Prix Charlemagne à Aix-la-Chapelle : la réponse d’Angela Merkel.
De l’enthousiasme pour relancer l’Europe
Emmanuel Macron a reçu à Aix-la-Chapelle le Prix Charlemagne pour sa vision d’une nouvelle Europe. Angela Merkel a salué son enthousiasme mobilisateur et son Courage.
Le prestigieux Prix Charlemagne de la ville d’Aix-la-Chapelle a été décerné ce jeudi à Emmanuel Macron pour « sa vision d’une nouvelle Europe et la refondation du projet européen ».
Le président français décline depuis plusieurs mois des propositions pour l’Europe. Il est un « précurseur courageux du renouvellement du rêve européen », a loué la Société de remise du prix. « Son acharnement et son engagement européen, ses prises de position pour la cohésion et l’attitude commune ainsi que son combat décisif contre toute forme de nationalisme et d’isolationnisme sont exemplaires, déterminants et contagieux, dans le sens positif du terme pour sortir l’Europe de la crise. »
Un nouvel élan pour l’Europe
L’analyse est partagée par Angela Merkel. La chancelière avait fait le déplacement à Aix-la-Chapelle pour prononcer l’éloge du président français. Elle a loué son « enthousiasme », son « engagement » et son « courage » communicatifs qui « ne mobilisent pas seulement ceux qui s’engagent en faveur de l’Europe mais surtout qui parviennent à gagner les hésitants ».
« Tu es plein d’idées et tu as ravivé le débat politique sur l’Europe avec tes propositions », l’a-t-elle félicité. « De même que l’Europe mérite d’être célébrée, ceux qui ne se contentent pas de croire en elle mais qui lui donnent vie par leurs actes méritent d’être honorés ».
Selon elle, « est arrivé sur la scène européenne avec Emmanuel Macron un responsable politique jeune et dynamique pour qui l’intégration européenne et la monnaie unique vont de soi – mais qui pressent justement que cette évidence constitue elle-même le plus grand risque auquel l’intégration et le modèle européens sont exposés ».
« Nouveau départ »
« Emmanuel Macron sait que c’est à la génération actuelle de continuer à façonner l’Europe selon sa propre inspiration », a-t-elle dit. « La responsabilité historique [de cette génération] est de s’engager pour défendre, consolider et si nécessaire refonder la démocratie européenne, l’ordre de valeurs européen, le modèle social européen, la dignité de chaque être humain, bref tout ce qui constitue l’identité européenne ».
En écho aux discours du président français, la chancelière a réaffirmé que tout repli national conduisait à une impasse. « Ce qui nous unit en tant qu’Européens ne se réduit pas au marché commun ou à la monnaie commune », a-t-elle souligné. « L’Europe est le projet décisif de notre continent pour l’avenir ». Elle a besoin d’un « nouveau départ » et doit montrer que, dans un monde globalisé, elle n’est pas une partie du problème mais une partie de la solution.
La chancelière a souligné, en particulier, le besoin « vital » de développer une politique étrangère commune, encore trop embryonnaire. « On ne peut plus faire comme si les États-Unis allaient simplement nous venir en aide », a-t-elle rappelé, contestant comme M. Macron l’isolationnisme croissant et l’unilatéralisme des États-Unis. « L’Europe doit prendre son destin en main ».
Dans son discours de remerciement, le président Macron n’est pas revenu en détail sur ses propositions. Mais il a formulé les quatre commandements majeurs à ses yeux pour refonder l’Europe : « ne soyons pas faibles et ne subissons pas », « ne nous divisons pas », « n’ayons pas peur du monde dans lequel nous vivons » et « n’attendons pas. C’est maintenant ! ».
« Il nous faut construire un choix ambitieux en redonnant une vision et une vision à 30 ans à nos concitoyens qui permettra ensuite ces petits pas et ces progressions parce qu’eux, ils ont besoin d’un cap, parce que les nationalistes sont clairs, parce que les démagogues sont clairs, parce que les peurs sont claires », a-t-il exhorté. « Les volontaires de l’Europe doivent l’être tout autant avec force, avec ambition ! »
L’Allemagne et la France se concertent actuellement en vue de présenter des propositions communes sur l’avenir de l’Europe d’ici à la fin du mois de juin.