Un nouveau projet franco-allemand précurseur d’un projet européen.
Renforcer la souveraineté numérique est l’un des objectifs de la présidence allemande du Conseil de l’Union européenne (UE). Berlin mise, en particulier, sur GAIA-X, un projet franco-allemand visant à créer une sorte de « cloud » européen.
Qui dit « cloud » en 2020 pense à Google, à Microsoft, à Amazon ou à leurs équivalents asiatiques. Les géants américains et chinois du numérique dominent le marché des serveurs informatiques en ligne. Mais, à l’heure où la pandémie de Covid-19 accélère le recours aux technologies numériques (télétravail, enseignement et médecine à distance, etc.), les Européens prennent de plus en plus conscience de leur dépendance à l’égard de ces entreprises étrangères qui gèrent à leur guise les données de leurs utilisateurs.
Le renforcement de la « souveraineté numérique » est ainsi devenu le nouveau mantra sur le Vieux continent. C’est aussi l’un des grands objectifs de la présidence allemande du Conseil de l’Union européenne, qui s’achèvera le 31 décembre. Et pour cela, Berlin mise notamment sur un projet franco-allemand.
Projet franco-allemand
Baptisé GAIA-X, il a été lancé officiellement au début du mois de juin par Peter Altmaier et Bruno Le Maire, les ministres allemand et français de l’Economie. L’objectif n’est pas de créer une multinationale de la taille des géants américains. Il consiste plutôt à édifier une « infrastructure européenne des données en forme de réseau », c’est-à-dire une entité de gouvernance. Elle édictera de grands principes, par exemple pour la sécurité, l’interopérabilité ou la portabilité des données, sur la base des valeurs européennes.
Cette infrastructure doit être le « berceau d’un écosystème européen » ouvert. Les données y seront mises à disposition, rassemblées et partagées en toute sécurité et confiance. GAIA-X répondra aux exigences les plus élevées en matière de souveraineté numérique et aura aussi pour rôle de promouvoir l’innovation.
Une infrastructure de données sûre, indépendante, innovante
« L’objectif de GAIA-X est de créer une infrastructure de données sûre, souveraine et ouverte qui fasse émerger des dynamiques d’innovation », explicite la ministre adjointe allemande à la numérisation, Dorothee Bär. « Elle proposera à la fois une infrastructure et des applications ». Ce sera, pour les citoyens et les entreprises, un outil permettant une communication et des échanges de données sécurisés. GAIA-X « sera européenne, c’est clair », ajoute la ministre. « Mais elle n’en sera pas moins ouverte aux utilisateurs et aux opérateurs du monde entier, à la condition qu’ils respectent nos règles de gouvernance. »
A peine conçu, le projet a déjà commencé à franchir les étapes qui lui permettront de voir le jour concrètement. A la mi-septembre, ses 22 membres fondateurs (dont OVCloud, T-Systems, Atos, Amadeus, Orange, EDF, Safran, Siemens, etc.) ont signé les statuts qui lui donnent sa forme juridique, celle d’une association internationale sans but lucratif (AISBL). Ils ont annoncé un sommet à Bruxelles à la mi-novembre.
De leur côté, les ministres en charge du numérique dans les 27 Etats membres, réunis autour de M. Altmaier, ont signé jeudi 15 octobre une déclaration commune sur la coopération en vue de créer une fédération européenne du cloud. Une ambition dont GAIA-X sera la colonne vertébrale.
A.L.
Plus d’informations :
Brochure du ministère allemand de l’Economie : « Le projet GAIA-X » (en français)
Visioconférence des ministres européens autour du ministre allemand Peter Altmaier, jeudi 15 octobre 2020 (en allemand)
Les priorités de la présidence allemande du Conseil de l’Union européenne pour le numérique (en allemand)