastructures, la numérisation et la protection du climat. Mais une telle volonté à s’endetter inquiète dans un pays connu pour son conservatisme budgétaire et sa peur de l’inflation.
Face à un monde de plus en plus incertain, quelles seront les ambitions de cette nouvelle « grande coalition » dans le domaine des affaires étrangères et de la défense ? Quels peuvent être les principaux clivages entre la CDU/CSU et le SPD ? Face au risque de retrait de l’engagement américain, Friedrich Merz peut-il relancer la coopération franco-allemande afin de renforcer la souveraineté européenne et de crédibiliser la rhétorique sur l’Europe puissance ?
Introduction par Paul Maurice, secrétaire général, Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa), Ifri. Intervenants : Sonja Kempin (SWP), Thomas Wieder (correspondant du Monde à Berlin), Jeanette Süss (chercheuse au CERFA).
« Croiser les regards : dialogue et histoire entre la France et l’Allemagne »
Mercredi 25 juin de 18h00 à 20h00, débat.
La France et l’Allemagne – une histoire faite de rencontres, de conflits et de coopération. Mais comment raconter cette histoire aujourd’hui ? Quelles nouvelles perspectives la recherche ouvre-t-elle sur les évolutions communes des deux pays ? Et quel rôle joue le dialogue scientifique dans la compréhension mutuelle ? L’Office franco-allemand pour la Jeunesse, l’Institut historique allemand et les Presses Universitaires du Septentrion vous invitent à une table ronde particulière. L’accent sera mis sur deux collections qui traitent de manière différente de l’histoire franco-allemande et des questions de société des deux pays.
La vie de l’AFDMA
La rencontre annuelle des Délégués régionaux
a eu lieu le 25 mars à 10h dans les locaux du BILD, rue de Laborde, Paris 8ème.
Elle a été l’occasion de faire le point sur les actions des Délégués régionaux, à l’exemple des remises de Prix et des Diplômes de l’AFDMA, de conférences ou de publications d’articles sur l’Allemagne, les relations franco-allemandes et l’Europe, de la participation active à des jumelages et à des échanges transfrontaliers, de la relance des échanges de jeunes en formation professionnelle…
L’intérêt et la nécessité d‘informer le Délégué à la Communication et la Presse locale et / ou régionale, en coopération avec lui, ont été soulignés.
Malgré toutes les recommandations ou décisions officielles, l’apprentissage de l’allemand est en baisse en France. Cette évolution est aggravée par la fermeture d’institutions de promotion, telles les Instituts Goethe. La situation à Toulouse a été particulièrement évoquée.
La réunion a été suivie d’un déjeuner au Cercle National des Armées.
L’assemblée générale annuelle
a eu lieu le 25 mars à 14h30 à l’Ambassade d’Allemagne, avenue Franklin Roosevelt, Paris 8ème.
Comme à l’accoutumée, un compte rendu sera adressé par le Secrétaire général de l’AFDMA à tous les adhérents.
Elle a été consacrée dans un 1er temps aux questions statutaires (rapport moral, rapport d’activité, rapport financier, rapport d’orientation…).En préambule, le Président a fait part de son analyse de la crise internationale, de la situation politique en Allemagne et du rôle prépondérant de l’AFDMA pour la faire mieux connaître en France. Il a aussi remercié l’Ambassade pour son hospitalité.
La parole a été ensuite donnée à Mme Brigitte Klinkert, membre de l’AFDMA, Députée et Questeure de l’Assemblée nationale, ainsi que co-présidente du Bureau de l’Assemblée franco-allemande parlementaire. Elle s’est félicitée de l’adoption par le Parlement du texte d’un accord transfrontalier sur la formation professionnelle. Elle souhaite que les pouvoirs de l’Assemblée franco-allemande, au fort impact symbolique, soient étendus. Suite aux élections dans les deux pays, elle est actuellement en recomposition.
Les travaux se sont poursuivis en présence de Mme Gudrun Lingner, 1ère Secrétaire et ministre plénipotentiaire, représentant M.Steinlein, Ambassadeur, empêché pour raisons de santé. Ils ont donné lieu à un échange sur l’importance et la nécessité d’un accroissement de la coopération franco-allemande et européenne dans un contexte international bouleversé et instable. Les 7 sommets sur l’Ukraine en 6 semaines en font ressortir l’urgence. Les changements politiques en Allemagne montrent que la conscience de l’urgence est partagée. De même la volonté de poursuivre et d’accentuer une coopération de nos deux pays au sein de l’Europe.
La réunion s’est terminée par une discussion informelle autour d’un verre de l’amitié.
Disparition
Nous avons appris récemment le décès dans sa 99ème année de notre Déléguée régionale en Normandie, Anne-Marie Denizot.
Une pionnière de la réconciliation et de l’amitié franco-allemande.
Témoin de la Libération, à l’âge de 16 ans, elle était restée cachée plus d’un mois dans les caves de l’Abbaye aux Hommes à Caen, pour échapper aux bombardements. Après la guerre, en lien avec un étudiant allemand originaire de Würzburg, elle eut l’idée d’un jumelage entre les deux villes. L’Association caennaise pour la connaissance de l’Allemagne, dont elle est à l’origine, a été créée en 1959. Elle en sera la présidente pendant plus de 50 ans. Le projet de jumelage se concrétisera dès le mois de mai 1962 par la signature d’un Pacte d’amitié.
Tout au long de sa vie, Anne-Marie Denizot a mis en place et animé de très nombreux échanges culturels entre Caen et Würzburg. Son engagement lui a valu de recevoir les insignes d’Officier de l’Ordre du Mérite allemand en 1990 et le Prix De Gaulle-Adenauer en 1999. Elle était aussi chevalier de la Légion d’Honneur et de l’Ordre national du Mérite.
Avec notre profonde reconnaissance, nos plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches.
APPEL / RAPPEL
La vie de l’AFDMA, ce sont aussi les cotisations de ses membres et de ses amis.
Merci de soutenir notre engagement !
Le montant a été fixé pour les membres à 35€, et à 25€ pour les amis en 2025, à adresser par chèque à notre trésorier, Olivier de Becdelièvre,
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Le site internet est régulièrement mis à jour avec des articles d’actualité, souvent rédigés par nos membres, sur l’Allemagne et les relations entre nos deux pays dans le contexte de l’Europe. Voir le « caroussel d’actualité » et « en direct du franco-allemand ».
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Pour mémoire : En plus du site internet «www.afdma.fr », nous disposons d’un outil de communication supplémentaire sous la forme d’une page « facebook », sous l’appellation « Association Française des Décorés du Mérite Allemand ».
Cette page est aussi régulièrement mise à jour et comprend des informations sur la coopération franco-allemande, sur l’Allemagne et sur l’Europe.